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Le personnel de la polyclinique de Bouzeguène en grève illimitée


Malgré les cris de détresse du personnel de la santé de la polyclinique, ni les autorités locales ni les services de santé de tutelle (DSP ou ministère de la Santé) n'ont daigné y prêter l'oreille.Les personnels médicaux et paramédicaux de tous les services d'urgence de la polyclinique de Loudha Guighil (commune de Bouzeguène) ont entamé depuis hier une grève illimitée pour dénoncer l'insécurité à laquelle ils font face durant les gardes de nuit.
"C'est le ras-le-bol généralisé, l'insécurité est banalisée, les soignants font souvent l'objet de menaces et d'atteintes à leur intégrité. Les violences verbales, les insultes et les obscénités sont monnaie courante, à telle enseigne qu'on ne les signale plus aux services concernés, sinon on passerait toutes nos journées à le faire", lâche une infirmière qui estime que la vie est devenue pour elle "des plus intenables".
Selon les explications fournies sur place par le personnel de cette polyclinique qui se trouve à six kilomètres du chef-lieu communal, les responsables de la polyclinique ont maintes fois sollicité l'affectation de deux agents de sécurité au moins pour éviter que l'irréparable ne se produise un jour. "Parfois, dès qu'un individu mystérieux arrive et commence à divaguer, on essaie dans un premier temps de le raisonner.
Parfois on réussit à le faire sortir, mais quelques instants après il revient avec d'autres arguments. Quand ça persiste, on appelle la police, mais parfois elle ne vient pas, car en dehors de l'agglomération, cela relève des prérogatives et de la responsabilité de la gendarmerie", témoigne une
femme médecin. "Notre profession est essentiellement féminine, et les agents de sécurité ne sont pas présents 24 heures sur 24. Nous sommes livrées à nous-mêmes", ajoute-t-elle, soulignant que des faits humiliants et gravissimes ont déjà eu lieu par le passé dans cette structure. "Ils sont imprévisibles et ne sont pas toujours causés par des déséquilibrés extérieurs sous l'effet de psychotropes ou de l'alcool. Ils sont aussi causés par des patients impatients après une longue attente et qui en viennent aux insultes et parfois aux mains.
Une infirmière a été giflée en plein exercice de ses fonctions en salle de déchoquage par une femme qui considère avoir attendu longtemps pour qu'on prenne en charge son fils. Elle s'en est prise à l'infirmière qu'elle a accusée de négligence, et son mari s'est mis à donner des coups de pied à toutes les portes", raconte-t-elle encore. Rien que la semaine dernière, raconte une infirmière, un jeune homme, vraisemblablement sous l'effet des psychotropes, est venu, prétextant une consultation.
Il montre son bras à la femme médecin lui demandant où sont les veines. Juste au moment où elle allait s'occuper de lui, le jeune homme sort une lame de sa poche et porte plusieurs coups sur ses propres veines, éclaboussant tout le parterre. "À plusieurs reprises, j'ai voulu démissionner ou tout au moins changer de lieu de travail. Quand on travaille quotidiennement dans la peur, il est préférable de rester chez soi", dit avec amertume l'infirmière.
Malgré les incessants cris de détresse du personnel de santé de la polyclinique, ni les autorités locales ni les services de santé de tutelle (DSP ou ministère de la Santé) n'ont daigné y prêter l'oreille.

KAMEL NATH OUKACI
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