Le retour des mauvais augures

L'immobilisme qui caractérise la scène politique nationale depuis une longue période, et les discours alarmistes sur la situation économique du pays, ont fini par réveiller les charognards de leur longue léthargie et attiser les convoitises de certains anciens dirigeants islamistes, pour qui, ce sentiment de repli peut servir de tremplin pour essayer de se replacer sur la scène politique, après avoir tout perdu.L'ancien chef de l'organisation terroriste, Madani Mezrag, croit pouvoir refaire l'histoire, par ses agitations morbides, en décidant de créer un «parti politique» pour lequel il va déposer une demande d'agrément au ministère de l'Intérieur, comme tout citoyen jouissant de tous ses droits civiques et constitutionnels. Il a néanmoins réussi à capter l'attention de l'opinion en ces temps de troubles. C'est déjà pour lui un premier pas. Il a poussé l'outrecuidance jusqu'à ignorer ce qu'en pensent les Algériens. Interdit d'activités et de déclarations politiques, tout comme ses anciens mentors du FIS dissous, l'ex-gourou de l'AIS ne s'encombre d'aucun scrupule pour souffler sur le brasier, tout en se drapant derrière les slogans de la «réconciliation nationale» et de «la paix». Slogans qu'il prône, non pas en guise de «mea culpa», mais pour tenter de se disculper de ses positions pour le moins criminelles dans la violence qui a fait des dizaines de milliers de morts et qui sévit encore à ce jour dans le pays. Ces velléités, aussi odieuses que dangereuses, de récupération politique de la part des anciens mentors du FIS sont le résultat de la défaillance de notre classe politique et du laxisme des autorités qui auraient pu mettre un terme à cette dérive, en appliquant tout simplement la loi. Il en va de la crédibilité de l'Etat et de ses institutions.