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Le spectre de la contamination



Le spectre de la contamination
La décision de rouvrir les marchés à bestiaux pour les ovins n'a pas pris en compte la logique sanitaire.A l'approche de l'Aïd, dans un contexte marqué par une forte propagation de l'épizootie de fièvre aphteuse, beaucoup d'Algériens ne savent pas s'ils pourront acheter un mouton sain pour accomplir le sacrifice d'El Adha. «Je suis ici pour m'informer si je peux acheter un mouton sain. J'ai peur de cette maladie qui fait tant parler d'elle», s'inquiète Lahbib, 53 ans, rencontré au marché à bestiaux d'Oran. Ce marché vient de rouvrir sur décision du ministère de l'Agriculture, en dépit de la propagation de la fièvre aphteuse. A l'ouest du pays, Oran au même titre que Relizane, Tiaret et Chlef, est aussi touchée par cette maladie virale. Deux foyers viennent d'être confirmés dans deux exploitations bovines à Mers El Kébir et à Misserghin.«La décision» de rouvrir les marchés à bestiaux pour les ovins est contraire à toute logique sanitaire. C'est une décision plutôt basée sur des considérations politiques et «religieuses». «Le gouvernement n'a pas le courage politique de maintenir la fermeture des marchés à bestiaux, considérant à tort qu'il ne doit pas gâcher la fête aux Algériens», affirme un vétérinaire exerçant à Oran, sous le sceau de l'anonymat.Explication de ce dernier : «Les marchés à bestiaux doivent absolument être fermés. C'est l'une des mesures phares de prophylaxie sanitaire qui doit être strictement appliquée pour limiter la propagation de la maladie.» «Les bovins et les ovins rejettent dans l'air jusqu'à un million de virus toutes les 48 heures. De plus, le virus aphteux est présent dans toutes les excrétions et sécrétions des animaux infectés. Dans les marchés à bestiaux, il peut se disséminer facilement et rapidement à la faveur du contact et de la promiscuité entre les animaux», argumente encore ce praticien.Autre élément de taille : «Aucune autorité sanitaire ne peut affirmer avec certitude que le cheptel ovin est indemne de la maladie. La raison : les symptômes chez les ovins sont souvent discrets. On peut donc acheter un mouton malade sans s'en rendre compte. Le cas échéant, le mouton malade présente des vésicules sur les lèvres, dans la cavité buccale, au niveau de la mamelle et des onglons», explique ce vétérinaire. Autre faille relevée par un autre vétérinaire : «Le laisser-aller entourant les déplacements des animaux.» «Normalement, les déplacements de bétail doivent être formellement interdits pour éviter toute possibilité de contamination. Mais force est malheureusement de constater que cette mesure est loin d'être respectée», déplore-t-il. Un autre maillon faible relevé par ce dernier : la désinfection. «Nous n'avons pas les moyens d'assurer dans les normes une désinfection soigneuse des bâtiments d'élevage infectés et de tout le matériel contaminé (instruments, véhicules, vêtements, etc.)», confie-t-il.Faute de moyens, la fièvre aphteuse, maladie réputée très contagieuse, ne cesse de progresser. «Fort heureusement, non seulement la contamination humaine est rare, voire rarissime, le virus aphteux n'est pas dangereux pour l'homme. (Le lait et les produits à base de viande provenant d'animaux atteints pourraient être consommés sans problème, mais ils ne sont pas commercialisés). La consommation de viande infectée est absolument sans danger pour l'homme», souligne ce vétérinaire.«En revanche, l'homme peut être contaminé à travers des plaies de la peau à la faveur d'un contact direct avec des animaux malades. La contamination humaine peut également se faire par l'intermédiaire de la consommation de lait cru contenant de grandes quantités de virus. Les très rares cas humains se sont traduits par l'apparition de symptômes : aphtes buccaux et vésicules entre les doigts accompagnés d'une petite fièvre», poursuit-il. Cela dit, même si elle est médicalement bénigne et très exceptionnellement transmissible à l'homme, la fièvre aphteuse est un fléau économique redoutable en raison de son extraordinaire contagiosité.





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