Algérie

Le point




Désindividualisation des responsabilités Comment en finir avec cette idée d’humilier l’autre et non de le comprendre, de le vaincre et non de le raisonner, de l’éliminer et non de le recycler, de le réprimer et non de le rassurer? Comment en finir avec la fuite de l’individualisation de la responsabilité, du rejet de la paternité sur tout échec, de la recherche effrénée de l’appropriation de tout ce qui parait positif? A Bouira, le président a opté pour le diagnostic. Il ne pouvait pas et ne devait pas faire autrement dans cette wilaya qui ne sait pas encore si la paix est revenue; en tout cas, des attentats viennent lui rappeler de temps à autre que la violence est toujours là.Or, le choix pour le diagnostic est une option pour la transparence, pour l’analyse, pour la confrontation des faits, pour un bilan sans complaisance. Il n’y a pas de diagnostic «plaidoirie» car ce ne serait pas un diagnostic. Le président a pratiquement tout dit. Sans, bien sûr, situer les responsabilités dans un contexte de solidarité entre l’équipe dirigeante. Il a raison de ne pas donner de noms, car ce ne sont pas les hommes qui ont failli mais le système. Il y a ainsi une désindividualisation des responsabilités. Nul n’est responsable, les hommes ne sont pas coupables. Jamais un ministre ou haut dirigeant ne pourra assumer ce que dit le président en prenant à son compte ses déclarations. Par contre, maintenant que le président a parlé, a dit, des membres des partis alliés vont lui emboîter le pas, avec hésitation, car ils ne sauront pas quelles limites imposer à leurs dires, du fait qu’ils n’ont pas l’habitude d’être maîtres de leurs propos et de la liberté d’action. Bâtir sa stratégie sur le meilleur usage à faire de la crise? Faire de l’hostilité de l’autre le milieu générateur de sa propre stratégie? C’est plus facile à faire. Mais s’engager dans l’autocritique, ce n’est pas évident. L’entretien de la crise? Les partis alliés auraient bien voulu que le président en impute la paternité à l’opposition. Ils auraient trouvé les arguments de poids en appui, même si l’opposition n’a jamais géré le pays. Il faut croire, pourtant, qu’il y en a qui l’entretienne puisque celle-ci dure et perdure. Ce n’est certainement pas n’importe qui peut l’entretenir. Il faudrait bien en avoir les moyens. Cela revient à dire que ceux qui ont en charge d’empêcher l’entretien de la crise n’en ont pas les moyens, ou les capacités, ou les compétences, ou les mains libres, ou tout simplement la volonté. Pourquoi alors tous les moyens sécuritaires de l’Etat, accompagnés par ceux des volontaires civils armés, ne sont pas arrivés à bout du terrorisme? Pourquoi alors tous les moyens budgétaires de l’Etat ne sont pas arrivés à diminuer la facture alimentaire? Pourquoi alors tous les beaux discours nationalistes développés depuis quatre décennies n’ont pas empêché la course vers l’obtention de la double nationalité et du pays le plus incriminé encore dans ces discours? Une perche est tendue à la paix par le biais de la réinitialisation nationale. Il est compréhensible qu’en bénéficient ceux qui croient lutter pour une cause interne, mais cela peut-il concerner ceux qui savent qu’ils luttent pour une cause internationale puisqu’ils sont affiliés à un mouvement international nommé la Qaïda? Que peut-il être dit d’un parti politique qui participe au pouvoir avec une position critique, trop critique même et qui ne cache pas son affiliation à l’Internationale islamiste? La question ne se pose pas seulement de savoir si on est en démocratie, et qu’est-ce que la démocratie, mais celle de savoir si, réellement, il serait possible d’y aller, et d’y arriver. Bachir Medjahed
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