Algérie

Le vrai-faux bras de fer Musharraf-Bhutto


Au Pakistan, en apparence, c'est la rupture totale entreMusharraf et l'ex-Premier ministre rentrée d'exil, Benazir Bhutto.En effet, cette dernière, après avoir été une seconde foisplacée en résidence surveillance et son parti le PPP (Parti du Peuple duPakistan) empêché d'organiser une marche populaire contre l'instauration del'état d'urgence, ne se contente plus, comme elle le faisait auparavant, deréclamer que le général-président renonce à sa fonction de chef de l'état-majorde l'armée et la tenue des élections législatives dans les délais prescrits parla constitution pakistanaise. Bien que Musharraf ait finalement cédé enpromettant de se conformer à ses deux exigences, la présidente du PPP s'estquand même alignée sur le reste des opposants pour demander son départ de laPrésidence de la République. Benazir Bhutto a durci sa position à l'égard dugénéral-président parce qu'elle s'est rendu compte qu'elle et son parti sontisolés dans le mouvement d'opposition national provoqué par l'instauration del'état d'urgence. C'est là une situation qui ne lui permettrait pas évidemmentde se poser en fédératrice de cette opposition et d'en être le chef de file auxélections législatives, ce en quoi elle a voulu s'ériger depuis son retourd'exil. Il s'agit pour l'ancienne Premier ministre de ne pas se laisserdéborder par l'opposition radicale, dont elle a mesuré l'impact sur l'opinionnationale pakistanaise et qui a répandu contre elle le soupçon d'avoir négociéun accord de partage du pouvoir avec Musharraf sous la houlette de Washington.Sauf qu'en se ralliant à l'opposition maximaliste contre le général-président,il n'est pas certain qu'elle obtienne de celle-ci d'être reconnue comme son leaderconsensuel, alors qu'elle aura pris le risque de mécontenter l'allié américainqui a oeuvré à son retour au pays avec une intention diamétralement opposée.Il n'est pas du tout impensable dans ces conditions que lebras de fer auquel elle se livre avec le général-président depuis son retourd'exil, et qui semble se durcir au fil du temps, ne soit que scénario destiné àla dédouaner de l'accusation de connivence avec le régime contesté et luifabriquer l'auréole d'opposante sans concession et de porte-parole de lacontestation nationale. Washington n'est pas prêt à lâcher Musharraf mais miseaussi sur Benazir Bhutto, dont le retour à la chefferie du gouvernement par lavoie des urnes donnerait un lustre démocratique au régime militaire de son protégé.De ce montage, les autres acteurs politiques et principalement les partisislamistes, mais même laïcs, n'en veulent pas et refusent pour cela à s'unirautour de la présidente du PPP, même maintenant qu'elle a entonné leur sloganréclamant le départ pur et simple de Musharraf. Pour sauver ce qui peut l'êtredu régime militaire pakistanais, l'armée pourrait alors convaincre Washingtonde la nécessité de sacrifier Musharraf au profit d'un autre de ses généraux.Ceci dans le but de se ménager une période de transition durant laquelle ellepourrait créer les conditions à la réalisation du deal initialement concluentre Musharraf et Benazir Bhutto, et dont profiterait alors de successeurdésigné. C'est d'ailleurs de cette façon que se sont toujours momentanémentdénouées les crises politiques internes au Pakistan. Sauf que cette fois, ilfaudra aux acteurs de celle qui a lieu actuellement compter avec l'hypothèquede la rébellion armée fondamentaliste, dont rien ne présage qu'elle accepterala réédition du schéma.


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