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Le procès de la vallée du M'zab


Le procès de la vallée du M'zab
Le long et éprouvant feuilleton de Kamel-Eddine Fekhar et ses camarades en détention «provisoire» depuis 22 mois connaîtra-t-il son épilogue aujourd'hui 'Les détenus de la vallée du M'zab vont-ils enfin retrouver la liberté et voir leur calvaire carcéral prendre fin, où certains ont failli y laisser leur vie ' Tous les regards seront tournés aujourd'hui vers le tribunal criminel de Médéa qui jugera «l'affaire des événements de Ghardaïa» qui défraie la chronique depuis des mois avec des rebondissements politiques.Après une longue procédure d'instruction contestée par les avocats de la défense, parce qu'«à charge», la quarantaine de détenus de Ghardaïa vont pouvoir enfin se défendre. Ils étaient tous regroupés au pénitencier de Berrouaghia de sinistre réputation. Kamel-Eddine Fekhar, hospitalisé en raison de la grève de la faim qui a duré plus de 100 jours, est transféré au pavillon des détenus de l'hôpital Mohamed Boudiaf de la même ville.Le procès tant attendu aura lieu en deux temps, puisque deux affaires seront jugées distinctement aujourd'hui et demain. La première concernera les deux détenus Kamel-Eddine Fekhar et Benabdellah Abdellah poursuivis pour plusieurs chefs d'inculpation, dont «incitation à la haine», «attroupement illégal», «attroupement armé» jusqu'à la «tentative de renverser le régime politique». Une affaire a été instruite par le tribunal de Berriane. Demain sera le tour de la deuxième affaire qui concernera 41 détenus, dont le docteur Fekhar, qui comparaîtront devant le juge. Dix-huit lourds chefs d'inculpation pèsent sur eux.En plus des classiques accusations d'attroupement armé, non armé, incitation à la haine et la violence, ils sont poursuivis pour «tentative de renversement du régime politique», «atteinte à la sûreté de l'Etat et à l'unité du territoire». Le jugement de ces deux affaires qui se chevauchent peut durer des jours. L'avocat Salah Debouz, qui a déployé tous ses moyens pour mobiliser l'opinion autour des détenus, se dit «prudent» sur le déroulement du procès. Demain, il ne sera pas seul à plaider la cause des détenus de la vallée du M'zab.Deux ténors du barreau, Mokrane Aït Larbi et Mustapha Bouchachi se sont également constitués pour défendre Fekhar et ses amis détenus dans un procès qui s'annonce retentissant tant les événements de Ghardaïa n'ont pas révélé les tenants et les aboutissants d'une séquence de violence impliquant de multiples et obscurs acteurs aux intérêts opaques.Dès novembre 2013, la vallée du M'zab a été propulsée dans une zone de conflit avec son lot de victimes et de dégâts matériels énormes. Et ce, par l'incapacité de trouver des solutions rapides et à temps, ou probablement pour absence de volonté politique de soustraire la région aux «démons», laissant pourrir la situation. Alors que la situation qui avait atteint des niveaux critiques exigeait une implication politique sérieuse et globale, les autorités avaient fait le choix de la répression policière qui a vite atteint ses limites. A Alger, les responsables politiques se contentaient de lancer des accusations à tout-va, désignant à la vindicte des citoyens dont le seul tort était d'avoir exprimé des opinions politiques. Kamel-Eddine Fekhar, devenu figure emblématique d'une région assise sur un volcan, est montré du doigt comme étant «le cerveau de la discorde», est interpellé dans une mosquée à Ghardaïa, très loin du théâtre des violences qui se déroulaient dans la région de Guerrara.Un bouc émissaire. Il s'ensuivit un longue bataille judiciaire et politique qui n'a fait qu'attiser les tensions dans la vallée. M. Fekhar a dû recourir à la grève de la faim, risquant sa vie pour faire entendre sa voix et celle de ses codétenus. Impuissant face à la lourdeur de l'instruction, son avocat Salah Debouz a entamé une longue marche de 400 km (Alger-Laghouat) pour faire «pression» et permettre la tenue du procès d'une affaire manifestement devenue encombrante pour le pouvoir politique. Il aura lieu aujourd'hui. Un procès qui va déborder la stricte affaire contenue dans l'arrêt de renvoi. Ce sera le procès de la vallée du M'zab.
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