Algérie

Le prix Nobel Alexandre Soljenitsyne s’en va à 89 ans



Le père de la dissidence anti-soviétique tire sa révérence L’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, 89 ans, grande figure de la dissidence en URSS et auteur de romans monumentaux sur les camps soviétiques tels «L’Archipel du Goulag», est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à son domicile à Moscou. L’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a salué un «homme au destin unique» qui fut l’un des premiers à dénoncer «à voix haute le caractère inhumain du régime stalinien». Le prix Nobel de littérature est décédé «à la suite d’une insuffisance cardiaque aiguë» dimanche à 23H45, heure de Moscou. L’écrivain, très affaibli depuis plusieurs années, n’apparaissait plus que rarement en public. Des images télévisées le montraient alors recevant des hôtes dans sa maison de Troïtse-Lykovo, au nord-ouest de Moscou, en fauteuil roulant. Alexandre Soljenitsyne a révélé au monde la réalité du système concentrationnaire soviétique dans ses ouvrages «Une journée d’Ivan Denissovitch», «Le premier cercle» et «L’Archipel du Goulag». «A la fin de ma vie, je peux espérer que le matériel historique (...) que j’ai collecté entrera dans les consciences et la mémoire de mes compatriotes», avait-il dit en 2007 alors que le président Vladimir Poutine venait de lui remettre le prestigieux Prix d’Etat russe. «Alexandre Soljenitsyne a traversé des épreuves difficiles comme des millions de citoyens du pays», a déclaré le père de la perestroïka Mikhaïl Gorbatchev. «Il fut l’un des premiers à parler à voix haute du caractère inhumain du régime stalinien et de ceux qui l’ont connu mais n’ont pas été brisés», a-t-il ajouté. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a qualifié la disparition de la figure de la dissidence soviétique de «grande perte pour toute la Russie». «Nous nous souviendrons de lui comme d’une personnalité forte, courageuse, d’une grande dignité», a ajouté le Premier ministre et ex-président russe (2000-2008), en adressant un télégramme de condoléances à la famille de l’écrivain. «Son engagement littéraire et civique, sa longue et épineuse destinée resteront pour nous un exemple d’authentique abnégation, au service des gens, de la Patrie, des idéaux de liberté, de justice, d’humanisme», a-t-il poursuivi. M. Poutine a réagi le premier, avant le président Dmitri Medvedev, au décès de l’écrivain, à qui il avait déjà rendu personnellement hommage en 2007. Le chef de l’Etat a «adressé ses condoléances» à la famille et s’est, pour sa part, borné à annoncer lundi matin le service de presse du Kremlin, sans plus de commentaires. Né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk, dans le Caucase, Soljenitsyne adhère aux idéaux révolutionnaires du régime naissant et fait des études de mathématiques. Artilleur durant la Deuxième guerre mondiale, il est arrêté en 1945 et condamné à huit ans de camp pour avoir critiqué les compétences guerrières de Staline dans une lettre à un ami. Libéré en 1953, il publie en 1962 son récit sur un détenu ordinaire du Goulag, «Une Journée d’Ivan Denissovitch», avec l’autorisation du nouveau maître de l’URSS, Nikita Khrouchtchev. Pourtant d’autres livres de Soljenitsyne, «Le Pavillon des Cancéreux», puis «Le Premier Cercle» ne sortent qu’en «samizdat», les éditions clandestines, et à l’étranger, où ils connaissent un grand succès. Prix Nobel de littérature en 1970, il a été privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d’URSS. Il a alors vécu en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Russie en 1994 après la chute de l’URSS. Depuis son retour sur sa terre natale, il s’était montré critique envers l’Occident et envers l’évolution de la Russie post-soviétique, appelant à un retour aux valeurs morales traditionnelles. En 2006, Alexandre Soljenitsyne avait accusé l’OTAN de préparer «l’encerclement total de la Russie et la perte de sa souveraineté».



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