Algérie

Les candidats à l?épreuve des banlieues




Cette fois, c?est décidé. Les Maghrébins de France iront voter en masse. C?est ce qui ressort de nombreux sondages d?opinions qui indiquent que ces laissés-pour-compte pendant des années par les politiques veulent dire leur mot lors des prochaines élections présidentielle et législatives. Nadia, militante dans l?association AC le feu, veut croire désormais que la voix de la banlieue sera entendue. « Je pense que les candidats ne peuvent plus se contenter de vagues promesses et se détourner des banlieues une fois les élections passées. Ce qui s?est passé en novembre 2005 n?est qu?une petite démonstration d?un ras-le-bol généralisé et l?expression d?une jeunesse désespérée. D?autres viendront. » Nadia, qui active depuis des années dans les réseaux associatifs, a vu d?un bon ?il la visite de Ségolène Royal à Clichy-sous-Bois, où les deux jeunes, à l?origine des émeutes de 2005, ont été tués. « Même si nous savons que le changement prendra beaucoup de temps, l?essentiel est que Mme Royal ait vu où nous vivons, ce que nous faisons entre les murs de nos immeubles et pourquoi nous ne cessons pas de tirer la sonnette d?alarme quant à la vie dans les cités. » Mère célibataire avec un enfant à charge, la jeune Française d?origine marocaine veut se battre pour ses droits. Elle estime que le système de l?assistanat est justement fait pour empêcher les jeunes des cités de rester à l?écart de la vie économique et politique française. « Mais les choses ne se passeront pas de la sorte, avertit-elle. Nous ne pouvons pas nous contenter des quelques euros que nous versent l?ANPE et les Assedic. Nous sommes décidés à voter, à négocier nos voix, mais surtout à continuer à lutter car nous sommes Français et nous n?avons pas de pays de rechange. » La complainte banlieusarde est-elle entendue par les candidats à la présidentielle ? Oui, si l?on estime les déclarations des uns et des autres. Pour Mme Royal, il est urgent de redynamiser le tissu associatif, de recréer des emplois de proximité et de lutter efficacement contre la discrimination et l?enfermement dont sont victimes les jeunes des banlieues. Idem pour M. Sarkozy qui a annoncé que s?il était élu, il mettrait en place un plan Marshall pour les zones défavorisées et que tous les jeunes auront droit à une formation qualifiante. Une vieille musique, selon Arezki, un jeune vivant à Bobigny en Seine-Saint-Denis. Etudiant en médecine à l?hôpital Avicenne de la Coureneuve, il pense que les promesses des candidats ne sont que des paroles qui n?engagent que ceux qui les prennent au sérieux. « Cela fait des années qu?on nous chante la même chanson, celle de l?intégration, de l?aide aux zones sensibles, mais rien n?a été fait. La preuve d?ailleurs, c?est que les choses empirent jour après jour. » Arezki, qui rêve de partir ailleurs, à Londres, par exemple, ou en Australie, ne croît plus à rien. « Ils ont inventé toutes sortes de contrat de travail avec des noms bizarres (CES, CLS, CNE?) mais rien n?a été fait. Le chômage et le mal de vivre continuent toujours d?être le lot des cités et de ceux qui y vivent. » Depuis le début non officiel de la course à la présidentielle, de nombreux conseillers d?origine maghrébine ont rejoint les équipes de campagne des candidats en lice avec comme objectif d?ouvrir les portes des banlieues aux candidats. Mais malgré les efforts des uns et des autres, le problème de la discrimination subsiste. La preuve a été donnée avant-hier par le Centre d?analyse stratégique (CAS) qui a organisé des recrutements par le biais du testing. Les résultats sont à la hauteur des efforts à fournir. Si « François Martin » trouve du travail après l?envoi de 6 CV, « Mohamed Belkacem », lui, a besoin d?en envoyer 21. Et encore, le rapport concerne uniquement les emplois de restauration et de comptabilité. Qu?en serait-il alors des autres branches comme la médecine, le marketing ou les médias ?
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