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Les calculs de l'Europe



Les calculs de l'Europe
Un combat contre le terrorismeLe climat de plus en plus lourd, depuis que le jeu des veto au Conseil de sécurité de l'Onu est devenu épisodique, s'est caractérisé par ce que le président Vladimir Poutine a qualifié d' «hystérie anti-russe».Marquée par plusieurs tentatives d'isoler la Russie et de la contraindre à un repli tactique en usant de griefs tels que les «crimes de guerre» et les «crimes contre l'humanité», la tension entre Moscou et les pays occidentaux est au plus haut, surtout que le maître du Kremlin qui a annulé sa visite à Paris la semaine dernière a affirmé que ceux qui «cherchent à isoler son pays n'y parviendront guère».Vladimir Poutine devait inaugurer un nouveau centre russe dans la capitale française, mais François Hollande voulait saisir cette opportunité pour un tête-à-tête au cours duquel il aurait souhaité formuler ses «exigences» sur un cessez-le-feu à Alep. C'était mal connaître son vis-à-vis ou trop présumer de son poids sur léchiquier international. Poutine a balayé d'un simple revers de la main la «rhétorique politique» occidentale, pointant les responsabilités des puissances de la coalition internationale dans tout ce qui se passe au Moyen-Orient. Quant à l'autre registre, force est de reconnaître que la politique de la France qui a entraîné dans son sillage l'Allemagne et l'Italie n'a eu d'autre résultat que de porter atteinte au rapport, longtemps constructif, avec la Russie. Le conflit syrien est devenu si complexe et les négociations répétées pour un cessez-le-feu si aléatoires que les rapports «complices» entre Sergueï Lavrov et John Kerry en ont subi un effet prévisible autant que durable. Le climat de plus en plus lourd, depuis que le jeu des veto au Conseil de sécurité est devenu épisodique, s'est caractérisé par ce que le président Poutine a qualifié d' «hystérie anti-russe», envenimant davantage une situation qui avait déjà atteint le stade du pourrissement.Quoi d'étonnant, dés lors, que les bombardements aient repris hier à Alep, après plusieurs trêves élastiques, la dernière prononcée unilatéralement par le tandem russo-syrien, dans le but de permettre l'évacuation des blessés et l'accès de l'aide humanitaire aux zones rebelles. L'autre objectif, celui de voir les éléments terroristes d'Al Nosra et des autres factions islamistes radicales emprunter les couloirs de sortie pour que prennent fin les combats meurtriers, demeurait très utopique, sachant quelles sont les visées de tous ceux qui alimentent le conflit en Syrie.En une seule journée, c'est un déluge de roquettes et d'obus qui s'est abattu, des heures durant, sur les deux zones d'Alep, l'ouest contrôlé par le gouvernement et l'est aux mains des «rebelles», largement dominés par les factions terroristes. Et les deux camps ont profité de la courte accalmie apportée par les trêves pour renforcer leurs effectifs militaires, ce qui augure d'une recrudescence des combats. Voilà déjà trois mois que l'armée syrienne a lancé son offensive pour déloger les rebelles d'Alep, et un mois tout juste depuis que l'aviation russe est venue prêter main forte à l'aviation syrienne pour contraindre la résistance de ces forces pour la survie desquelles les puissances occidentales auront usé de tous les moyens, diplomatiques et autres. Ce n'est pas un hasard si les huit couloirs mis en place par les forces syriennes et russes sont demeurés pratiquement déserts, le mot d'ordre de la rébellion et des factions terroristes interdisant à la population des quartiers Est d'Alep toute envie de les emprunter.Au cas contraire, c'était perdre la carte, agitée depuis des semaines, sur les «crimes de guerre», notamment! Sergueï Lavrov a lui-même dénoncé cette situation, arguant que les rebelles «avaient recours aux menaces, au chantage et à la force» pour empêcher la sortie des habitants. La surenchère dans la mise en cause de l'armée syrienne, accusée rétrospectivement d'user d'armes chimiques, n'est pas la meilleure démarche pour relancer des négociations sérieuses, à même de conduire à une véritable solution.Dés le début du conflit, on a vu les arrière-pensées de certaines capitales occidentales hypothéquer la donne, avec la ridicule exigence du retrait du président Bachar al Assad, comme s'il leur appartenait de droit divin de décider à la place du peuple syrien, incapable de faire son propre choix! En 2016, ceux-là qui ressassaient cette «condition non négociable» en ont fait leur deuil et s'emploient désormais à aiguiser des arguments tout aussi spécieux. L'Allemagne et l'Italie, en emboîtant le pas à la diplomatie française et en surenchérissant sur la politique américaine, pourtant peu suspecte d'angélisme sur le dossier du Moyen-Orient, ont fait perdre à l'Europe toute crédibilité en tant qu'acteur du dialogue ou partenaire objectif dans les négociations.De surcroît, l'animosité anti- Poutine suscitée par le dossier ukrainien a lourdement pesé dans le gestuel de la vieille Europe qui a sacrifié son capital auprès de la Russie sans rien gagner au change, ni au Moyen-Orient, ni en Asie où la Turquie, lassée de courir depuis trente ans derrière une hypothétique adhésion à l'UE, voudrait sceller au plus vite une alliance fructueuse avec le Kremlin.Ainsi, se dessine lentement mais sûrement une nouvelle géopolitique du Moyen-Orient, peut-être différente de ce qu'espéraient les apprentis sorciers du GMO, à travers laquelle on perçoit que les calculs des plus brillants stratèges ont beau fonctionner un moment mais qu'ils finissent toujours par se heurter à leur point de boomerang.


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