Algérie

Le numéro deux du DRS victime d?une crise cardiaque



Smaïn Lamari enterré hier à El Alia La nouvelle a tonné comme la foudre : le numéro 2 du DRS, le général-major Smaïn Lamari, est mort. Il était directeur de la sécurité intérieure et du contre-espionnage au sein du Département du renseignement et de la sécurité et, à ce titre, le plus proche collaborateur du patron du DRS, le général-major Mohamed Mediène, dit Toufik. « Il est parti trop tôt », diront, ébranlés, tous ceux qui l?ont connu. Le 1er juin dernier, il faisait tout juste 66 ans, lui qui est né en 1941 à Belfort (El Harrach), dans la banlieue est d?Alger. L?homme fort du renseignement militaire a été terrassé par une crise cardiaque. Il s?apprêtait à se rendre à une fête de mariage lorsque, soudainement, il a été pris d?un malaise », raconte une ancienne voisine de la famille du général, qui revenait du domicile mortuaire à Hydra. Il a été admis en urgence dans la journée de lundi à l?hôpital militaire de Aïn Naâdja avant de succomber à cette attaque dans la nuit. La nouvelle a jeté la stupeur dans les milieux politiques et médiatiques et mêmes populaires, tout particulièrement dans son ancien quartier de Belfort (voir encadré). Aux abords du cimetière d?El Alia où il devait être inhumé, il était difficile de se frayer un chemin jusqu?au carré des martyrs. Un cortège impressionnant de voitures officielles et de 4x4 de l?armée, dont plusieurs véhicules blindés, s?était formé. Une foule nombreuse a tenu à accompagner ainsi le défunt à sa dernière demeure. Dans le lot, un nombre important de personnalités civiles et militaires qui ont été unanimes à saluer l?engagement de l?homme et son courage. Si le président Bouteflika a brillé par son absence, il s?est fait toutefois représenter par son frère Saïd. Coupant court aux rumeurs le donnant fort mal en point, le chef de l?Etat, convient-il de le souligner, s?est rendu au domicile mortuaire où il s?est recueilli sur la dépouille de celui qu?il avait lui-même élevé au grade de général-major. C?était peu de temps après son élection, le 5 juillet 1999. Tout le pouvoir à El Alia D?aucuns n?ont pu le voir mais l?on affirme que le très mystérieux général Toufik, celui que l?on présente comme le personnage n°1 dans la pyramide du pouvoir algérien, était, en revanche, présent à l?enterrement. Difficile de le confirmer tant la foule était compacte et le protocole sévère, aggravé par un service d?ordre (à majorité DRS) particulièrement hermétique. Des agents en talkie-walkie, la plupart en civil, quadrillaient étroitement le cimetière. Ils prenaient spécialement en grippe les photographes, à l?affût du moindre appareil qui crépite. « On a dit c?est interdit ! H?na âskar. Nous sommes des militaires et on ne plaisante pas ! », tance sèchement l?un d?eux une reporter. Un zèle imputé à la présence pléthorique des hommes forts du régime sur les lieux. De fait, le pouvoir en entier semblait s?être déplacé à El Alia. Si Abdelaziz Belkhadem avait été retenu par une conférence de presse, une bonne partie du gouvernement était là (Abdelmalek Sellal, Chérif Rahmani, Noureddine Moussa?). Le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, était également au premier plan. Pour le reste, citons, dans le désordre, Ahmed Ouyahia, Khaled Nezzar, Mouloud Hamrouche, Issad Rebrab, et quantité de personnages du sérail ou à la retraite. Il y avait même quelques chefs islamistes parmi lesquels certains ont cru reconnaître Abdelhak Layada. L?enterrement a eu lieu aux alentours de 13h20. Une oraison funèbre a été prononcée par une personnalité militaire pour rendre un ultime hommage au « digne fils de l?ANP ». Parmi les pierres tombales alentour, on pouvait lire les noms de Mostefa Lacheraf et de Medjdoub Lakhal-Ayat, autre figure de proue du renseignement militaire. Lorsque la foule s?était enfin dispersée, le benjamin de ses six enfants, Lamine, tint à se recueillir encore quelques instants sur la tombe toute fraîche de son père. Stoïque, il semblait toutefois profondément affecté. Il était entouré de toutes les attentions. Hamid, le frère du défunt, recevait les condoléances avec un regard embué. Une biographie en pointillés De la biographie du général-major Smaïn Lamari, l?opinion ne sait pas grand-chose. L?homme que l?on se plaît à désigner comme l?un des piliers du régime, se drapait d?une très grande discrétion, à l?image d?ailleurs du général Toufik, si bien que l?on doutait hier jusque de son nom. Très peu (voire pas) de photos, ni de l?un ni de l?autre, et l?acharnement contre les photographes, au cimetière d?El Alia, participe sans doute de cette volonté de préserver une ?uvre conduite de bout en bout dans l?abnégation absolue. D?une famille originaire de Aïn Bessam, Smaïn Lamari est toutefois un Algérois d?adoption, lui dont les parents se sont implantés depuis longtemps dans le quartier de Belfort (aujourd?hui Hassan Badi), sur les hauteurs d?El Harrach. Le 5 septembre 1958 - précise une note biographique de l?APS -, le jeune Smaïn rejoint les rangs de l?ALN, dans la Wilaya IV, commandée par le colonel Youcef El Khatib. Après l?indépendance, feu Smaïn Lamari s?engage d?abord dans la police, transite par la marine avant de partir parfaire sa formation militaire en Egypte, indique l?AFP. De retour au pays, il rejoint le corps de la sécurité militaire où il fera l?essentiel de sa carrière. Avec le début du terrorisme, l?homme monte très vite en grade. Il se distinguera par un engagement implacable dans la lutte antiterroriste. De 1992 à 2000, il coordonne l?ensemble des services de sécurité. Il devient, de facto, le cerveau des « Services ». A ce titre, il sera l?artisan des accords secrets passés avec l?AIS suite à la trêve unilatérale observée depuis 1997, et qui devaient donner lieu à la loi sur la concorde civile endossée par le président Bouteflika.
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