Algérie - A la une



Les relations algéro-françaises semblent connaître une cordialité bien particulière comme en témoignent les échanges "chaleureux" entre les deux chefs d'Etat. Une ambiance qui tranche avec celle, tendue, de 2019.Voilà qui devrait mettre du baume au c?ur d'Abdelmadjid Tebboune en convalescence dans un hôpital allemand : dans une interview publiée vendredi par Jeune Afrique, le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron a exprimé ouvertement son soutien à Abdelmadjid Tebboune et à sa "feuille de route". De quoi susciter des commentaires lorsqu'on sait la frilosité des Algériens lorsqu'un dirigeant français s'exprime sur la situation interne du pays.
Depuis le début de l'irruption du mouvement populaire, c'est la première fois, en effet, qu'Emmanuel Macron tient un discours qui ne souffre aucune équivoque. Non seulement il qualifie de "courageux" le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, mais affiche sa volonté à faire "tout ce qui est en (mon) possible" pour l'"aider dans cette période de transition". Reste que le chantier est titanesque, suggère-t-il en filigrane, d'autant que le mouvement populaire ne semble pas avoir dit son dernier mot.
"Il y a eu un mouvement révolutionnaire, qui est toujours là, sous une forme différente. Il y a aussi une volonté de stabilité, en particulier dans la part la plus rurale de l'Algérie. Il faut tout faire pour que cette transition réussisse. Mais il y a un facteur temps important", soutient-il avant d'admettre "qu'on ne change pas un pays, des institutions et des structures de pouvoir en quelques mois". Ce soutien franc, dans un contexte plein d'incertitudes, se décline a priori comme un renvoi d'ascenseur de la part de Macron à son homologue algérien qui, lui aussi, l'avait qualifié d'"honnête" à la faveur d'un entretien accordé à la chaîne France 24 en juillet dernier. Il témoigne aussi de l'amitié qui semble lier les deux chefs d'Etat. "C'est quelqu'un de très honnête qui veut apaiser la situation, qui veut servir bien sûr son pays la France et en même temps, permettre à nos relations de retrouver leur niveau naturel.
Les relations entre deux pays indépendants, deux pays souverains", avait affirmé Abdelmadjid Tebboune qui relève, lui aussi, le "courage" dont fait preuve le chef de l'Etat français dans son traitement de la question mémorielle. Il faut dire que ces égards tranchent singulièrement avec le contexte qui a entouré l'élection présidentielle de décembre 2019 au cours duquel une première passe d'armes a eu lieu entre les deux chefs de l'Etat le soir même du scrutin. Interrogé à Bruxelles par des journalistes sur l'issue de la présidentielle en Algérie, Emmanuel Macron avait répondu avoir "pris note" de "l'annonce officielle selon laquelle M. Tebboune a remporté l'élection présidentielle algérienne dès le premier tour". "Je ne lui répondrai pas", avait répliqué sèchement, pour sa part, le chef de l'Etat algérien soulignant que le président français était "libre de vendre la marchandise qu'il veut dans son pays".
"Mais moi, j'ai été élu par le peuple algérien et je ne reconnais que le peuple algérien", a-t-il dit. Un "coup de froid", cependant, vite dissipé. Une semaine plus tard, Emmanuel Macron appelle, au téléphone, Abdelmadjid Tebboune pour le "féliciter chaleureusement" pour son élection à la tête de l'Etat algérien. Et depuis, les deux chefs d'Etat ne manquent presque aucune occasion pour s'appeler, soit pour discuter des questions bilatérales, soit pour s'entretenir sur les questions régionales. Signe de cette nouvelle entente retrouvée entre Alger et Paris et qu'incarnent les deux chefs d'Etat : la restitution, la veille de la célébration de la fête d'indépendance le 5 Juillet dernier, des 24 crânes de résistants algériens tués par la France coloniale.
Pour remercier son homologue français, Abdelmadjid Tebboune l'avait appelé au téléphone. "L'entretien (...) a permis aux deux présidents de passer en revue un certain nombre de questions (...), notamment celles liées à la mémoire et au centre desquelles s'est retrouvée celle de la restitution, le 3 juillet dernier, des restes de vingt-quatre combattants de la résistance algérienne comme de ceux qui demeurent encore à rapatrier et du besoin de travailler à la réconciliation des mémoires des peuples des deux pays", avait indiqué la présidence de la République. Dans la foulée de ce geste historique, les deux chefs d'Etat ont désigné, chacun de son côté, un expert pour travailler sur les questions de la mémoire.
Au chapitre diplomatique, les deux pays ont renforcé la concertation et ont affiché, souvent, une "convergence de vue", selon le jargon diplomatique, sur l'approche de la résolution des crises au Mali et en Libye. Et malgré les "incompréhensions" qui peuvent survenir de temps à autre, comme cette libération d'otages dont une française en contrepartie de la libération par Bamako de plusieurs terroristes dont deux ont été appréhendés en Algérie, l'Algérie et la France, qui ont une large histoire en partage, veulent appréhender l'avenir avec sérénité et libérer des pesanteurs de l'Histoire. "L'Algérie est incontournable pour la France et la France l'est pour l'Algérie", avait estimé, en août dernier, Abdelmadjid Tebboune dans une interview accordée au journal français L'Opinion.

Ali Boukhlef


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