Algérie - A la une


Les chemins inutiles
Ce qui vient de se passer ces dernières 72 heures à Constantine reflète insidieusement l'image de déliquescence d'un pays gouverné à vue. Fatalité ou destin, le livre de ces morts devait se refermer ce jour, mais au-delà de ces considérations, il est impératif de retenir les leçons d'une bonne gouvernance transparente et responsable. La pluie est devenue, au fil des années, le pire ennemi des irréductibles de l'incompétence et de la corruption, dévoilant les malfaçons, les défauts de construction, les marchés de complaisance et les entreprises amies déficientes. Des gestionnaires responsables de dilapidation de deniers publics, de passation de marchés douteux, de complaisance avec des entreprises défaillantes et parfois de la mort de citoyens qui, malheureusement, échappent à toute comptabilité.Combien de routes goudronnées la veille n'ont pas été décapées par la première pluie de saison, combien de nouvelles structures n'ont pas été lézardées au bout d'un ou deux ans de service sans que l'Etat ne trouve à redire. Des incongruités passées sous silence parce qu'un responsable local a donné le projet à un ami ou moyennant enveloppe. La pluie dévoile au grand jour des projets suspects, passés de gré à gré ou même par des avis d'appels d'offres bidon, accentuant la colère citoyenne devant ce gaspillage de l'argent public. Leur argent. Il n'y a qu'à faire un tour dans les villages et villes de l'Algérie profonde pour se rendre compte de l'étendue du massacre principalement dans le domaine des travaux publics.La responsabilité incombe en premier lieu aux gestionnaires locaux, mais pas que puisqu'en amont le contrôle ne se fait pas. Ou si, mais seulement pour donner sa bénédiction à un projet bricolé. Des outils de contrôle inopérants, inefficaces, complices ou obsolètes qui contribuent grandement à ces délits de gestion. Peut-on reprocher à certains maires ces pratiques qui décrédibilisent un peu plus l'administration ' Certainement, même si la Centrale donne un mauvais exemple dans la gestion des grands projets.L'autoroute Est-Ouest reste un parfait cas d'école d'une incompétence jamais égalée dans la conduite du projet dit pompeusement celui du siècle. Le résultat, tout le monde le connaît, il suffit de la sillonner pour se rendre compte qu'on a hérité du kilomètre le plus cher au monde et le plus médiocre. Une autoroute rapiécée délivrée avec le consentement des services de contrôle étatiques. On a parlé d'incompétence des premiers responsables du secteur, de corruption et on a même instruit un procès. On n'est pas loin de dire que tout le monde est responsable ou complice et le premier à payer la facture reste le même : l'éternel « zawali » qui emprunte tous les jours les chemins inutiles et crevassées de l'Algérie des pauvres.


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