Les ambitions vont ainsi à la baisse

Quand bien même il y a abondance de produits de consommation importés (pas seulement alimentairs), la perception populaire de l'économie de marché est celle de la difficulté à se procurer un emploi doublé de celle de pouvoir le garder pour assurer au moins, non pas un déroulement de carrière, mais une retraite non proportionnelle. Il est difficile, impossible même, de trouver des vertus au système lié à l'économie de marché qui a introduit la précarité de l'emploi. Il y en a bien sûr qui s'en sont enrichis, et même plus qu'enrichis, mais les inégalités sont trop criantes. Quand y a-t-il eu la crainte de l'insécurité de l'emploi et la peur de la dégradation du pouvoir d'achat si ce n'et depuis le changement du système économique qui est censé promouvoir l'initiative privée individuelle ' Paradoxalement, au début du lancement des réformes il y avait la conviction presque partagée, en tout cas propagée par le tube cathodique, qu'il était de l'intérêt du pays et des populations que disparaisse cette notion d'Etat providence. Les populations, pourtant, ne comprenaient pas pourquoi changer un système économique qui avait créé des acquis pour les travailleurs, le droit au travail, l'accès aux soins dans le cadre de la médecine gratuite etc. en tout cas, il n'y avait pas d'insécurité de l'emploi, il ne pouvait pas y avoir de licenciements' C'est par cette insécurité que les populations découvrent brutalement qu'en fait, c'est la fin de ce qu'on appelait l'Etat providence. Aujourd'hui, pratiquement toutes les fonctions hors secteur relevant de la fonction publique sont sous le sceau de la précarité. Même le secteur public économique ne garantit plus la stabilité au poste, et n'offre plus l'assurance d'un déroulement de carrière, comme cela était avant l'entrée dans ce qui est appelé l'économie de marché mais qui n'en n'est pas une au regard des conditions de son fonctionnement et de son financement. Autrefois, durant les deux premières décennies, au haut de la hiérarchie sociale il y avait les études, le diplôme, et même la conquête des meilleurs postes, des plus élevés. Le mécontentement ne peut qu'être évident, car toutes les couches sociales ne perçoivent plus qu'elles pourront comme avant, garder un pouvoir d'achat qui n'était pas tellement garanti par les salaires, mais par les prix tous administrés. Les prix augmentaient beaucoup moins vite que les salaires, sans qu'il n'y ait trop d'écart entre les différentes couches sociales. Serait-il possible qu'au rythme de l'entrée dans l'économie de marché, au fonctionnement de celle-ci, puisse revenir la période de moindre chômage, de moindre perte de pouvoir d'achat, de plus de possibilité de faire carrière dans l'entreprise, que celle-ci relève du secteur public ou du secteur privé ' Au vu des conséquences de l'entrée dans l'économie de marché, ou plutôt de la mise en 'uvre de réformes sans l'entrée réelle dans une économie de marché, l'économie a eu droit à une augmentation rapide des importations et fatalement de la perte d'emplois, puisque les importations se font en substitution à la production nationale, alors qu'il est recommandé de faire le chemin inverse, c'est-à-dire produire en substitution aux importations.