Algérie

Le tourisme culturel attendra encore avant de devenir une réalité Malgré les potentialités que recèlent la wilaya de Tizi Ouzou



Le tourisme culturel attendra encore avant de devenir une réalité                                    Malgré les potentialités que recèlent la wilaya de Tizi Ouzou
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati

La wilaya de Tizi Ouzou recèle des richesses culturelles et patrimoniales indéniables, qu'elles soient artisanales, historiques ou même archéologiques. Les stèles libyques d'Ifigha (Azazga), les thermes romains d'Ath R'houna (Azeffoun), les villages traditionnels d'Ath El Qaïd (Agouni Gueghran) et Ichikar (Makouda), les bordjs turcs, la maison des Ath Kaci (Tizi Ouzou) et toutes sortes d'objets racontant l'histoire millénaire de la région sont éparpillés aux quatre coins de la wilaya. Des vestiges pris en charge tardivement parce qu'il y a quelques années, le pouvoir préférait focaliser l'attention de la population, donc limiter le patrimoine historique de l'Algérie, autour de la colonisation française et de la guerre de libération. Même la présence turque, présentée pourtant comme amicale, était quelque peu négligée par les pouvoirs publics qui avaient opté pour une instrumentalisation de l'histoire de notre pays, en la limitant à l'arrivée des arabes au septième siècle et à la colonisation française de 1830 à 1962. D'ailleurs, ce n'est pas fortuit si tous les musées réalisés ne traitent que de la question coloniale, alors que l'histoire de l'Algérie remonte à des milliers d'années.Ces dernières années, grâce notamment au renflouement des caisses de l'Etat après la crise économique et sécuritaire des années quatre-vingt-dix, les pouvoirs publics ont commencé à dégager des cagnottes importantes pour le secteur de la Culture qui a vu la réalisation de quelques projets et l'inscription d'autres. Les projets réalisés sont pour l'instant liés à ' la présence française en Algérie comme la transformation en musées des maisons natales de personnalités historiques ayant résisté contre le colonialisme, à l'instar de Lalla Fatma N'Soumeur, Abane Ramdane et Krim Belkacem, respectivement à Iferhounen, Larbaa Nath Iraten et Ath Yahia Moussa, ainsi que le siège de l'ancienne mairie de Tizi Ouzou datant de la fin du dix-neuvième siècle. Reste que leur préservation ne se fait pas toujours dans les meilleures conditions, comme le musée Krim Belkacem, au village Iaâllalen des Ath Yahia Moussa où les habitants, particulièrement le mouvement associatif, ont dénoncé récemment l'état d'abandon dans lequel se trouve cette infrastructure. Et le fait que la direction de la Culture et la mairie d'Ath Yahia Moussa se rejettent la responsabilité n'est pas pour régler ce problème dans des délais raisonnables. Pourtant, ce site comme tant d'autres sites est classé patrimoine national, ce qui appelle non seulement à sa préservation mais aussi à sa valorisation et à sa promotion. Ce qui est encore loin d'être le cas dans la wilaya de Tizi Ouzou où l'on classe des sites juste pour le classement pour les laisser ensuite à l'abandon.Aujourd'hui, il semblerait que les pouvoirs publics aient décidé de sortir un peu du carcan de la présence française en Algérie, avec le projet de réalisation d'un musée des arts et de l'archéologie inscrit dans le cadre du programme quinquennal 2010/2014 pour le secteur de la Culture. Cela en parallèle avec la proposition au classement de certains sites historiques comme les villages traditionnels d'Ath El Qaïd (Agouni Gueghran) et Ichikar (Makouda), la maison des Ath Kaci, cette tribu de la périphérie de Tizi Ouzou qui s'est opposée aux Ottomans et plus tard aux Français, ainsi que les bordjs turcs. En attendant, bien entendu, que cela se concrétise sur le terrain et l'usage qu'il en sera fait, notamment le projet de musée que les citoyens, toujours méfiants à l'égard des pouvoirs publics, attendent avec circonspection.D'autre part, Tizi Ouzou n'est pas seulement une région de sites historiques et archéologiques, mais c'est aussi le pays de l'artisanat qui raconte aussi des tranches de l'histoire de cette région et de sa société. Le bijou d'Ath Yanni, la poterie de Maatkas et le tapis d'Ath Hichem ne sont plus à présenter mais continuent tout de même à souffrir des mêmes problèmes qu'il y a vingt ans, et ce, malgré les mesures prises par les autorités publiques dans le sens notamment de l'endiguement de l'informel qui a touché ces activités. Et les artisans, notamment ceux qui vivent de cette activité, sont tentés aujourd'hui par le retour vers l'informel s'il n'y a pas une prise en charge réelle de tous les problèmes qu'ils rencontrent, particulièrement celui du prix des matières premières. Des solutions, ajoutées à celles à apporter à la question des sites patrimoniaux, qui ne seront pas d'une grande utilité si le secteur du tourisme ne trouve pas sa voie dans cette wilaya, ses 80 kilomètres de littoral et ses majestueuses montagnes. Car il faudra tout de même rentabiliser les investissements engagés notamment dans la réalisation, la réhabilitation, la restauration et plus tard, la préservation des différents sites classés comme patrimoine. Et le tourisme est le meilleur facteur susceptible de mener vers la promotion de tout le patrimoine (sites, artisanat, arts) de la wilaya. Malheureusement, Tizi Ouzou est très en retard dans ce secteur qui reste figé aux stades de projets.En effet, des projets de huit zones touristiques sur le littoral, inscrits depuis plus de vingt ans aux cinq zones proposées pour les régions montagneuses depuis quelques années, aucune réalisation n'a vu le jour dans la wilaya de Tizi Ouzou, au grand dam de l'activité artisanale censée vivre de l'activité touristique, mais aussi des sites historiques et archéologiques de la région qui pourraient aussi en profiter pour gagner au moins le financement de leur entretien. Cela en plus des retombées économiques sur la région mais aussi sur toute l'Algérie qu'une activité touristique intense pourrait apporter. Mais il faut avouer que la solution à ce problème n'est pas pour demain, l'activité touristique dans cette wilaya connaissant un blocage insensé qui dépasse largement les compétences et les prérogatives de la direction locale du tourisme, reléguée à l'organisation des saisons
estivales à Tigzirt et Azeffoun à coups de chiffres, statistiques et nettoyage des sept plages de la wilaya ouvertes à la baignade.
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