Algérie

Le responsable de la BEA de plus en plus confondu dans le procès BCIA




Un expert accable le directeur de l’agence «Yougoslavie» L’expert aura des mots précis et très explicites pour décrire ce qui se passait au niveau de l’agence BEA ‘Yougoslavie’ d’Oran. Outre les tirages de complaisance, il parlera également de mauvaise gestion et de mauvaise foi, allant jusqu’à qualifier le gestionnaire d’indélicat. Quant au préjudice subi par la BEA, il risque, dira-t-il, de dépasser les som-mes avancées. L’audience d’hier a été consacrée au rapport de l’expert. Désigné par le magistrat instructeur, M. Djaafri Mokhtar a conclu, après avoir mené à son terme le travail qui lui avait été confié, de l’existence de dépassements dans la gestion de l’agence BEA ‘Yougoslavie’, et estimé que le préjudice causé par les simples traites et qui concerne l’agence de la BEA ‘Yougoslavie’ et celle de Sig, est actuellement de 9 milliards 900 millions de dinars, soit près de 1.000 milliards de centimes. Il ajoutera cependant que ce chiffre n’est pas définitif : «On risque de se retrouver avec un montant qui dépasse la raison», avant de souligner que «le but de la BCIA était de s’approvisionner en liquidités sans se soucier du préjudice causé». L’expert reviendra par la suite sur les traites avalisées par la BCIA et escomptées par la BEA, qui profitaient aux clients. Comme il reviendra aussi sur les chèques de banque certifiés alors que ces derniers se sont avérés être sans provision. «De telles opérations, précisera-t-il, ont été la cause du préjudice subi par la BEA». Selon toujours M. Djaafri, «le rejet des traites par la BCIA, sous prétexte d’un retard dans leur présentation, est non fondé. Une traite, même si elle arrive deux mois après son échéance, doit être remboursée». Le juge lui demandera si la BCIA était en état de payer ses traites. «Oui, déclarera l’expert. Dans le monde bancaire, une institution qui se respecte fait appel au marché monétaire, une pratique qui existe entre les banques et qui leur permet de faire face au manque de liquidités auquel elles peuvent être exposées». D’autre part, concernant les clients et les crédits auxquels ils ont accédé par voie de dépôt, il dira avoir constaté que ceux-ci étaient insolvables. Pour en revenir aux traites, l’intervenant signalera qu’elles ont été délibérément laissées par la BEA en stand-by, ajoutant que, «techniquement, des traites avalisées par une banque de première qualité peuvent être utilisées pour toute opération comptable». Concernant les chèques certifiés en circulation, l’expert soulignera que, «du moment que la BEA n’a pas encore fait l’assainissement de toutes ses opérations internes, nous ne pouvons nous prononcer». Le juge lui demandant à quoi est arrivé le rapport d’expertise concernant la BCIA, M. Djaafri dira que, «sachant que cette banque avait cessé d’exercer au moment de l’expertise et qu’elle était en liquidation, il nous a été très difficile de prononcer des conclusions finales. La seule agence où nous avons pu vérifier certaines opérations comptables a été celle de Saint-Hubert, ce qui ne nous a été d’aucun secours». D’autre part, l’expert reviendra sur les traites signées au nom de clients fictifs et qui, en contrepartie, recevaient après chaque opération 100.000 DA chacun. «Mais, ce qu’il y a lieu de savoir, tient-il cependant à ajouter, c’est que ces clients sont responsables du mouvement de leurs comptes et qu’en plus, ils sont redevables fiscalement». Concernant les garanties apportées par ces clients, l’expert expliquera que ces dernières étaient apportées par la BCIA. Pour revenir aux dépassements dont il a été question et qui ont été relevés au niveau de l’agence de la BEA 74 (Yougoslavie), l’expert s’étonnera que la société Sotraplas ait pu bénéficier d’un crédit de 2 milliards 500 millions de dinars alors que son solde n’excédait pas 800 millions de dinars. Prenant à leur tour la parole, les avocats de la défense, chacun de son côté, demanderont à l’expert des éclaircissements sur les opérations qu’auraient accomplies leurs clients. La défense de Adda demandera ainsi pourquoi le premier expert nommé a été dirigé vers d’autres obligations. M. Djaafri dira simplement qu’il a été exempté et qu’un autre travail lui a été confié, celui de déterminer le rôle des responsables dans cette affaire, ces responsables que M. Djaafri ira jusqu’à qualifier «d’indélicats et de mauvaise foi». Les dépassements, selon sa conclusion, ont été voulus. «Nous avons eu affaire à des tirages de complaisance pour certains clients. Il a été même relevé l’existence de deux registres comptables au niveau de la BEA 74 et où les obligations des clients n’étaient pas enregistrées». Devant cet état de fait prouvé, le rapport de l’expert sera ainsi des plus accablants. M. Djaafri dira enfin, clairement, qu’«au niveau de l’agence de la BEA ‘Yougoslavie’ existait une circulation virtuelle des fonds» et que «ces opérations relèvent de l’escroquerie ». Hasna Yellès
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