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Le personnel du CHU d'Oran dubitatif


Un hospitalo-universitaire laisse éclater sa colère et n'hésite pas à l'interpeller : "Il faudrait qu'il vienne ici, dans nos services, et il verra ce qu'est le quotidien dans un hôpital public aujourd'hui."Dans une note publiée le 16 janvier, Abderrahmane Benbouzid avait pointé du doigt de mauvaises habitudes des personnels soignants, pouvant être passibles de sanction, comme l'utilisation abusive du téléphone portable pendant les heures de travail, les déplacements en tenue de travail en dehors des structures de santé et l'absentéisme. Mais dans nombre de services du CHU d'Oran, où les salles d'attente sont glaciales, les toilettes répugnantes et souvent dégradées, le personnel soignant fait face à une demande de malades venant de plusieurs wilayas à laquelle il ne peut pas répondre faute de moyens humains et matériels.
Une surveillante médicale explique : "Nous devons faire face à beaucoup de malades dont certains sont agressifs. C'est vrai que, parfois, on ne peut pas les prendre en charge rapidement, mais nous sommes dépassés? Nous passons une bonne partie de notre temps à tenter de régler des problèmes qui nous empêchent de nous consacrer à l'essentiel." Et d'ajouter : "Nous sommes confrontés à des pénuries qui nous empoisonnent la vie.
Il faut constamment relancer la pharmacie pour obtenir les médicaments nécessaires, parfois nous faisons appel à des collègues exerçant dans d'autres services moins sollicités pour être dépannés en consommables..." Un hospitalo-universitaire laisse éclater sa colère et n'hésite pas à interpeller le ministre : "Il faudrait qu'il vienne ici, dans nos services, et il verra ce qu'est le quotidien dans un hôpital public aujourd'hui."
L'histoire du téléphone portable ' : "Il faut savoir qu'il n'y a pas de ligne téléphonique qui relie les services de l'hôpital. Il y a des urgences, nous avons besoin d'être en contact entre collègues. Lorsque le DG a besoin de moi, il me joint sur mon portable. Je peux comprendre qu'on parle d'abus de la part des soignants parfois, mais il y a aussi leurs conditions de travail : ils ne disposent même pas de salle de repos digne de ce nom et ils doivent aller à l'extérieur déjeuner."
Au milieu de ce qui s'apparente à du superficiel, d'autres membres du personnel soignant évoquent les pénuries récurrentes de médicaments, de consommables, de produits pour les laboratoires, l'absence de respirateurs en nombre suffisant, les pannes d'équipements ? comme dans les services d'oncologie et de radiothérapie ? la suspicion à l'égard de la qualité des produits de chimiothérapie avec le nombre trop important d'échecs thérapeutiques. "Comment voulez-vous que l'on puisse accueillir correctement les malades quand nous ne disposons même pas du minimum '", s'insurgent-ils.
Pour beaucoup, l'essentiel réside dans l'accès de la population aux soins, un système de santé publique efficace, une politique de gestion réfléchie. "La gratuité n'existe plus.
En grande majorité, les bilans et explorations ne se font plus dans les hôpitaux. Il faut se rendre chez le privé et mettre la main à la poche", rappelle-t-on pour souligner l'échec du système de santé. Quant à l'accès aux soins, à Oran, les tristes faits divers de malades tentant de mettre fin à leur vie pour ne pas avoir eu les soins nécessaires sont là pour montrer ce qui est plus qu'un malaise.



D. L.
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