
Le Salon Intra-Africain du Commerce (Intra-African Trade Fair - IATF 2025), qui se tient à Alger du 4 au 10 septembre 2025 au Palais des Expositions des Pins Maritimes, représente bien plus qu'une simple foire commerciale. Organisé par la Banque Africaine d'Import-Export (Afreximbank), en partenariat avec la Commission de l'Union Africaine et le Secrétariat de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), cet événement sous le thème « Une Porte d'Entrée vers de Nouvelles Opportunités » rassemble plus de 2 000 exposants et environ 35 000 visiteurs professionnels provenant de 140 pays. Avec des prévisions de transactions commerciales et d'investissements dépassant les 44 milliards de dollars, l'IATF 2025 s'inscrit comme un catalyseur majeur pour l'intégration économique africaine, dans un contexte où le commerce intra-africain ne représente encore que 15 % du total des échanges continentaux, contre 60-70 % en Europe ou en Asie.
Cet article explore en profondeur les enjeux économiques et stratégiques de cet événement, en mettant l'accent sur les pays et chefs d'État participants, ainsi que sur les absences notables, tout en s'appuyant sur des analyses contextuelles pour souligner son rôle transformateur.
L'IATF 2025 agit comme un levier concret pour la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), entrée en vigueur en 2021 et ratifiée par 47 pays africains à ce jour. Cette zone vise à créer un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs avec un PIB cumulé de 3,4 billions de dollars. En favorisant les échanges B2B (business-to-business) et B2G (business-to-government), le salon cible des secteurs clés comme l'agriculture, l'industrie, l'énergie, la santé, les transports et les startups. Par exemple, des forums dédiés tels que le Forum d'Investissement Algérien et le Creative Africa Nexus (CANEX) permettent de conclure des accords qui pourraient booster le commerce intra-africain de 52 % d'ici 2025, selon les projections de la Banque Mondiale.
Économiquement, cela adresse des défis structurels : la dépendance excessive aux exportations de matières premières vers l'extérieur (Europe, Asie, Amérique) et les barrières douanières internes. L'édition précédente (IATF 2023 au Caire) a généré 43 milliards de dollars de deals ; l'objectif pour 2025 est de surpasser cela, en intégrant des outils numériques comme l'Africa Trade Gateway (ATG) pour faciliter les paiements transfrontaliers via le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS). Pour l'Algérie, hôte de l'événement, cela signifie une opportunité de diversifier son économie pétro-dépendante, en attirant des investissements dans l'agroalimentaire et les énergies renouvelables, potentiellement créant des milliers d'emplois.
Au-delà des chiffres, l'IATF 2025 promeut une croissance inclusive. Des initiatives comme le « Jour du Diaspora Africain » et le Salon de l'Automobile Africain mettent en lumière le rôle des PME, des femmes et des jeunes entrepreneurs, qui représentent 80 % de l'emploi en Afrique mais manquent souvent d'accès aux marchés. Stratégiquement, cela aligne l'événement sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, notamment l'ODD 8 (travail décent et croissance économique) et l'ODD 9 (industrie, innovation et infrastructure). Dans un continent où la pauvreté touche 400 millions de personnes, booster le commerce intra-africain pourrait réduire les inégalités régionales, en reliant les économies du Nord (comme l'Algérie) à celles du Sud et de l'Ouest.
Cependant, des défis persistent : les infrastructures logistiques inadéquates (ports, routes) et les disparités monétaires freinent les flux. L'IATF aborde cela via des panels sur le financement, où Afreximbank s'engage à débloquer des fonds pour les PME, potentiellement via des lignes de crédit de plusieurs milliards.
L'accueil de l'IATF par l'Algérie n'est pas anodin. En tant que troisième économie africaine (PIB de 200 milliards de dollars), l'Algérie cherche à affirmer son rôle de pivot dans l'intégration continentale, particulièrement après son adhésion active à Afreximbank et au PAPSS. Stratégiquement, cela renforce sa diplomatie économique, en positionnant Alger comme un hub pour l'Afrique du Nord et le Sahel. Le président Abdelmadjid Tebboune, qui a inauguré l'événement, utilise cette plateforme pour promouvoir des partenariats sud-sud, dans un contexte de tensions globales (guerre en Ukraine, inflation énergétique).
L'événement souligne les enjeux de souveraineté économique face aux influences extérieures (Chine, UE, États-Unis). En favorisant des chaînes de valeur africaines, l'IATF réduit la vulnérabilité aux chocs externes, comme la pandémie de COVID-19 qui a révélé les faiblesses des chaînes d'approvisionnement globales. De plus, il soutient la transition énergétique, avec des focus sur les énergies renouvelables, crucial pour un continent riche en ressources mais pauvre en infrastructures.
L'IATF 2025 attire des délégations de 140 pays, dont une majorité africaine, mais aussi des acteurs mondiaux (Europe, Asie, Amériques). Parmi les pays africains confirmés via des délégations officielles :
D'autres pays africains comme le Nigeria, le Ghana, l'Afrique du Sud et le Kenya sont représentés par des ministres ou délégations de haut niveau, avec des focus sur l'agroalimentaire et les investissements. Des pays non-africains, tels que la Chine, la Turquie et des nations européennes, participent en tant qu'exposants ou investisseurs.
Aucune absence majeure n'est explicitement rapportée dans les sources officielles, soulignant une participation large. Cependant, des tensions régionales suggèrent des non-participations notables :
Ces absences soulignent les défis géopolitiques : l'intégration africaine reste entravée par des rivalités, comme celle entre Alger et Rabat, qui freine le potentiel de la ZLECAf.
L'IATF 2025 n'est pas seulement un salon ; c'est un instrument stratégique pour une Afrique autonome et prospère. Économiquement, il pourrait catalyser une croissance de 7 % du PIB continental via la ZLECAf ; stratégiquement, il renforce le leadership algérien et l'unité africaine. Pourtant, les absences rappellent que l'intégration nécessite une résolution des conflits. Avec des deals potentiels de 44 milliards, cet événement marque un pas décisif vers un continent interconnecté, mais son succès dépendra de la mise en œuvre post-salon.
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Ecrit par : Rédaction