Les chaînes montagneuses en Algérie portant des noms de tribus hilaliennes

Les tribus hilaliennes, originaires de la péninsule arabique, ont migré vers le Maghreb sous l’impulsion des Fatimides, puis des Zirides, pour des raisons à la fois politiques et économiques. Leur installation dans le Maghreb central a transformé le paysage culturel et linguistique, en particulier dans les régions montagneuses et les hauts plateaux. Ces zones, souvent difficiles d’accès, ont été nommées d’après les tribus ou leurs chefs, reflétant leur influence durable.

Principales chaînes montagneuses

1. Monts des Amour (Jbal Amour)

• Origine du nom : Nommés d’après la tribu des Amour, issue d’Amr ibn Abd al-Manaf ibn Hilal, une des grandes tribus hilaliennes.
• Localisation et étendue : Cette chaîne s’étend sur environ 130 km, de la wilaya de Naâma (sud-ouest) jusqu’aux wilayas d’El Bayadh, Laghouat et au sud de Tiaret.
• Caractéristiques : Les monts des Amour font partie du système de l’Atlas saharien. Ils sont parmi les plus longs massifs montagneux d’Algérie, jouant un rôle clé dans l’histoire des tribus nomades de la région. Leur relief accidenté a offert un refuge naturel aux populations locales.

2. Monts des Ouled Naïl

• Origine du nom : Baptisés d’après la tribu des Ouled Naïl, descendant de Naïl ibn Fargh ibn Hamis ibn Urwa ibn Zughba ibn Abi Rabi’a ibn Nahik ibn Hilal.
• Localisation et étendue : Cette chaîne couvre environ 90 km, reliant les wilayas de Djelfa, M’Sila et Biskra.
• Caractéristiques : Situés dans les hauts plateaux, les monts des Ouled Naïl sont caractérisés par un paysage semi-aride, propice à l’élevage et à la transhumance, activités traditionnelles de la tribu éponyme.

3. Monts des Sahari

• Origine du nom : Nommés d’après la tribu des Sahari, issue de Sahar ibn al-Nadr ibn Urwa ibn Zughba ibn Abi Rabi’a ibn Nahik ibn Hilal.
• Localisation et étendue : S’étendant sur environ 70 km, de la wilaya de Médéa (sud) à celle de Djelfa.
• Caractéristiques : Ces monts, intégrés à l’Atlas tellien, sont marqués par des reliefs escarpés. Ils témoignent de l’installation des tribus hilaliennes dans les régions centrales de l’Algérie.

4. Djebel Aïad

• Origine du nom : Nommé d’après Aïad ibn Musharraf ibn Athbaj ibn Abi Rabi’a ibn Nahik ibn Hilal.
• Localisation et étendue : Ce massif s’étend sur environ 60 km, entre les wilayas de M’Sila et Bordj Bou Arréridj.
• Caractéristiques : Faisant partie de l’Atlas tellien, le djebel Aïad est connu pour sa richesse historique et son rôle dans la structuration des territoires tribaux.

5. Djebel Khechna

• Origine du nom : Attribué à Khashin ibn Yazid ibn Abs ibn Zughba ibn Abi Rabi’a ibn Nahik ibn Hilal.
• Localisation et étendue : Ce massif couvre environ 50 km, allant des hauteurs d’Alger à l’est de Boumerdès et certaines zones de Bouira.
• Caractéristiques : Situé dans l’Atlas blidéen, ce djebel se distingue par sa proximité avec la côte méditerranéenne et ses paysages verdoyants, contrastant avec les zones plus arides du sud.

Autres massifs notables

Outre les chaînes principales, d’autres montagnes algériennes portent des noms liés à des figures ou tribus hilaliennes, reflétant leur empreinte culturelle :

1. Djebel Menouar

• Origine du nom : Nommé d’après une figure historique nommée Menouar.
• Localisation : Situé entre les wilayas de Mascara et Relizane, à l’ouest de l’Algérie.
• Caractéristiques : Ce massif, partie de l’Atlas tellien, est un symbole du patrimoine local dans la région ouest.

2. Djebel Thamer

• Origine du nom : Nommé d’après Thamer ibn Ali ibn Tammam, chef de la tribu Riah, une branche des Hilaliens.
• Localisation : Situé dans la wilaya de M’Sila, au centre de l’Algérie.
• Caractéristiques : Ce djebel est un témoignage de l’influence des Riah dans les régions centrales, où ils ont marqué l’histoire par leur organisation tribale.

3. Monts des Beni Chougrane

• Origine du nom : Nommés d’après Chougra ibn Shafi’ des Beni Amir, une tribu hilalienne.
• Localisation : Situés dans la wilaya de Mascara, à l’ouest de l’Algérie.
• Caractéristiques : Ces monts, également dans l’Atlas tellien, sont associés à l’histoire des Beni Amir, connus pour leur rôle dans la région occidentale.

Conclusion

Les chaînes montagneuses algériennes portant des noms de tribus hilaliennes sont bien plus que des reliefs géographiques : elles sont des témoins vivants de l’histoire, de la culture et de l’identité du Maghreb central. De l’imposante chaîne des Amour aux monts des Beni Chougrane, ces massifs incarnent l’héritage des migrations hilaliennes et leur rôle dans la formation d’une Algérie plurielle, mêlant influences arabes et amazighes. Ils continuent de fasciner par leur beauté naturelle et leur richesse historique.