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Les artisans de Kabylie continuent de souffrir des mêmes problèmes


Les artisans de Kabylie continuent de souffrir des mêmes problèmes
Malik BoumatiPendant de longues années, les artisans ont exprimé leur désarroi devant la situation de leur activité. La rareté et la cherté de la matière première, lestaxes et impôts et d'autres aléas font de l'artisanat un secteur qui risque de laisser des plumes. Les artisans (bijoutiers, potiers, tisserands...) n'ont pas cessé de tirer la sonnette d'alarme sur leur situation, et les mesures prises par les pouvoirs publics, il y a quelques années, se sont révélées insuffisantes, voire dérisoires, devant la détérioration de l'activitéartisanale. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, ces mesures avaient pourtant été bien accueillies par les artisans, notamment les bijoutiers d'Ath Yenni, village desmontages de Kabylie connu pour ses bijoux en argent rehaussés d'émaux et de corail, qui avaient décidé de quitter l'informel en masse pour faciliter la mise en ?uvre de mesures gouvernementales.Aujourd'hui, les artisans ne veulent plus croire aux discours des responsables, et la dernière déclaration de la ministre chargée de l'Artisanat, à propos de la mobilisation l'année dernière d'une cagnotte de 22 milliards de centimes en soutien aux artisans algériens en fait partie. Les bijoutiers d'Ath Yenni, les potiers de Maatkas ou les tisserandes d'Ath Hichem, entre autres, n'ont enregistré aucun changement dans leur activité. Certains bijoutiers interrogés sont même remontés contre les pouvoirs publics qui feignent d'ignorer où se trouve la vraie solution à leur calvaire. «Les responsables savent que notre souci principal est le prix de la matière première, c'est-à-dire l'argent et, parfois, je crois qu'ils se moquent de nous parce que leurs mesures touchent rarement ce volet de notre activité», affirme un peu amer un jeune artisan d'Ath Yenni. Le bijoutier ajoute «ne pas vouloir comprendre toutes les explicationstechniques et économiques qui les empêchent (les responsables) d'agir sur le prix de la matière première», mais dit attendre «des actions concrètes quiaboutiraient à l'accessibilité à la matière première pour les artisans en matière de prix et de disponibilité».Un autre artisan ne manquera pasd'établir un lien entre les prix exorbitants de la matière première et la dégringolade de la qualité du bijou kabyle, qui représente encore un patrimoine culturel ancestral inestimable. Un patrimoine qu'on n'a pas le droit de laisser mourir. «Des artisans se sentent obligés aujourd'hui de fabriquer des bijoux de piètre qualité, histoire de baisser les prix du produit et trouver des clients», affirme-t-il avant d'alerter les pouvoirs publics sur le retour du phénomène de l'informel, seul à même de rentabiliser un tant soit peu l'activité de laquelle vivent plusieurs familles. «Ceux qui vivent de leur activité sont contraints de retourner vers l'informel sans quoi ils ne peuvent nourrir leurs familles»,ajoute-t-il avec amertume.Il faut dire que les artisans ne peuvent développer de façon optimale leursactivités si le tourisme ne suit pas. Et à Tizi Ouzou, ce secteur reste à la traîne malgré l'existence de beaux projets qui dorment dans les tiroirs depuis de longues années. Si la situation sécuritaire n'aide pas la wilaya de Tizi Ouzou à développer son tourisme, les infrastructures touristiques (hôtels, restaurants...) ne sont pas en état d'accueillir des touristes quand la sécurité sera rétablie dans la région. Donc, l'activité reste menacée tant que les clients ne sont pas nombreux et le secteur du tourisme a un rôle prépondérant dans cette problématique puisque c'est la source principale de clientèle.M. B.


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