Algérie

Le Ramadhan arrive, les mauvaises habitudes aussi



Le Ramadhan est là. Plus que quelques jours à faire trempette, à siroter un café au détour d'une ruelle humide, près de la halle à marée, et le silence pesant des matinées de Ramadhan s'installera. Il fera chaud, quand même. Pas du côté de Dame nature, c'est sa saison, mais du côté des hommes. De leur propension à vouloir grappiller toujours des dinars en plus, pas voler, non, mais juste racler ce qu'il faut pour ne pas provoquer une réaction en chaîne, Bien sûr, ce mois de Ramadhan ne sera pas différent des autres : il y aura au premier plan les traditionnelles envolées des cours des denrées alimentaires, à commencer par les viandes, qu'elles soient rouges ou blanches. Là-dessus, les autorités, comme dans un classique western de notre enfance perdue, vont mettre en scène la cavalerie pour aller à la chasse aux détrousseurs de porte-monnaie d'honnêtes citoyens. Sauf que là également, la cavalerie, cette cohorte d'inspecteurs en tout genre et de rien, arrivera trop tard, lorsque la flambée des prix des premiers jours de Ramadhan passera.
C'est terrible, mais c'est comme dans un scénario d'un film de série ‘'B''. La hausse des prix de la viande, des fruits et légumes et du poisson durera trois ou quatre jours, guère plus, et puis tout rentrera dans l'ordre. Pourquoi un tel phénomène, chaque année, chaque Ramadhan ' Actuellement, les cours de la pomme de terre (30 Da/kg), de la tomate (40-45 Da/kg) ou du poivron (70-80 Da/kg) sont de saison. Pas de surchauffe, comme la courgette qui se négocie à moins de 60 dinars/kg. Sauf que cette accalmie sera subitement soufflée dès jeudi sur tous les marchés du pays. La raison ' L'arrivée vendredi ou samedi de Ramadhan. Et, comme cela arrivera à la veille d'un week-end, gageons que ce sera de la folie des prix. Plus sérieusement, il existe en réalité des mécanismes bien huilés, bien organisés, qui font que les débuts de Ramadhan soient accompagnés par une poussée fiévreuse des prix des denrées alimentaires de base. Et, si du côté des autorités, on veut être rassurant avec l'annonce de mécanismes-bis de lutte contre la spéculation et les vols aux porte-monnaie, il y a ce jeu malsain qui veut que le consommateur que l'on est, aiIle à chaque fois à l'abattoir. Comme du bétail, alors que des moyens de lutte efficaces et dignes existent pour que le diktat des commerçants, à l'année ou occasionnels, ne soit pas une fatalité. Si, officiellement, il existerait près de 7.000 marchands occasionnels ou ambulants à l'année, combien sont-ils pendant le mois de Ramadhan ' La population, on le sait, est estimée à un peu plus de 35 millions. Un petit calcul, comme ajouter 10 dinars/jour par habitant à partager, allons soyons larges, entre 2 millions de commerçants recensés avec leurs RC, et les quelques clopinettes de commerçants ‘'ramadhaniens'', cela sera beaucoup de dinars. Et, comme la dépense moyenne d'un Algérien normal, c'est-à-dire ni radin ni dépensier, tourne autour de 300 dinars/jour avec les sucreries et le ‘'Gazouze'' en ce mois de grandes chaleurs, cela fait vraiment une belle cagnotte que se partagent les gens du marché. Et, comme il existe des gens du couffin, il y a les gens du marché. La différence est que les uns dépensent, les autres encaissent. Tout ça est normal. Faut juste y ajouter une bonne dose de moralité pour que le geste d'aller faire ses courses pendant le mois sacré du Ramadhan, que ce soit pour les légumes, la viande, le poisson ou autre, soit un vrai plaisir, un divertissement, pas une punition, ni aller à l'abattoir.
Un acte qui privilégie l'intérêt du consommateur et des commerçants. Avec, en prime, des produits de qualité, loin des pratiques déloyales qui ont cours dans nos marchés. Dommage, cela n'est pas encore arrivé. Du moins pas dans cette dimension spatio-temporelle qui est la nôtre.



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