Le soleil, la mer et le rêve

-I-Le poète camerounais, Epanya Yondo Elolongué, a maintes fois chanté les plaisirs de la vie, la beauté subtile, l'amour total. Ses poèmes traduisent la substance évanescente des choses dans des impressions fournies par la vie.Dans son ?uvre, on découvre que la réalité comporte comme des prolongements spirituels, démentis en apparence seulement par la vie en ébullition. Notre poète a capté des instants inoubliables d'amour, de plaisir ou d'insouciance comme cette symphonie de la plage :«Nous nous retrouveronsAu pied du petit village baigné par une plage lumineuse comme la source qui arrose le cours d'eauQui se jette dans la rivièreQui baigne dans le fleuveQui tend un bras d'eau à la merQui se perd dans l'océanEn une symphonie liquide»En rupture de ban avec les conventions ornementales du style rhétorique, notre poète a chanté la vie dans un lyrisme instinctif. Aussi la terre, loin de se faire massive, opaque, lourde comme il arrive souvent, s'allège-t-elle sous l'effet d'une parole aérée qui n'en dit que les essences ponctuelles :«Apparaît au loin un bras de mer morteAux barques naufragéesLes mâts seuls demeurentQui rappellent un passé de forces vagabondesDans le corps plein de modules».- II-La réalité commune à la mer et au poème qui la nomme est un tissu, un réseau de fils dans la trame du langage. Ce tissu que Tchicaya U Tam'si (Congo) coud, découd, pique, repique, est assez fréquemment désigné dans ces vers :«Ici loin de la mer ma force vient du ventDes plateaux le fleuve Congo n'y suffit pasJe suis d'une terre oubliée des volcansCependant la vie brusque est à chaque pas que soulève le jour,Dans chaque souffle que nous prélevons sur le c?ur de la nuit».-III-Martin-Samuel Enon Belinga (Cameroun) est un poète lyrique, intimiste. Il chante sans banalité l'amour, les peines et les joies du couple :«Au soleil de midi où l'amour se fait lumière du jourQui t'éclaire ce jour même et te rassureLorsque tu vas, vêtue de la chaste nuditéQui guide tes pas vers quelque plage ouverteCependant que tu te dis à toi-même femme, pour toi-même :J'attends encore un peu».L'ample compréhension du poète réside dans cet amour illimité ; des poèmes sont romantiques ou sont d'une sensibilité parfois excessive.