LE PEINTRE DE L'ABSTRAIT MAHJOUB BEN BELLA L'artiste au style percutant prépare son expo évènement de 2012

A l'étranger, l'artiste Mahjoub Ben Bella est reconnu parmi les peintres majeurs et ses œuvres figurent dans plusieurs collections à travers le monde. L'artiste a accompli plusieurs réalisations monumentales, dont les 12 kilomètres peints sur le parcours de la course cycliste Paris-Roubaix («L'Envers du Nord», 1986) ou encore les 1 800 carreaux de céramique destinés à la station Colbert du métro de Tourcoing (2000).
Il est représenté dans une vingtaine de musées du monde et collections publiques. Tellement connu et reconnu à l'étranger, mais ignoré dans son propre pays et pourtant, son cœur d'artiste et d'Algérien avant tout ne garde aucune rancune. Face à l'oubli dont il fut «victime», ce peintre de l'abstrait n'a pas hésité à dire oui à l'appel de l'Algérie, même après quarante ans d'absence involontaire.
L ors d'une rencontre conviviale avec ce peintre de renom qui était de passage à Oran, l'artiste aime parler de Mahjoub, laissant toute tentative de polémique de côté, quant à son nom de famille qu'il assume fièrement. «Si je suis parti à l'étranger en 1965, c'est uniquement pour poursuivre mes études, ça n'a rien avoir avec mon oncle Si Ahmed et les évènements du 19 Juin 1965.». Un homme est un artiste qui s'affirme et revendique son travail acharné qui l'a mené à être reconnu dans son domaine. «Si on m'appelle Mahjoub Ben Bella, ce n'est pas parce que je suis le neveu de Si Ahmed, mais c'est parce que j'ai construit mon prénom et c'est Mahjoub qui m'intéresse et non pas mon nom de famille, celui-ci c'est une étiquette. C'est mon expression, mon héritage et mon travail acharné que personne ne m'a donné. C'est la conjugaison de tous ces éléments qui a fait que Mahjoub Ben Bella existe peu à peu par lui-même, s'autonomise, se personnalise.» Longtemps oublié, ignoré ou tout simplement mis à l'écart pour on ne sait quelles raisons, un fait est là aujourd'hui : Mahjoub Ben Bella est invité officiellement pour une rétrospective de ses œuvres en Algérie, plus précisément au MAMA (Musée d'art moderne d'Alger), durant le premier semestre de 2012. Une invitation honorifique, certes, mais que l'artiste voit comme naturelle et un devoir à accomplir sans aucune hésitation, puisqu'il se revendique depuis toujours et par-dessus tout'Algérien jusqu'aux bouts des ongles. Ce projet d'exposer ses œuvres à Alger a vu le jour grâce à l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), en étroite collaboration avec l'équipe du musée d'Alger. Ainsi, il est mis à la disposition de l'artiste pas moins de 3 000 m2 d'espace d'exposition pour contenir entre 180 à 250 toiles. L'exposition devrait durer trois à quatre mois et coïncidera probablement avec le 50e anniversaire de l'indépendance. Un hasard ' L'artiste dira «oui, en tout cas pour ma part, c'est le hasard qui fait les choses, mais sans être politique et pro-anniversaire, c'est tout de même une fierté colossale que d'exposer pour la première fois dans mon pays à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance». Face aux œuvres percutantes de ce peintre de l'abstrait, on ne peut que solliciter son génie créateur pour nous faire visiter quelques aspects de son monde artistique. Qui mieux qu'un artiste pour exprimer ses œuvres ' «Oui je vous l'accorde et d'ailleurs, cela me permet de préciser que je ne suis pas un calligraphe, j'emploie la calligraphie mais elle est détournée. Les calligraphes c'est facile et moi je ne le suis pas, moi je suis un peintre de l'expression donc c'est de l'art lyrique musical, un art de transe, qui percute.» Pour Mahjoub Ben Bella, ses œuvres sont lyriques, musicales, chorégraphiques, il y a dit-il «comme un fourmillement énorme, une puissance de la multiplication dans ce que je fais jusqu'à saturation, jusqu'à la limite de la toile.» Son parcours artistique l'a mené de la figuration, aux portraits, aux paysages, puis vint le moment où dit-il «on évolue et je suis tombé dans l'abstraction, près de 45 ans que je fais cela, j'ai à mon actif plus 18 000 peintures et environ 60 kilos de dessins et d'aquarelles, c'est colossal.». Actuellement, le peintre de l'abstrait expose une quarantaine de ses œuvres au Koweït, et ce, depuis le 29 octobre jusqu'à fin décembre dans un espace de 700 m2. En parallèle, il prépare activement le grand évènement qu'il affectionne particulièrement : la rétrospective de quelques-unes de ses œuvres pour 2012, une exposition qui promet d'être hautement symbolique à plus d'un titre.
Amel Bentolba
Biographie express
Né en 1946 à Maghnia, Mahjoub Ben Bella est élève de l'Ecole des Beaux-Arts d'Oran jusqu'en 1965, date à laquelle il entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Tourcoing, puis à l'Ecole supérieure des arts décoratifs et enfin à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris. Mahjoub Ben Bella est présent en permanence sur de nombreuses scènes artistiques depuis 1970 ; ses expositions dans le monde entier ne se comptent plus la plupart des grandes villes de France et d'Europe, le Canada, New York, la Grande-Bretagne, le Koweït, la Russie, l'Egypte, la Jordanie, la Tunisie, le Maroc.
Principales réalisations
• 1982 Riyad, aéroport de Riyad.
• 1983 Lille, place de l'Arsenal.
• 1986 Roubaix, 12 km de pavés peints sur le parcours de la course cycliste du Paris-Roubaix.
• 1987 Auchel, Ciné-Théâtre, Ribérac, mur peint.
• 1989 Orléans, Hôtel de Police.
• 1993 Roubaix, Lille, Chelthenham Centre chorégraphique national, Ballet du Nord, Fresque vivante pour «la création mondiale de signatures».
• 1996 Rio de Janeiro, Biennale de Sao Paulo, projection d'œuvre sur l'aqueduc «Acros da Lapa».
• 1999 Sao Paulo, Stage de Pacaembo (projection sur 2 000 m2).
• 2000 Grenoble, Berges 2000 Tourcoing, station de Métro Colbert (céramiques).