Algérie

Les ambiguïtés bilatérales




Les questions économiques seraient elles moinsproblématiques dans la relation entre Alger et Paris que celle ayant trait àl'histoire ? En apparence, c'est le cas. Les affaires n'ont guère pâti desaléas d'une relation non normalisée.Pourtant, le domaine économique n'est pas exempt de cequ'on pourrait appeler les ambiguïtés bilatérales. L'exemple le plussignificatif est celui de l'affaire Renault. Voilà un constructeur qui vendbeaucoup en Algérie et qui a choisi d'installer une usine de montage au Maroc. Cechoix n'a suscité aucun commentaire officiel côté algérien. La pressealgérienne, par contre, a marqué, à juste titre d'ailleurs, son étonnement, nesachant s'il fallait en faire le reproche aux responsables algériens ou àl'entreprise française.A moins de deux semaines de la visite d'Etat de Sarkozy, Michelde Caffarelli, président de la Chambre française decommerce et d'industrie en Algérie (CFCIA), a renvoyé la balle côté algérien enaffirmant que Renault a bataillé pendant trois ans pour ouvrir l'usine demontage en Algérie et que, de guerre lasse, elle a décidé d'aller au Maroc oùelle a trouvé toutes les facilités nécessaires.On peut s'étonner qu'au cours de ces « trois ans de bataille», Renault n'ait pas fait état de manière claire de son intention fermed'installer une telle usine, mais on ne peut pas reprocher à M. Caffarelli de vouloir faire une telle « mise au point » àla veille de la visite du président français. Comment ne pas relever ce constatqu'il a établi: « Le commerce est nettement plus facile que l'investissement ».Ce qui est étonnant est que le renvoi des responsabilités vers les autoritésalgériennes n'a suscité aucun commentaire. Même si les officiels algériens n'ontpas fait état publiquement d'un quelconque reproche à l'égard du choix deRenault, les informations livrées par M. de Caffarelliauraient mérité une réponse. Sauf à en reconnaître lebien-fondé, les autorités algériennes auraient dû apporter leur propreéclairage sur la question. On ne gagne rien à ne pas mettre les choses à plat, d'autantque les questions abordées, comme le foncier, les zones industrielles, labureaucratie, reviennent de manière incessante dans les discours, et pas celuides seuls Français, comme étant un obstacle à l'investissement.On est là peut-être au coeur de l'ambiguïté d'une relationéconomique que des situations de rente entendent maintenir en l'état: on venddes hydrocarbures, on importe des produits. On a glissé un peu vite sur le faitque Sarkozy dise qu'il vient en Algérie pour ramener des contrats auxentreprises françaises. Le président français est totalement dans son rôle dese faire le défenseur des entreprises de son pays. Mais que cela ne nousinterdise pas d'en décrypter le constat implicite, et malheureusement juste: l'économiealgérienne n'est pas celle de l'investissement, mais celle du contrat à obtenir.Là où les liens entre le politique et l'économique sont les plus ambigus.
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