Algérie

Leçons d'une bataille politique


Ould Abbès et Ouyahia, ont retourné la situation à leur avantageC'est dans cette effervescence politique que le secrétaire général du FLN, profitant de l'effet contraire provoqué par la sortie-surprise du MSP, cherche à faire une razzia et à ramasser la mise en relançant son appel à soutenir le chef de l'Etat pour «poursuivre son oeuvre».
Djamel Ould Abbès a miné l'initiative du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Ahmed Ouyahia l'a balayée d'un revers de la main. Et les deux hommes politiques n'ont pas eu de difficultés pour retourner la situation en leur faveur. Ils ont profité du réveil brusque de l'ensemble de la scène politique, sur le bruit de bottes du général de corps d'armée, pour lancer leur propre appel à un consensus pour la continuité. Ahmed Gaïd Salah, faut-il le rappeler, avait vivement réagi après l'appel qui a été lancé à l'ANP pour «parrainer» une période de transition politique. Le refus de l'Armée nationale populaire a alors été clairement signifié par le chef d'état-major, mais aussi via le canal officiel de l'institution militaire, à savoir la revue El Djeïch. Ce rejet de la «période de transition» à laquelle a appelé Abderezzak Makri, a suscité également la réaction de la majorité des partis politiques. Ces derniers, sortis d'une longue léthargie pour certains, commencent à se préparer pour le prochain rendez-vous électoral en multipliant les initiatives et les consultations. Chaque formation politique cherche à se positionner. Et c'est dans cette effervescence politique que le secrétaire général du FLN, profitant de l'effet contraire provoqué par la sortie-surprise du MSP, cherche à faire une razzia et à ramasser la mise en relançant son appel à soutenir le chef de l'Etat pour «poursuivre son oeuvre». Un appel auquel s'est joint Ahmed Ouyahia non pas en sa qualité de secrétaire général du RND uniquement, mais aussi sous la casquette de Premier ministre. D'ailleurs, Ahmed Ouyahia a choisi de recevoir Djamel Ould Abbès au Palais du gouvernement et c'est de ce lieu symbolique que les deux hommes politiques ont fait passer leur message: «Nous serons, avec d'autres forces, un soutien fort si le président Bouteflika répond favorablement à cette requête (nouveau mandat, ndlr.)» Cette image que les représentants des deux forces au pouvoir ont voulu donner est un signal politique fort destiné à toute la classe politique afin de rejoindre le train déjà en marche. En effet, le FLN a décidé non seulement de torpiller l'initiative de Makri, mais de profiter de l'effet qu'elle a produit pour la reprendre à son compte en continuant les consultations et en se lançant dans une campagne médiatique sans précédent pour le soutien de son candidat. Ould Abbès l'a d'ailleurs clairement dit «nous sommes d'ores et déjà en campagne électorale pour la reconduction du président Bouteflika à la tête du pays...».
Lors d'une conférence de presse conjointe avec son allié Amar Ghoul, président de TAJ, le patron du FLN a souligné que «tous les Algériens appellent le président Bouteflika à briguer un autre mandat, et nous ne faisons que traduire formellement cette volonté. Quant aux autres partis, ils sont les bienvenus. Nous avons rencontré 15 ou 16 partis et organisations, on n'a pas le monopole du nationalisme ou du président. Et lorsqu'il se représentera, inch'Allah, inch'Allah, inch'Allah en 2019, il sera le président de tous les Algériens». Il s'agit là, à ne pas en douter, d'un rappel ferme que le train est bien lancé et qu'il n'attendra pas les retardataires. Beaucoup ont déjà rejoint le convoi mené par le duo FLN-RND, à l'exemple de l'ANR, le parti El Karama de Mohamed Benhamou et TAJ de Amar Ghoul. Seul le MPA, parti «fidèle» au président quatre mandats durant, reste en rade. Pour rappel, Amara Benyounès est entré en conflit avec le FLN après sa temporisation de se prononcer sur un nouveau soutien au chef de l'Etat. Raison pour laquelle il reste aujourd'hui à l'extérieur de cette nouvelle coordination composée des partis proches du pouvoir. Va-t-il décider de la rejoindre' Et à quel moment' Quelle que soit la décision du MPA, elle ne changera en rien la donne pour le FLN qui continue sa démarche offensive pour réunir le plus de soutiens à une nouvelle candidature pour le chef de l'Etat.


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