Algérie - Centres et études

Les dames et la terre dans l’Afrique romaine région de milev



• De quelques propriétés • La Numidie
— La région de Cirta
— Lamasba
• Des femmes évergètes et fortunées
— Les flaminiques
— Les flaminiques de Thugga
— D’autres grandes dames
• Æmilia Pudentilla • Bibliographie Depuis une génération les études sur les femmes ont précisé leur rôle dans la société, divers aspects de leur vie privée, familiale ou intime, mais des domaines résistent encore à l’analyse, notamment leur place et leur action dans le domaine économique faute d’une documentation qui ne privilégie guère ce type d’information, en particulier dans les provinces africaines [1].
Des épitaphes indiquent une activité rémunérée comme celle de sage femme – ainsi, à Thagaste, Caelia Victoria fut qualifiée d’obstetrix rarissima –, de médecin ou de paedagoga [2]. Une Urbanilla a été la compagne et l’associée de son époux [3]. Mais, comme il est d’usage dans la société romaine, la plupart des qualificatifs figurant sur ces documents insistent sur les vertus traditionnelles, essentiellement domestiques, que les hommes attendaient de leurs épouses, sœurs et mères : ainsi Postumia Matronilla est-elle louée pour avoir été une laboriosa, efficaxs totius industriae matrona [4].
Mais cela ne renseigne guère sur leur fortune, que l’on doit supposer médiocre. Il faut recourir à d’autres sources, épigraphiques, archéologiques ou littéraires, pour tenter de définir les biens que des femmes issues de l’aristocratie sénatoriale, municipale ou d’un milieu plus modeste possédaient en Afrique et la manière dont elles les géraient. Avec des sources dispersées et fragmentaires, il ne pouvait donc s’agir ici que de proposer quelques remarques à propos des biens ou des fortunes des femmes en Afrique durant le Haut-Empire, sans prétendre dresser un tableau général ou envisager ici une quelconque particularité des provinces africaines par rapport aux autres provinces de l’empire.
De quelques propriétés L’épigraphie africaine fournit quelques indications directes permettant de savoir si une femme était propriétaire de domaines, ou indirectes dans la mesure où l’on peut supposer que la femme possédait des biens fonciers. Juridiquement, rien n’interdisait aux femmes de posséder des terres [5]. Mariées sine manu, c’est-à-dire en conservant leur lien d’agnation avec leur famille sans passer sous le contrôle de leur mari, elles héritaient des biens paternels au même titre que leurs frères.
La seule restriction importante, qui fut appliquée jusqu’à la fin de la République, résultait de la lex Voconia de 169 avant J.-C., qui limitait le droit pour les femmes riches à hériter. Cependant, cette loi fut tournée probablement dès l’époque d’Auguste, notamment grâce à l’utilisation de fideicommis. Il n’existait pas de communauté des biens entre les époux et la séparation des biens dans le couple reste stricte. Sous l’Empire, rien ne semblait réellement s’opposer à ce que les femmes jouissent d’une grande indépendance et des mêmes droits que leurs époux. Toutefois, la mère ne transmettait ses biens à ses enfants que si elle avait rédigé un testament en leur faveur.
Parmi les attestations de propriété, figure la borne séparant les domaines de Valeria Atticilla, vers Kelaa es-Senam, des terres des Musulames, tribu située dans une zone comprise entre Madaure et Théveste [6]. Ayant déjà fait l’objet de bornages au début du règne de Trajan en 100-101, les terres de la tribu sont délimitées de nouveau par le légat L. Minicius Natalis en 105 [7]. Le domaine de Valeria Atticilla semble plus ou moins imbriqué à l’intérieur de celles-ci. Une autre borne, située sur le territoire d’Utique, aurait séparé les horti d’une Flavia Faustiniana (?) de ceux de Sabinus Munianus [8]. Dans la région de l’oued Khaled, non loin d’Aïn Djemala, une très courte inscription indiquerait, selon la restitution proposée, les praedia d’une clarissima femina dont le nom commence par B [9].
La Numidie La région de CirtaPlusieurs femmes, souvent de rang sénatorial ou équestre, apparaissent dans la région de Cirta. À Aïn Mechira, entre Cirta et Diana Veteranorum, une inscription rappelle qu’Antonia Saturnina a fondé ou établi un vicus et des nundinae [10]. Elle était mariée à C. Arrius Pacatus, qui a financé la construction de thermes [11]. Les Antonini possédaient de vastes praedia dans la région de Kef Tazrout, voisins de ceux des Arrii et les deux familles ont été réunies à cette époque par un double mariage, bon exemple d’une stratégie familiale destinée au regroupement de vastes domaines.
Ami de L. Antistius Burrus, beau-frère de Commode, dont la famille possédait aussi de vastes domaines dans la région [12], C. Arrius Antoninus, parent de C. Arrius Pacatus et de l’empereur Antonin le Pieux, favorisé par Marc Aurèle obtint le consulat en 173. Il fut condamné par l’empereur en même temps que Burrus, probablement pendant l’hiver 189-190 [13]. Sa femme, Calpurnia Quadratilla, a été honorée à Thamugadi [14].
À Aïn-el-Tin entre Cirta et Milev, Caelia Maxima, clarissima femina, possédait de vastes praedia. Un texte mentionne la construction de tours par son esclave Numidius pour protéger le saltus d’un quelconque danger [15]. À El Aria, entre Cirta et Thibilis, une certaine Maritima est qualifiée de domina d’un domaine, le saltus Bagatensis, où elle institua des marchés conjointement avec son époux, M. Paccius Victor Rufinus. Les Paccii appartenaient à une famille de rang équestre de Thubursicu Numidarum où, probablement, un de leur fils, Fortunatus, âgé de 36 ans, désigné comme chevalier, a parcouru tous les honneurs [16]. Dans la même cité, mais non d’origine équestre, Q. Vetidius Iuvenalis se marie avec Gellia Honorata, fille de sa cousine germaine, peut-être pour mettre en commun leurs terres [17].



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