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Le patrimoine immatériel mis en avant



Une conférence débat sur le patrimoine immatériel national s'est tenue, jeudi dernier, à la bibliothèque communale de Tigzirt. Organisée par la direction de la culture de Tizi-Ouzou, cette rencontre a drainé un nombreux public composé d'écrivains, de gestionnaires, de cadres, de simples citoyens et, surtout, pour la première fois, des invités de marque...des classes de terminales du lycée de la ville. Le personnel de la bibliothèque a fait preuve d'une remarquable organisation. La conférence a été dirigée par Farid Ighilahriz, professeur, chercheur en archéologie et ancien directeur du Parc national de l'Ahaggar, qui soulignera l'importance de la célébration du mois du patrimoine institué par notre pays, et ce dans le souci de promouvoir nos richesses, qu'elles soient matérielles ou immatérielles, en vue de leur sauvegarde. Pour sa part, Rachid Bellil, anthropologue ayant travaillé sur le Gourara, avec Mouloud Mammeri, axera son exposé sur le patrimoine immatériel. «L'Unesco a officialisé le patrimoine immatériel à travers la convention de 2003 dont l'Algérie a été l'un des premiers pays à signer». Mohand Akli Ikherbane, professeur à l'université de Tizi Ouzou et archéologue, fera un long exposé sur le bien matériel, notamment les monuments antiques et tout ce qui les entoure. «L'archéologie, chez nous, démarre avec la colonisation. C'est toute une problématique, car si les colons français ont fait connaître nos richesses antiques, ils ont aussi perpétré le pire acte de vandalisme de nos richesses. De nombreuses villes antiques, romaines ou autres, ont été rasées et leurs pierres ont servi à construire des villes nouvelles. Seules les villes éloignées ont été épargnées», estime-t-il, tout en soulignant la nécessité de reconnaître que «bon nombre de recherches ont été menées à leur époque. De 1830 à 1840, ce fut le balbutiement de l'archéologie nationale. Le colonialisme a impulsé à la spécialité un autre regard, avec la naissance, à partir de 1850, de sociétés savantes qui font des fouilles sur le terrain et consignent leurs résultats, en les publiant dans des revues, telles La société d'histoire de l'Algérie, La revue africaine, entre autres. En 1851, une ordonnance somme la colonie à appliquer la loi française sur les monuments et interdira le transfert de trésors en France. Les musées de Timgad et de Cherchell vont ainsi voir le jour avant la création, en 1890, du service des monuments algériens, qui mènera les fouilles sur la période romaine; des chercheurs, comme Ronnier par exemple, s'y sont illustrés. Puis viennent les circonscriptions archéologiques en 1949 et là, l'institution du Crape, en 1955, et jusqu'à notre actuel Cnrph, l'Archéologie nationale a eu une histoire mouvementée», raconte Bellil, qui dira enfin qu'«à l'indépendance, nous avons travaillé avec la loi française et ce jusqu'en 1967, année où une ordonnance fut émise pour gérer notre patrimoine, et en 1998, fut votée la loi sur le patrimoine. Le patrimoine matériel a eu sa loi, lui, en 1974». À noter enfin que les débats qui ont suivi les communications ont été d'une grande richesse et d'un très haut niveau. Une discussion qui serait incomplète si elle n'était pas conclue par la remarque du professeur, chercheur en archéologie et ancien directeur du parc de l'Ahaggar, Farid Ighilahriz qui a fait remarquer que «notre patrimoine est à nous. Les Français ont sciemment appelé nos ruines «ruines romaines, parce que le monde romain fait partie du monde latin. En France, ils disent «le patrimoine gallo-romain», mais chez nous jamais «berbéro-romain» par exemple». À méditer...
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