Algérie - Les frères BARBEROUSSE

Le secret de l’étrange étoile à six branches sur l’étendard du Pacha Kheireddine Barberousse, premier Beylerbey d’Alger Période ottomane 1515 à 1830



Le secret de l’étrange étoile à six branches sur l’étendard du Pacha Kheireddine Barberousse, premier Beylerbey d’Alger Période ottomane 1515 à 1830
Il est très probable que les symboles se trouvant à côté de la tablette datant de l’année 1242 de l’hégire (l’année 1826 du calendrier grégorien), soient ceux du Pacha Kheireddine Barberousse, même si la tablette est inscrite au nom de Hussein Dey, dernier Pacha d’Alger.
Ces symboles, qui se composent d’une étoile à six branches, d’un croissant et d’une main, la «main de Fatma», montrent des similitudes troublantes avec l’étendard de Barberousse, exposé au musée de la marine, à Beşiktaş, à Istanbul.
On rapporte que cet étendard a été conçu soit pendant les années de service du Pacha Kheireddine Barberousse en tant que Grand Amiral de la flotte ottomane, de 1534 à 1546, soit environ 50 ans après sa mort.
L’étendard qu’on attribue au Pacha Kheireddine Barberousse est l’une des pièces les plus importantes du musée de la marine, à Beşiktaş.
L’étendard est en soie verte et est richement composé. Sur celui-ci on voit des versets du Coran dans l’encadré d’en haut, le nom du noble Prophète, et les noms des quatre premiers califes de l’Islam écrits à l’intérieur d’un croissant. Au milieu de l’étendard se trouve le sabre du calife Ali, appelé Dhoul Fiqar en arabe, c’est l’épée à deux pointes), à gauche de celui-ci figure ce qu’on appelle «la main de Fatma», et en bas de l’étendard on voit le seau du prophète Soliman orné de motifs.
On a utilisé de la soie blanche comme couleur de cette figure et des écrits sur la bannière. L’étendard est bordée de houppes vertes. L’encadré comporte une partie du verset 13 de la sourate As-Saff (Les Rangs) : «Nasroun minallahi wa fethoun qarib wa bechir-il-mou’minine» («un secours (venant) d’Allah et une victoire prochaine. Et annonce la bonne nouvelle aux croyants») ainsi que «Ya Mohamed» (Ô Mohamed). Juste en dessous du verset figure l’épée Zülfikar. A droite, au dessus de l’épée se trouve le nom d’Abou Bakr, en bas le nom d’Othman ; à gauche au dessus de l’épée se trouve le nom d’Omar et en bas sur le même côté le nom d’Ali.
Les noms des quatre califes sont entourés par un croissant.
A gauche de la poignée de Zülfikar figure la main de Fatma, et en bas le sceau du prophète Saloman («Souleymane» en arabe). Le sceau du prophète Souleymane (Aleyhi Salam) qui se compose de deux triangles entrelacés a été largement répandu et utilisé par les musulmans. A Istanbul, on voit ce sceau de Souleymane dessiné sur le toit, les murs, et les vitres des fenêtres de plusieurs mosquées qui ont été bâties il y a des centaines d’années de cela. Ce sceau a été très utilisé comme broderie par les artisans décorateurs musulmans sur du métal, du bois, en architecture, en tissage et dans beaucoup d’autres domaines. Dans les Tekke (bâtiments où se réunissent les derviches d’un ordre soufi) et lieux semblables, on retrouve le sceau de Souleymane dessiné sur la coupole, le plafond, ou bien sur le seuil des portes. Le Pacha Barberousse Kheireddine a fait broder le motif du sceau de Souleymane sur son drapeau pour « pouvoir contrôler lesvents de la mer». Et c’est ainsi qu’est née cette tradition.
Le prophète Souleymane, loué par le Saint Coran et dont Dieu a dit qu’il a créé une magnifique civilisation, a été un prophète «roi». Comme indiqué dans le Coran, le «vent» soufflait dans la direction que Souleymane souhaitait par un simple ordre de ce dernier. Et donc, comme il arrive à tout marin, le Pacha Kheireddine Barberousse s’est retrouvé directement confronté aux vents de la mer pendant la bataille de Prévéza, la plus grande bataille navale de son temps. Le Pacha Kheireddine Barberousse a sollicité l’aide de Dieu face aux vents contraires.
C’est ainsi que le Pacha Kheireddine Barberousse rapporte dans ses mémoires : «au début de la bataille, le vent du sud soufflait fortement. J’ai éparpillé sur la surface de la mer des feuilles sur lesquelles étaient écrits des versets du Saint Coran et j’ai prié Dieu Tout-Puissant, moi son humble et faible serviteur, de m’accorder la pitié et la bienveillance qu’il ne m’avait pas accordées jusqu’à ce jour-là. Ma prière a été exaucée. Les vents se sont d’abord calmés, puis ont changé de direction.»
Cette étoile à six branches, largement et fréquemment utilisée dans l’histoire de la Turquie et de l’Islam a commencé, au fil du temps, à être employée par les juifs et les francs-maçons sous le nom de (Sceau de David). Pendant les périodes suivantes, les juifs ont adopté ce seau comme un symbole sacré, et l’ont brodé sur les étendards, les fanions et les amulettes et ont en fait un talisman (pour se protéger) contre la sorcellerie. Et quand ce symbole est devenu de plus en plus fréquemment employé par les juifs, son usage à ce moment-là a diminué chez les musulmans pour être complètement abandonné de nos jours.
Dans un document daté du 22 septembre 1916, qui se trouve dans les archives historiques de la marine, à l’Istanbul (Musée de la marine de la ville d’Istanbul), l’étendard qui repose sur le tombeau, au mausolée du Pacha Kheireddine Barberousse, est présenté comme suit : «ceci est l’unique étendard qui nous est parvenu entre les mains parmi les étendards qui ont été hissés sur les galères, durant les heures glorieuses de la marine ottomane.»
Les ressemblances entre cet étendard et les signes qui figurent à l’entrée du bâtiment de l’Amirauté à Alger est un héritage encore vivace du Pacha Kheireddine Barberousse. Si on faisait une recherche encore plus approfondie au bâtiment de l’Amirauté à Alger, la recherche sur les monuments et vestiges laissés par le Pacha Kheireddine Barberousse et les Turcs (en Algérie) dévoilerait des détails plus surprenants encore et donnerait des résultats fructueux.
* Mehmet Tütüncü :
Chercheur universitaire turc au sein du SOTA Fondation pour la recherche sur les mondes arabe et turc. Né en 1958. Il a publié plusieurs travaux sur l’histoire de l’Algérie Ottomane. Son dernier ouvrage est un livre intitulé «Cezayir’de Osmanlı izleri (1518-1830)» (Les vestiges Ottomans en Algérie), Çamlıca Basım Yayın, Sota Yayınları, 1. Baskı : İstanbul - 2013.
- Photo : Les armoiries et l’étendard du Pacha Kheireddine Barberousse
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