Algérie

Le retrait israélien de Ghaza


La grande supercherie Ce sont les Israéliens eux-mêmes qui l?avaient dit : tout ce qu?ils entreprennent est tout simplement destiné à contrarier les initiatives de paix les plus sérieuses. Et c?est pour cela que le retrait israélien, applaudi par une partie de l?opinion et contesté par une infime partie des Israéliens, doit être replacé dans son véritable contexte. Il tend à rationaliser les dépenses en sécurité, et cela ne se fait pas sans contrepartie, car l?auteur de ce processus a tout prévu. Ariel Sharon a déjà prévu l?annexion de nouveaux territoires palestiniens de Cisjordanie. Le reste n?est plus qu?une vague opération de relations publiques, même si les Palestiniens sont contraints à y adhérer. Ainsi donc, et de la manière la plus solennelle qui soit, le cabinet israélien a décrété hier la fin de l?administration militaire dans la bande de Ghaza, en place depuis l?occupation de ce territoire en 1967. Il faut reconnaître que les termes sont bien pesés puisqu?il s?agit de sécurité intérieure, et les Palestiniens avaient vite fait de décrire leur nouvelle situation en parlant de prison qui sera fermée de l?extérieur, et contrôlée par Israël. Une décision en ce sens a été prise à l?unanimité par le gouvernement d?Ariel Sharon qui a, par ailleurs, donné son feu vert hier au retrait des troupes israéliennes de la bande de Ghaza. Le gouvernement a donné également son feu vert au retrait des troupes israéliennes de l?axe de Philadelphie, une piste de patrouille entre l?Egypte et la bande de Ghaza que contrôlait jusqu?ici l?armée israélienne. Des gardes-frontières égyptiens ont commencé samedi à se déployer sur cet axe, conformément à un récent accord signé entre Israël et l?Egypte. A terme, 750 gardes-frontières doivent se déployer du côté égyptien de la frontière, avec pour principale mission d?empêcher la contrebande d?armes d?Egypte vers la bande de Ghaza. Un tel accord prive les Palestiniens du droit d?exercer un tel contrôle, un signe de souveraineté que refuse Israël car cela suppose déjà la création d?un Etat palestinien ou du moins ses contours géographiques et politiques. Et un tel refus évacue toutes les questions liées au processus de paix, comme les frontières, les forces de sécurité ou encore les réfugiés. On est encore très loin de la Feuille de route, ce fameux plan de paix international qui prévoyait l?établissement d?un Etat palestinien cette année 2005 et auquel l?Administration du président George W. Bush compte donner un nouveau souffle. « Nous voulons utiliser l?impulsion créée par le retrait de Ghaza pour revenir à la ??Feuille de route??, si possible avec une énergie nouvelle », a déclaré vendredi la secrétaire d?Etat américaine Condoleezza Rice. Le haut représentant pour la politique extérieure de l?Union européenne, Javier Solana, a souhaité lui aussi qu?Israéliens et Palestiniens lancent sans attendre le processus de la Feuille de route. « Il faut rentrer dans le processus de la ??Feuille de route?? et le plus tôt sera le mieux », a déclaré M. Solana le 29 août, à l?issue d?un entretien avec le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï à Ghaza. Les Palestiniens réclament avec insistance une relance du plan international, craignant notamment qu?Israël invoque le retrait de Ghaza pour refuser une évacuation de Cisjordanie, y compris El Qods. Les Israéliens, quant à eux, recourent au chantage en exigeant le démantèlement de certains groupes palestiniens partisans de l?action armée, et l?interdiction du mouvement Hamas de participer aux prochaines élections législatives palestiniennes, prévues le mois de janvier prochain. Même la Maison-Blanche a prévenu qu?elle excluait à l?avance tout contact avec des représentants du Hamas qui seraient élus lors des législatives palestiniennes, cette formation restant à ses yeux un « groupe terroriste ». Trop de conditions pour des perspectives incertaines et un résultat, quel qu?il soit, qui n?est pas garanti. Les responsables américains, pourtant parrains du processus de paix, refusent tout engagement en ce sens et se montrent prudents sur le moment où Israël et les Palestiniens pourraient revenir à la table des négociations pour discuter des sujets difficiles comme les frontières d?un futur Etat palestinien. Le quartette, ce fameux groupe informel comprenant les Etats-Unis, la Russie, l?Union européenne et l?ONU, pourrait se réunir dans les prochains jours au siège des Nations unies, mais cela ne veut absolument rien dire en termes d?engagement, pour la simple raison que ce forum n?arrive pas à dépasser certaines contingences, elles-mêmes liées au refus israélien de se conformer à la légalité internationale.


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