Algérie - Piqure de Scorpion

Le scorpion fait parler de lui


Le scorpion fait parler de lui
EL BAYADH - Plus de 15.000 scorpions ont été capturés dernièrement dans la wilaya d’El Bayadh et remis à l’Institut Pasteur d’Alger, a-t-on appris mercredi auprès du service prévention à la Direction de la santé et de la population (DSP).
Cet important nombre de scorpions collectés par les services communaux de la wilaya en collaboration avec la DSP ont été transférés à l’Institut Pasteur d'Alger pour la fabrication de sérums.
L’opération de collecte des scorpions en milieu urbain a été lancée fin juillet dernier et tire à sa fin. A noter que parallèlement au transfert de ce nombre de scorpions à l’Institut Pasteur d'Alger, un grand nombre de ces arachnides a été détruit dans le cadre de l’assainissement de l’environnement.
Cette initiative, lancée par les services de la wilaya pour un coût de 44 millions DA, contribue à la réduction des nuisances des scorpions ayant atteint jusqu’à la fin de juillet dernier, 1.500 cas d'envenimation conduisant à la mort de trois enfants âgés de moins de 10 ans à El Kheiter, Bougtob et El Bayadh.
La wilaya d’El Bayadh a enregistré, l’année dernière, 2.698 cas de piqûres de scorpion causant trois décès. Les services sanitaires ont imputé la hausse d'envenimation scorpionique à plusieurs facteurs, dont le manque d’aménagement urbain, l'absence d’éclairage public, la prolifération des déchets en milieu urbain, entre autres causes favorisant la propagation de ces arachnides mortels.
Le retard dans le transfert des blessés aux unités de santé publique constitue une des causes menant au décès, a-t-on souligné, signalant que certaines personnes ont recours au traitement avec des moyens traditionnels qui s'avèrent, dans la plupart des cas, inefficaces.
A cet effet, les mêmes services insistent sur la célérité dans le transport des blessés vers le centres de santé les plus proches, surtout que les services sanitaires disposent d’importantes quantités de sérum contre les piqûres de scorpions.
Au moins 589 cas de piqûres de scorpion ont été enregistrées depuis le début de l’année en cours à travers la wilaya de Laghouat, sans faire de décès. Ces cas ont été signalés notamment dans les régions nord de la wilaya, à l’instar des communes de Gueltet Sidi-Saâd (84 cas), Aflou (62), Brida (59), Ain Sidi-Ali (50), El-Beida (40) et Hadj-Mechri (36), a précisé la direction locale de la Santé et de la Population (DSP). En dépit de ce nombre de piqûres de scorpion, les services de santé ne déplorent heureusement aucun décès, et ce grâce d’une part aux campagnes de sensibilisation menées en direction de la population sur les risques du scorpion et, d’autre part de la disponibilité en quantités suffisantes de sérum anti-venin de scorpion au niveau des structures de santé. En plus de la disponibilité de ce sérum au niveau des différentes structures de santé, il est procédé à une évaluation hebdomadaire de la situation en matière d’envenimation scorpionique et des quantités de sérum consommées. Des démarches sont entreprises, par ailleurs, en coordination avec les communes pour réactiver les campagnes de collecte de scorpions pour les transférer à l’institut Pasteur d’Alger aux fins de confection du sérum en question. La wilaya de Laghouat avait enregistré l’an dernier (2017) quatre (4) décès des suites de l’envenimation due à la piqûre de scorpion, contre trois (3) décès l’année l’ayant précédée (2016).
Pour lutter contre les envenimations, la propreté de l’environnement immédiat des lieux d’habitation, notamment dans les régions du Sud et des Hauts plateaux, constitue le meilleur moyen de prévention contre les piqûres scorpioniques, affirme le Dr Mohamed Rédha Saïdani, membre de la Commission nationale de prévention contre les piqûres scorpioniques.
La prévention reste l’arme par excellence contre les envenimations scorpioniques, et ce, en veillant à l’éloignement des ordures ménagères des lieux d’habitation, la garantie d’un bon éclairage public et la réfection des trottoirs, a-t-il indiqué. Soulignant la nécessité d’encourager également la protection du hérisson qui est un grand prédateur du scorpion, il a précisé que durant le mois d’avril, la femelle peut donner jusqu’à 120 petits par semaine, d’où la hausse des cas d’envenimation durant l’été. L’Institut Pasteur d’Alger reçoit annuellement 50.000 scorpions grâce aux opérations de collecte qui permettent de produire suffisamment de doses de sérum anti-scorpionnique. Le Dr Saïdani a expliqué, à ce propos, qu’il n’existe sur le terrain aucun remède ou produit pour lutter contre les scorpions et que le meilleur moyen pour faire face à cet animal nuisible est la sensibilisation des citoyens, préconisant l’organisation de cours sur la prévention contre les piqûres scorpioniques au profit des élèves des Hauts plateaux et du Sud ainsi que l’adoption d’animaux domestiques comme les volailles et les chats. Par ailleurs, il a rappelé les campagnes de sensibilisation organisées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en coordination avec l’Institut national de santé publique (INSP) et la Direction générale de la Protection civile, en deux phases : la première ayant concerné les wilaya de Batna, Biskra, M’sila, et la deuxième les wilayas de Ghardaïa, Laghouat et Djelfa, des wilayas ciblées pour être les plus concernées par les piqûres scorpioniques et celles qui enregistrent un taux élevé de décès.
Ces campagnes ont permis la distribution de plus de 7.000 t-shirts pour sensibiliser les enfants aux dangers de cet animal, d’autant que cette catégorie est la plus exposée avec 60% de décès.
Le Dr Saïdani a fait savoir que le risque d’envenimation scorpionique, bien qu’existant toute l’année, atteint son apogées durant le mois de juillet, particulièrement entre 18h00 et 06h00, une tranche horaire marquée par une hausse du mercure qui pousse le scorpion à rechercher la fraîcheur dans les maisons.
Au cours de la dernière décennie, le ministère de la Santé a enregistré 50.000 cas de piqûres avec un recul du nombre de décès grâce aux campagnes de sensibilisation, mais l’année 2017 a vu une augmentation de leur nombre du fait de la dégradation environnementale, les constructions anarchiques dans certaines régions, l’amoncellement des déchets ménagers près des lieux d’habitation outre la construction de cités entières au-dessus d’abris à scorpions sans études préalables et les comportements de certains citoyens. Tous ces éléments ont contribué, selon le ministère, à l’extension du risque de piqûres à certaines wilayas du Nord, à l’instar de Tlemcen, Bouira et Tizi Ouzou.
Rappelant que l’institut Pasteur a recensé 58 décès durant l’année 2017, le Dr Saïdani a expliqué que ces cas sont à déplorer, car les victimes ne s’étaient pas rendues aux centres de prise en charge avant les trois premières heures suivant la piqûre de scorpion, ajoutant que certaines familles recourent encore à des moyens traditionnels rendant la situation plus critique.
Déplorant la difficulté que rencontrent les parties en charge de la prévention pour sensibiliser les mères de famille dans les zones concernées à la nécessité de protéger leurs enfants contre les piqûres scorpioniques, il a salué le rôle des mourchidates qui interviennent pour prodiguer des conseils à ces mamans ainsi que le rôle des mosquées dans la sensibilisation des citoyens. Durant l’année 2017, l’institut Pasteur a enregistré plus de 45.000 cas d’envenimations scorpioniques dont 41% d’enfants et adolescents âgés entre 5 et 14 ans, 29% âgés entre 1 et 4 ans, 12% de moins d’un an (-1) et 16% entre 15 et 49 ans. Concernant les 58 décès enregistrés en 2017, la wilaya d’Adrar (région de Bordj Badji Mokhtar) vient en tête avec 10 décès, suivie par les wilayas de Tamanrasset avec 7 décès, de Ouargla (même nombre), de Biskra avec 6 décès et El Bayadh avec 3 décès. L’Institut Pasteur a distribué, durant cette saison, 27.000 doses de sérum anti-scorpionique, et ce, en fonction des besoins de chaque région, arrêtés par le ministère de la Santé, auxquels s’ajoutent 27.000 autres doses stockées.
La période estivale n'a pas été de tout repos pour les responsables des différents établissements hospitaliers de la wilaya d'ElBayadh qui ont dû mobiliser l'ensemble du personnel médical aussi bien celui du secteur public que privé afin de veiller au bon fonctionnement des services des urgences médico- chirurgicales et notamment celui de la maternité et de la prévention et de lutte contre les piqûres de scorpions. 

En application des orientations prises lors de la récente rencontre régionale sur la prise en charge de la femme enceinte qui a réuni les responsables des structures hospitalières de 06 wilayas du sud-ouest du pays, il a été décidé, par la direction de la Santé et de la Population de la wilaya d'El-Bayadh la mise sur pied d'un véritable plan d'action lié, exclusivement, au suivi de la femme enceinte, notamment dans les zones les plus reculées de la wilaya où les conditions de vie et de suivi médical sont des plus contraignantes, en raison de l'enclavement des petites localités au fin-fond de la steppe et des régions désertiques.

Sur un autre registre, il y a lieu de rappeler que la direction de la Santé et de la Population de la wilaya a pu assurer la collecte de quelque 5.000 scorpions depuis le début de cet été lesquels ont été remis l'Institut Pasteur d'Alger, suivi de l'acquisition d'appareils d'anesthésie pour renforcer trois centres de santé de la zone rurale, dans le cadre de la lutte contre les piqûres de scorpions, au niveau de chacune de ses structures et enfin l'approvisionnement régulier de chacune d'elles en matière de sérum anti-piqûres de scorpions.

Par ailleurs, cette direction a également veillé au strict respect des permanences de plus de 24 pharmacies devant rester disponibles, de jour comme de nuit ainsi que les jours fériés, durant cette période estivale.
Par ailleurs, pour faire face aux envenimations scorpioniques, le secteur de la santé au niveau de la wilaya, notamment dans les zones rurales, a été équipé d’un matériel acquis neuf, notamment des appareils d'anesthésie pour les trois structures de santé opérant dans des zones éparses ainsi que l’approvisionnement en sérum anti-venin.
Notons qu’il a été relevé au cours de cette année près de 600 cas de piqûres scorpioniques, dont deux mortels.
A Ouargla,un enfant de 5 ans et une enseignante universitaire ont trouvé la mort suite à des piqûres de scorpions au sein même de l'établissement qui est censé être un lieu sûr. Une enquête a été diligentée par une commission du ministère de la santé.
En effet, à Ouargla, où la population n’a pas encore décoléré suite au décès de l’enseignante, Aicha Aouissat, à l’hôpital de Ouargla, l’enregistrement du décès d’un enfant risque d’accroître l’inquiétude chez la population de la région, quant à la prise en charge médicale dans l’hôpital de la région. Les deux inspecteurs centraux du ministère de la Santé, envoyés à Ouargla mercredi dernier, ont, selon le directeur de la santé par intérim, Djamel Mâameri, mené leur enquête au niveau de l’hôpital Mohamed Boudiaf de Ouargla, et présenteront un rapport détaillé à leur tutelle, a rapporté l’APS.
Les membres de la commission d’enquête ont approché le staff médical, qui a pris en charge la défunte enseignante, ainsi que les membres de sa famille. Pour rappel, l’enseignante avait été piquée par un scorpion dans son domicile, la fin du mois d’août, puis hospitalisée pendant plus d’une semaine à l’EPH-Mohamed Boudiaf, et mise sous contrôle médical, mais n’a pas survécu, suite à des complications et la dégradation de son état de santé. D’ailleurs, dans une récente déclaration à El Watan, le docteur Djamel Maamri, épidémiologiste à la Direction de la santé et de la population de Ouargla, avait souligné que «la victime a été hospitalisée suite à un arrêt cardiaque, provoqué par une piqûre de scorpion ; l’équipe de réanimation a réussi à la récupérer, mais le pronostic vital était engagé, vu le diagnostic d’une atteinte cérébrale dès le premier jour», précisant que cela relève «d’une complication et non d’une négligence». Ce qui a rajouté de l’huile sur le feu, ce sont les déclarations du premier responsable du département de la Santé sur cette affaire. Mokhtar Hasbellaoui avait déclaré que «le monde animal est un monde qui est gentil. En fait, l’homme ne fait pas de mal à l’homme. L’animal fait du mal à l’homme quand il est menacé, (…). Nous avons oublié que l’essentiel est que nous devons vivre avec notre environnement, et parfois l’environnement est hostile. Je pense qu’un travail doit être fait pour étudier le comportement des scorpions, parce que, comprendre le comportement de l’animal va nous permettre de prévenir un certain nombre d’accidents». Des propos qui ont été très mal accueillis par la population de Ouargla, les réseaux sociaux, et par le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), qui a qualifié ces propos de «déclarations choquantes et irresponsables», et annoncé l’organisation prochaine d’un mouvement de protestation. Se rétractant, Mokhtar Hasbellaoui a présenté ses excuses sur la chaîne TV Dzair news, en assurant que «mes déclarations n’ont pas été comprises. Je me suis excusé. Je n’ai jamais dit que la défunte était responsable de ce qu’il s’est passé (…)». Enfin, les piqûres de scorpion tuent entre 50 et 100 personnes chaque année, ce qui en fait, selon le ministère de la Santé, une «pathologie importante» au niveau des wilayas du Sahara et des Haut-Plateaux, où 50.000 piqûres sont enregistrées annuellement. En 2017, 45.132 piqûres ont été répertoriées dans 39 wilayas, causant la mort de 58 personnes.Bonne lécture.


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