Algérie

Les choix du FFS



Le boycott des législatives du 17 mai est, à la fois, une bonne et une mauvaise chose pour le FFS. Le jugement du parti sur le scrutin est accablant : le grand absent des débats est le citoyen, le vote est une mise en scène et l?APN issue de ces élections une simple chambre d?enregistrement. Par son rejet, le parti s?ancre dans sa position originelle de défiance à l?égard du système politique, attitude qui rassure les militants et sympathisants et conforte la conviction partagée par beaucoup, en dehors du FFS, que la démocratie ne peut être au rendez-vous avec le régime actuel. Le parti gagne de la légitimité mais en même temps il paye le prix fort : la politique de la chaise vide c?est l?absence d?une voix, même étouffée dans un brouhaha de connivence et c?est s?enfoncer dans la traversée du désert. En comprenant cela, et très tôt, les islamistes ont réussi à s?assurer une présence dans les assemblées parlementaires et à jouer un rôle de trouble-fête lorsqu?ils n?arrivent pas carrément à peser sur les lois. Erigé en stratégie, l?entrisme leur a permis d?obtenir des portefeuilles ministériels et d?accéder aux médias publics et à tous les forums publics. Il fut un temps où le FFS a expérimenté cette position, mais en vain. L?hostilité des régimes politiques a été plus forte envers ce parti, dérangeant par son potentiel démocratique et par son chef historique Aït Ahmed, qu?à l?égard des islamistes chez qui ont été trouvés des affinités doctrinales. Le FFS n?exclut pas aujourd?hui d?être présent aux locales de l?automne prochain. Il est soupçonné de privilégier ce vote seul à même de lui assurer une implantation élue, spécialement en Kabylie et de fuir des législatives qu?il ne peut prendre en charge du fait de son déficit en cadres de dimension régionale et nationale : des départs de militants, de première heure, de grande qualité intellectuelle, souvent les deux, ont saigné le parti. La dernière vague de partants et d?exclus a créé une des plus graves crises internes que le parti ait vécues depuis 1963. Les contestataires qui ont mis en avant des « attitudes staliniennes » des dirigeants actuels n?ont pas trouvé chez Aït Ahmed, préservé de leurs attaques, le soutien qu?ils espéraient. Y compris chez de vieux compagnons ou des militants au parcours sans reproche, le leader historique n?a pas toléré l?indiscipline à l?encontre de l?appareil qu?il a mis en place et des dirigeants qu?il a choisis. C?est sa culture politique, bâtie en partie sur la hantise du complot. Celle-ci a longtemps préservé le FFS des attaques externes et des manipulations mais avec le temps elle a fini par le fermer aux vents salutaires du changement.



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