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«Le populisme provoque le repli sur un univers clos»


«Le populisme provoque le repli sur un univers clos»
Etes-vous inquiet de ce climat de défiance vis-à-vis des musulmans que certains nourrissent 'Personnellement, mon inquiétude n'a cessé d'augmenter depuis juin 2014, c'est-à-dire à la création de l'Etat islamique et la proclamation du califat. Depuis deux ans, on voit une situation de plus en plus complexe au niveau mondial. Il y a d'abord le fait de cette guerre au sein même du monde musulman ; on a vu aussi que le Ramadhan 2016 a été le plus meurtrier de ces dernières années. Ce sont avant tout des musulmans qui sont victimes de la violence. Je constate que maintenant, c'est sur tous les continents qu'il y a des attentats, des zones actives qui ébranlent les populations.En France, cela pousse à s'interroger sur la possibilité de vivre sereinement en paix et dans une vie communautaire, dans le vivre-ensemble. Dans ce contexte général, les derniers attentats qui ont eu lieu sur le territoire français amènent hélas pour certains à faire des amalgames entre islam, islamisme et communauté musulmane.C'est ce qui s'est matérialisé à Lyon par des tags menaçants. Sont-ils le fait de citoyens ordinaires ou de groupes organisés, on se pose la question. Qu'en avez-vous pensé 'On est dans une quête identitaire de tout le monde, avec une envie d'être reconnu dans ce qui fait son être, c'est-à-dire sa culture, sa croyance, ses origines. Dans ce cadre, les extrémistes de tout bord sont entrés dans une phase active de communication, de provocation. Des tags sont le fait de quelques-uns mais, dans un monde hypermédiatisé, ils prennent une importance très grande et beaucoup ne prennent plus le temps de réfléchir, de débattre posément. C'est l'émotion, l'affect, la peur qui vont prendre le dessus en oubliant tout ce qu'on a pu vivre de beau pendant des années.Il y a aussi le contexte européen du populisme grandissant. N'est-il pas nourri par le contexte médiatique qui relativise les repères et fait que les identités se questionnent 'Il y a aussi les réseaux sociaux. Dans la soirée suite à l'attaque à Munich, je me suis branché sur twitter pour regarder les échanges et j'ai été frappé par le fait que les gens se lâchent et que le racisme monte et se répand, comme sur facebook. Des personnes qui n'ont pas le recul nécessaire se laissent embarquer par des messages violents, lapidaires, schématiques. Qui plus est, on est confronté aux migrations et notamment l'exil des chrétiens d'Orient qui choquent et interpellent.Ce populisme, ce renfermement d'une partie des populations européennes, ce repli de certaines nations sur leur pays avec un refus de l'accueil, renforcé malheureusement par les craintes de l'arrivée d'hommes dangereux, provoquent le repli sur un univers clos alors que je suis convaincu que ce sont les échanges entre les cultures, entre les pays et une solidarité les uns avec les autres qui peuvent être la meilleure manière de construire la paix pour l'avenir.Peut-être est-ce trop difficile dans cette situation conflictuelle de terrorisme 'Oui, avec, on vient de le voir au niveau européen, la sortie du Royaume-Uni de l'Europe. Derrière ce référendum et son issue, c'est pour beaucoup la fin, on dit que c'est le début de la fin de l'Europe. On manque aujourd'hui les uns et les autres de se reposer sur des motifs d'espérance. On est peu à peu enclin à ne voir que de la violence, des échecs, de ne plus croire à un avenir. Je suis convaincu que le monde politique et les médias devraient dépasser les petites phrases factuelles pour nous aider, au contraire, à entrer dans une discussion de fond et nous aider à trouver les vraies raisons d'espérer.


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