Algérie

Le point



Lassitude par rapport à la violence? Au début des années 90, Les po-pulations sortaient toujours pour manifester leur colère car elles avaient la conviction que cela servirait bien à quelque chose. Depuis un bon bout de temps, depuis qu’il leur a été dit que la réconciliation, avec son corollaire l’arrêt de la violence, est en route et en bonne voie même, elles sont moins souvent sorties car elles ont fini quand même par ne plus avoir la conviction que cela servirait à quelque chose. Les populations, du moins celles qui se sont prononcées aux micros de la TV algérienne, expriment leur haine du terrorisme tout en appuyant la réconciliation, c’est-à-dire tout en se montrant disponibles à pardonner aux terroristes. Difficile peut-être, pour des observateurs étrangers, d’y comprendre quelque chose, mais il est vrai que la recherche de la paix est commune à tout le monde, sauf que chacun met ce qu’il veut dans le contenu du concept de paix et a sa propre idée sur la nature des circonstances dans lesquelles s’installera la paix. L’impression qui se dégage de l’écoute de tous les acteurs politiques, toutes catégories confondues, est qu’il y a plusieurs contenus à donner au concept de paix. Il pourrait à la limite être admis qu’il ne serait pas incompatible de lier la réconciliation avec la lutte contre le terrorisme si le pouvoir arrivait d’abord à dissocier le GSPC de la Qaïda, c’est-à-dire à briser le lien d’allégeance du premier à l’égard de l’organisation de Ben Laden, ou plutôt de l’organisation qui est présentée comme appartenant à Ben Laden. Dans le cas contraire, la question se poserait de savoir qui réconcilier avec qui. La confusion n’en serait que plus grande. Le problème demeure au niveau de la définition des missions que chacun doit remplir. Quand on dit chacun, on cible aussi bien les institutions civiles et sécuritaires que les populations. Ces dernières ont cru avoir tout fait en sortant dans la rue crier leur haine du terrorisme et soutenir la réconciliation. Leur devoir a été accompli en attendant encore le jour où elles auront à sortir pour relancer les mêmes cris. Attendraient-elles une autre occasion de sortir pour les mêmes motifs comme elles étaient sorties souvent au début de la décennie 90? Certes, ce n’est pas le chaos qui nous arrive d’Irak par des images, ce sont plus les massacres des années 90 et du début de la décennie 2000, ce n’est plus l’époque où il était plus risqué de laisser sa peau en sortant de la maison que de n’être pas victime innocente dans un coin de rue, mais tout de même, les populations savent que rien n’est fini encore de ce qui avait commencé comme violence, sauf que la nature de celle-ci a changé, les cibles ne sont plus les mêmes en général. En tout cas, nous ne sommes plus dans la situation où des populations sont ciblées exclusivement, ceci éventuellement pour faire accréditer la thèse d’un conflit interne armé.   Bachir Medjahed



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)