Les aveux de Tounsi

Les services de police revoient l'encadrement de leurs effectifs et repensent leurs stratégies d'intervention en matière de lutte antiterroriste en prévision de nouveaux attentats dans le pays.  Le message de Ali Tounsi à ses équipes est on ne peut plus clair pour ce qui est de sa prévision de nouveaux attentats terroristes contre l'Algérie. « Je vous demande d'être vigilants, très vigilants mais surtout à la hauteur de votre tâche », sur fond « d'une mobilisation générale et constante », a souligné le Directeur général de la police à l'adresse des hauts officiers et des cadres supérieurs de ce corps de sécurité, qu'il a réuni à l'occasion de l'Aïd El-Adha au niveau du 8ème groupement des Unités républicaines de sécurité à Kouba. Au-delà de l'appel pressant à la vigilance que lance Tounsi à ses services, il semble leur faire savoir qu'ils ont failli à leurs obligations relatives à la protection des personnes et des biens. Il souligne à cet effet que « les manquements » et « l'incapacité de certains à gérer les crises et les situations extrêmes dans la conjoncture actuelle » sur lesquels il affirme implicitement avoir « fermé les yeux » ne seront plus tolérés. « Il n'est plus question de fermer les yeux (...) Je serais intransigeant avec ceux qui auront failli à cette règle », dit-il, au point d'ailleurs de prévenir les auteurs des défaillances de leur remplacement incessant. « Attendez-vous à de nouvelles dispositions mais également à un grand mouvement au sein des rangs de la Sûreté nationale au cours des prochaines semaines », a-t-il affirmé. Le patron de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) n'a pas été avare de mots encore moins de reproches à l'égard des membres de la police. Ce remaniement au sein du corps de la Sûreté nationale et ce redéploiement de ses « troupes » seront entrepris sur la base de l'application d'un nouveau système d'évaluation de leurs aptitudes tant morales que physiques. Recruté dans le tas durant de longues années y compris durant les années 90, les agents de police devenus aujourd'hui certainement « responsables » seront donc soumis à un test de performance morale et physique. Tounsi vient de se rendre compte que « le laxisme peut coûter la vie à des citoyens (...) ». En proie depuis le début des années 90 à des actes terroristes de divers calibres y compris de kamikazes - pour ceux qui ont oublié l'attentat du commissariat central du boulevard Amirouche - l'Algérie aurait dû être depuis rompue à la lutte antiterroriste. Ceci ne semble pas être le cas quand le premier responsable de la police reconnaît aujourd'hui que ses éléments ont manqué de vigilance, de compétence, d'adresse morale et physique, de mobilisation et de constance.   INQUIETUDES