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Les baliseurs du désert



Les baliseurs du désert
«Le plus difficile, dans le désert, c'est de trouver la sortie.» Philippe AlexandreIl y a des solutions qui durent et d'autres qui sont simplement provisoires. Quand on a essayé plusieurs fois un remède qui ne prend pas, on l'abandonne et on essaie un autre. Ainsi, dans l'histoire des pays développés, on a pu observer les guerres incessantes qui ont opposé des nations voisines. Des conflits qui ont perduré des siècles et qui ont causé des dégâts considérables et d'irréparables pertes humaines, des différends qui ont retardé (ou fait avancer) l'humanité. Et c'est souvent pour des prétextes futiles: une borne frontalière, un territoire litigieux, un héritage commun, une zone d'influence, un régime à placer ou à défendre... Bref, après avoir guerroyé des siècles durant, occupant des territoires qu'ils ont dû quitter par la suite, opérant ainsi un incessant brassage des populations, les dirigeants politiques de ces pays du Nord se sont un jour assis autour d'une même grande table, d'abord à deux, puis à trois, puis à six et enfin à vingt-cinq, et après avoir éclusé quelques chopes de bière et levé un verre à la mémoire des trépassés de toutes les guerres inutiles, on a décidé d'enterrer la hache de guerre et de fumer le calumet de la paix. Evidemment, ils ne se sont pas contentés de ces apéritifs et de claques dans le dos pour sceller l'amitié retrouvée, non, ils ont décidé d'offrir à leurs peuples de nouvelles perspectives économiques.Ils ont commencé par créer des institutions pour gérer les grandes ressources du moment, le charbon et l'acier par exemple. Ils ont créé un organisme pour gérer l'énergie du futur, l'atome. Ils ont créé tout au long des frontières qui jadis étaient des points chauds de friction, des pools économiques qui attirent les travailleurs frontaliers. Ils ont supprimé les tarifs et les tracasseries douanières, assoupli les formalités de voyage, supprimé le passeport, ont adopté les mêmes lois pour leur agriculture. Ils sont allés encore plus loin: ils ont adopté une monnaie unique, créé un Parlement commun et sont toujours à la recherche de moyens nouveaux pour renforcer leur union. Evidemment, parallèlement, cela ne les a pas empêchés de promouvoir leurs cultures diverses et de stimuler les talents créateurs de leurs artistes en leur permettant de s'exprimer dans diverses manifestations grandioses ou discrètes: le cinéma, la télévision, la chanson, le sport, autant de domaines où les différences peuvent frotter et aiguiser leur génie et leur inspiration.Mais il faut remarquer qu'ils ont commencé par le volet économique en permettant aux différents intervenants d'opérer librement dans l'espace géographique défini par l'Union. Le capital et la force de travail étaient devenus communs. A présent, ils peuvent intervenir en groupe dans la déstabilisation des régimes qui ne leur plaisent pas et ne se privent pas de ce plaisir. Ils franchiront une nouvelle étape quand ils s'affranchiront de la tutelle américaine.Les nations dites arabes ne sont pas encore arrivées à ce stade et ne sont pas près de l'être. Il y a longtemps que Houari Boumediene l'avait compris lui, quand, après avoir organisé le premier Festival panafricain, avait lancé l'immense chantier de la Transsaharienne, la route de l'Unité africaine comme il le disait, pour créer les premiers éléments d'une unité qui paraissait utopique, dans un continent où le tribalisme et les interventions des puissances développées sapent tous les jours les meilleures volontés. Le vieux rêve de N'krumah est dur à réaliser.Au sein du Monde arabe, c'est encore plus dur: Boumediene savait à quoi s'en tenir: tournant le dos à la méthode El Gueddafi qui cherchait à se marier avec tous ses voisins, il avait posé les premières pierres de petites unités économiques à l'Est, comme à l'Ouest afin de faire taire les revendications stériles des frontières. Il avait même offert avec humour, à Bourguiba, de devenir le président des Algériens.Mais le sage fondateur du Néo-Destour refusa prudemment. Il ne parla plus de litige frontalier. La réactivation de vieux projets comme l'Unité africaine ou l'Union méditerranéenne ne peut se faire sans un processus d'intégration économique progressif.Quant à essayer de ressusciter la défunte Ligue arabe au moment où un déluge de bombes tombe sur Ghaza, revient à faire tourner les tables.


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