Algérie - A la une

Le père d'une des victimes raconte


Quel est le sort des quinze harragas portés disparus au large d'Almeria, il y a deux semaines ' Noureddine Ouaddah, père d'un des disparus et porte-parole des familles de ces harragas, garde l'espoir qu'ils soient toujours en vie. "Où sont les corps ' On parle de quinze naufragés qui n'ont pas donné signe de vie depuis quinze jours. S'ils s'étaient noyés, comme certains l'affirment, leurs corps seraient réapparus", affirme-t-il. "Il se peut qu'ils soient incarcérés quelque part", ajoute-t-il. Son fils, âgé de 24 ans, fait partie des dix-sept harragas partis, dans la nuit du 1er au 2 septembre, de Stidia pour rejoindre les côtes espagnoles. "Quinze sont de Relizane dont cinq de la cité des Abattoirs et deux de Mostaganem avec un guide à leur tête", raconte notre interlocuteur. Un départ en toute clandestinité, puisque ce n'est que le lendemain matin que les familles ont appris la nouvelle. La veille de la traversée, une première tentative a été avortée après l'intervention des gendarmes, et rendez-vous a été donné pour quatre jours plus tard, poursuit Noureddine Ouaddah. Mais le destin a fait que les candidats à l'émigration clandestine embarquent la nuit de dimanche à lundi.Ce n'est que mardi après-midi que les mauvaises nouvelles commencent à affluer, faisant état du naufrage du "bôté" et de la disparition de la quasi-totalité de ses occupants. Les familles vont ainsi apprendre à travers les comptes rendus de la presse espagnole que seulement deux des passagers ont pu être sauvés et que les recherches pour retrouver d'éventuels survivants ont été suspendues environ 48h plus tard. La presse ibérique avait rapporté alors que Salvamento Maritimo, l'établissement public chargé de la sûreté maritime dans les eaux espagnoles, a suspendu ses recherches pour retrouver quinze naufragés, qui avaient quitté les côtes algériennes, à bord d'une patera cinq jours auparavant.
Selon la presse espagnole, la recherche des personnes disparues dans les eaux de cabo de Gata, ou cap de Gate, situé au sud de la péninsule Ibérique, dans la province d'Almeria, est suspendue après le sauvetage de deux hommes. Il était environ 11h48, heure à laquelle le navire marchand Reunion Bay a reçu une notification l'informant de la présence d'un homme à la mer, sans gilet de sauvetage, à environ 40 miles à l'est-sud-est de cabo de Gata.
Des témoignages contradictoires
L'hélicoptère Helimer 205 a donc été mobilisé pour le sauvetage. À son arrivée, selon la même source, il a repéré deux personnes qui avaient été repêchées par les sauveteurs. Une ambulance de soutien non médicalisée a été priée d'assister les deux hommes une fois débarqués à terre, bien qu'ils soient dans un état de santé acceptable malgré des signes d'hypothermie.
Des sources du secours maritime ainsi que de la police ont souligné des contradictions dans le témoignage des deux rescapés qui ont donné des versions différentes sur les raisons de leur présence en mer au moment de leur sauvetage et sur les conditions de la traversée. Malgré les recherches qui se sont poursuivies mardi après-midi, tant par air que par mer, après le sauvetage des deux hommes, les restes d'une patera, à moitié immergée, et sans occupants, ont été localisés. Les deux naufragés évacués par Helimer 205 vers le port d'Almeria ont été placés en garde à vue. L'un a été placé au refuge temporaire pour étrangers (Cate), où il a déjà reçu un ordre d'expulsion, tandis que l'autre a été emmené à l'hôpital pour des tests de routine après des signes de malaise.
Ce dernier, selon notre interlocuteur, se serait enfui de l'établissement hospitalier et tout indique qu'il serait actuellement en France. Quant au guide, il aurait expliqué qu'à cause du mauvais temps l'embarcation a chaviré et ses passagers se seraient noyés.
Les familles, restées sans nouvelles et ne voyant rien venir du côté des autorités locales ou centrales, ont décidé, mercredi dernier, d'organiser un sit-in devant le siège de la wilaya. "Il a fallu qu'on fasse preuve de persévérance pour qu'on rencontre enfin la première responsable de la wilaya de Relizane", souligne M. Ouaddah, qui tient à dénoncer, au passage, le mauvais accueil qui leur a été réservé par le secrétaire général de la wilaya.
Les familles ont demandé d'accélérer les démarches administratives pour alerter les autorités espagnoles ainsi que les autres pays du pourtour méditerranéen et surtout de ne plus être obligées de se déplacer jusqu'à Mostaganem pour signaler la disparition de leurs enfants dont deux mineurs qui ont embarqué lors de cette nuit fatidique.

Saïd OUSSAD
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