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Les bains maures à Alger



Les bains maures à Alger
Phénomène de mode, la plupart des nouvelles constructions sont dotées à la fois de bain maure et de spa.Certains propriétaires en font d'ailleurs un juteux commerce en proposant des prestations à des prix parfois faramineux. Petite balade à travers les arcanes d'un bain maure situé en plein centre-ville.Il n'est pas loin de 13h quand nous décidons d'aller à notre bain habituel, mais par manque de chance un écriteau sur la porte mentionne que c'est la période de congé. Nous décidons, tout de même, de maintenir notre plan de sortie, en allant dans un autre bain. Il faut dire qu'en ce mois d'août, la plupart des propriétaires de hammam ont préféré fermer leurs enseignes pour quelques jours de repos bien mérité.Après deux autres tentatives infructueuses, nous arrivons enfin à trouver un bain maure ouvert grâce à un sympathique jeune sur sa Vespa.Tout sourire, ce dernier nous escorte vers la bonne adresse, en l'occurrence vers le bain maure de son quartier. Après avoir emprunté de petites marches sans rampe, nous nous engageons dans une allée où sont juxtaposées d'anciennes bâtisses, datant du début du siècle. Au fond de l'impasse, se dresse une nouvelle construction à trois étages.Une pancarte pendillant au niveau de la porte annonce l'activité du commerce. Nous ouvrons la porte d'entrée. Nous escaladons trois petites marches en marbre et voilà que nous accédons à l'intérieur, dans la «squifa».La patronne, une belle sexagénaire aux cheveux longs nous accueille tout sourire en nous souhaitant la bienvenue. Le lieu fourmille de monde.C'est dire que certains habitués tiennent au rituel du bain, et ce, en dépit d'un thermomètre qui frise, à l'extérieur, les 40°. L'espace de la grande salle d'accueil est bien compartimenté.Deux longues et larges estrades parallèles en dalle de sol servent de reposoir. Des matelas en mousse recouverts d'une tapisserie sont posés à même le sol pour le repos de tout visiteur.Ceux qui ont des appréhensions quant à la propreté des matelas, des chaises en plastique leur sont proposées.Au bas de l'estrade, à même le sol, des niches spacieuses sont creusées afin de déposer les chaussures de rue. Juste au-dessus de la tête, des casiers avec des clés sont proposés aux clientes en échange d'un bracelet à la caisse.Sur l'allée menant aux deux estrades, un jeu de quatre tables hautes avec des chaises métalliques sont bien agencées. Ce mobilier sert en fait à mieux déguster sa commande. Car il est aisé de commander un panini avec une boisson gazeuse ou encore fruitée.Le service est des plus rapides. La patronne s'occupe non seulement de la caisse, mais également de la machine à panini - posée sur le comptoir - qu'elle actionne en deux temps trois mouvements. Une trentenaire semble faire le commerce de bijoux en pacotille. Elle occupe une table sur laquelle sont posés des boucles d'oreilles, des bracelets ainsi que des parures en plaqué or. Elle tente d'écouler sa marchandise avec un sourire qui ne la quitte jamais.Elle avertit l'assistance, cependant, que des facilités de paiement sont proposées aux habitués du bain.Des ristournes sont même proposées. Point de «nadra» dans ce lieu. La nadra est une femme qui a la charge entre autres de s'occuper des affaires des clientes, de déshabiller les enfants et de passer la coloration sur les cheveux de certaines femmes.Ce bain maure, ouvert de 9h jusqu'à 16h pour les femmes, et tard le soir pour les hommes, propose plusieurs options, à savoir le bain traditionnel à 200 da la place avec des extras.En effet, celles qui préfèrent se relaxer optent pour le jacuzzi ou encore pour le sauna, mais avant elles doivent débourser 200 da de plus pour chaque prestation.La grande salle chaude ou «bit el skhouna» est attenante à la salle d'entrée, mais pour y accéder il faut descendre quelques marches. La grande salle est constituée de murs en plaques en marbre, de petits bassins décorés et de carrelages colorés, qu'on appelle «zelaïdj».La température, nous dit-on, n'excède pas les 60% avec une humidité plafonnée. Le sol est préchauffé par des fourneaux souterrains. Les bassins sont munis de deux robinets. L'un pour l'eau chaude, le second pour l'eau froide.Des niches creusées au-dessus des robinets permettent, entre autres, d'aligner ses flacons de shampooing, de gel douche et autres. Au centre, on retrouve «la wasta», une grande dalle en béton remplie d'eau chaude.Des femmes sont confortablement assises depuis un certain moment déjà. Pendant qu'elles papotent avec l'une de leurs proches ou avec une anonyme du moment, la peau respire en se débarrassant de ses impuretés.C'est là qu'intervient «el tayeba» pour une séance de décrassage avec l'incontournable «kassa» (gant en crin) et de massage. Les gestes de cette dame sont mécaniques et rapides à la fois.Elle triture, malaxe et étire d'une façon efficace le corps de ses clientes à un prix qui oscille entre 200 et 600 da. Une troisième pièce moins chaude est mise à la disposition des intéressées pour un éventuel massage, pour se faire teindre les cheveux, ou encore se frotter les gencives avec du siwak (écorce de noyer).Le rituel du bain maure se termine par une longue halte dans la salle d'accueil pour enfiler son linge et surtout avaler l'incontournable boisson gazeuse rafraîchissante.





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