Algérie

Le quartier napolitain


Des projets, enfin ! S?étalant sur 5 ha, en plein coeur de la ville, Houmet Ettalyène, ou quartier napolitain, construit entre 1838 et 1849, n?est aujourd?hui que l?ombre de ce qu?il fut. En 1996, et devant les dangers qui menaçaient certaines bâtisses, les gestionnaires de l?époque avaient décidé de démolir 46 immeubles et laisser 153 autres. Cependant, des 153 bâtisses épargnées en 1996, seules 32 sont aujourd?hui jugées en bon état. Le reste continue d?abriter des centaines de familles dans des conditions trop précaires pour être occultées. Pour se donner bonne conscience, ceux qui avaient ordonné la démolition partielle du quartier avaient préconisé, à l?époque, la restauration de 109 constructions et le confortement de 16 autres. Plus de dix ans après, aucune suite n?a été donnée. Le résultat est là avec plus de 4 000 habitants, formant 780 familles, vivant entassées dans des appartements fissurés de partout, cohabitant avec les cafards, les moustiques et les rats. Ils sont quotidiennement exposés aux effets néfastes des moisissures, de l?humidité, des infiltrations, de l?insalubrité et des dangers réels d?effondrement. Selon des statistiques officielles, le taux d?occupation par logement dépasse largement les 10 personnes avec plus de 3 par pièce. Le déficit en logement est de 209 unités. Ajoutons encore, pour comprendre le marasme des habitants de Houmet Ettalyène, que 3/4 des immeubles ne disposent pas de salles de bain, et que les familles se partagent encore des toilettes collectives dans plus de 40 constructions. Quant aux cuisines, elles existent seulement dans 20 % des appartements. Depuis 1996, la gestion du dossier du quartier napolitain n?a jamais cessé d?évoluer au gré des humeurs, et souvent des appétences foncières de certains. Pour preuve, les immeubles, dont l?état a été jugé assez vulnérable en 1996, et auxquels on avait préconisé un confortement, n?ont jamais été pris en charge, et il aura fallu attendre 2008 pour voir enfin les prémices d?une relance du dossier. Ainsi, on apprend que l?OPGI s?est finalement décidé de se pencher sur le sort d?une partie de ses biens dans ce quartier, et même d?y lancer le projet d?une bibliothèque. A ce sujet, la directrice de l?OPGI dira : « Nous avons, au préalable, lancé une étude d?ingeniering et de faisabilité pour mener une opération de revalorisation, qui concernera, dans un premier temps, trois immeubles d?un îlot. Ce sera là une première que nous devons par la suite élargir. Une étude très minutieuse a été commandée, et nous sommes allés jusqu?à l?analyse des sols avant d?engager les travaux. Les résultats se sont avérés assez positifs, chose qui nous a encouragés à entamer la réhabilitation. Nous entendons ainsi revaloriser l?aspect architectural en veillant à garder l?identité propre au site ». Pour la bibliothèque, elle devrait s?intégrer dans un espace mitoyen des îlots à réhabiliter. Selon la directrice, ce nouvel édifice est appelé à apporter un plus au quartier napolitain, en lui servant de lieu de culture. Cette première et louable approche, qui est venue à temps dépoussiérer, un tant soit peu, ce quartier, devrait, comme l?attendent les 4 000 habitants, se poursuivre pour toucher ne serait-ce que les biens publics, dans un quartier qui demeure un véritable repère pour Skikda, même si la mémoire collective aurait dû penser, durant plus de 40 ans, à aimer réellement cette ville, à la servir et à la préserver. Aujourd?hui, personne n?a le droit de laisser des centaines de familles habiter des cages à poules, juste pour la nostalgie.
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