Les avocats d'Oran font don de leur sang

Dans un élan de bienfaisance et d'humanité, les avocats du barreau d'Oran affluaient, hier, dès les premières heures de la matinée, sur la place publique jouxtant le tribunal d'Es-Sénia. Les robes noires ont répondu, massivement et spontanément, à l'appel au don de sang, lancé par leur conseil de l'Ordre à l'occasion de la Journée nationale de l'avocat. Soit « la meilleure manière - du moins la plus symbolique - de commémorer le 51e anniversaire de l'assassinat de Maître Ali Boumendjel, qui donna sa voix et son sang pour l'Algérie », estiment les avocats du barreau d'Oran. Dans un climat de convivialité, de confraternité et, surtout, de fierté de porter l'emblème de la défense, les avocats ont rendu un vibrant hommage à Maître Ali Boumendjel, cet avocat fervent militant du FLN, qui fut exécuté (défenestré, selon certaines versions historiques) le 23 mars 1957 après avoir subi les plus horribles et odieux sévices dans les geôles du tortionnaire Aussaress 43 jours durant. Les avocats d'Oran n'ont pas prononcé hier de discours et autres plaidoiries émouvants sur comment se portent l'avocat algérien et la défense dans l'Algérie indépendante, un demi-siècle après Ali Boumendjel. Ils n'ont pas, non plus, prononcé des conférences dans des salles d'audience ou des amphithéâtres sur la biographie de Ali Boumendjel et des récits historiques faisant l'éloge du parcours révolutionnaire de Ali Boumendjel, qui se passe de toute présentation, de toute glorification. Ils n'ont pas d'ailleurs du tout parlé, ils ont fait. Ils ont donné un peu de leur sang pour sauver des vies. Le meilleur hommage, le respect d'estime le plus sincère, qui puissent être rendus à Maître Ali Boumendjel par ses avocats successeurs, ce sont indéniablement le respect de l'éthique et de la déontologie de la profession d'avocat et l'amour de ce noble métier. Selon le médecin en chef de l'unité itinérante du Centre de transfusion sanguine (CTS) du CHU d'Oran, Mme Benkoula, « nous avons enregistré un engouement assez important de la part des donneurs. Il y avait des avocats de tous les âges, des deux sexes, mais aussi des magistrats et des greffiers. C'est une bonne collecte ». Au sortir de la «clino-mobile» de la transfusion sanguine, qui stationnait sur la place, Maître Belhadri Lahouari, membre du conseil d'Ordre, nous a déclaré que «cette action humanitaire vise, entre autres, à promouvoir l'image de l'avocat à l'égard de la société civile, où celui-ci est de plus en plus présent. L'avocat ne doit plus être vu comme n'étant que cet homme qui met la robe noire en entrant dans le prétoire et l'enlève quand il en sort. L'avocat a d'autres tâches extra-judiciaires à accomplir dans la société ».