Algérie

Le no comment du Quai d'Orsay




Le no comment du Quai d'Orsay
Le ministère français des Affaires étrangères et du Développement international n'a pas souhaité réagir publiquement aux protestations d'Alger, à la suite des révélations de Panama Papers, impliquant le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb. Jointe au téléphone par Liberté, l'adjointe au porte-parole en charge des affaires nord-africaines a affirmé que le Quai d'Orsay "n'a aucun commentaire à faire" sur ce sujet et nous a demandé de prendre attache avec l'ambassade d'Algérie à Paris.La position de réserve, qui est observée par le gouvernement français dans cette affaire, tranche avec la réaction épidermique des autorités algériennes qui se sont indignées officiellement par la voix du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Celui-ci a convoqué mercredi dernier à son département, l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, pour se plaindre d'une campagne de presse "malveillante et fallacieuse" à l'égard de l'Algérie et de ses institutions, que "l'invocation de la liberté de la presse ne saurait justifier". L'objection d'Alger est intervenue trois jours après la publication par le quotidien français Le Monde et d'autres médias de la planète, fédérés dans le cadre d'un consortium international, d'une liste exhaustive de personnalités qui détiennent des avoirs offshore dans l'un des paradis fiscaux du monde les plus convoités : le Panama.Selon une source diplomatique française, la colère de l'Etat algérien exprimé à l'égard de son homologue français est injustifiée car les révélations de Panama Papers sont le fruit d'un travail de journalistes sur lequel les autorités n'ont aucun contrôle. Au journal Le Monde, les journalistes ne semblent plus enclins à évoquer le sujet qui fâche. Joint au téléphone puis par e-mail, Joan Tilouine, le reporter qui a travaillé sur la partie africaine et algérienne du scandale, n'a pas voulu se prononcer sans l'aval de ses responsables. Le directeur de la rédaction, Luc Bronner, n'a pas donné suite non plus à notre demande d'interview.Les autorités algériennes ont pris prétexte de la publication, mardi dernier, de la photo du président Abdelaziz Bouteflika en première page du journal, parmi d'autres chefs d'Etat impliqués dans le scandale, pour s'indigner.Lors de son entretien avec l'ambassadeur de France, Lamamra a évoqué "des manipulations diffamatoires délibérément dirigées contre l'institution présidentielle". Le Monde avait publié des précisions. Ce rectificatif n'arrange pas vraiment les choses. Pis encore, il accable davantage les personnes citées dans les fichiers, dont un ministre en exercice chargé de recevoir, à partir d'aujourd'hui, des membres de la délégation française qui sera conduite par le Premier ministre Manuel Valls. Comme le Quai d'Orsay, Matignon a préféré garder le silence sur la controverse soulevée par les Panama Papers, de l'autre côté de la Méditerranée, se contentant d'affirmer que la visite de Valls à Alger aujourd'hui et demain, dans le cadre de la troisième session du comité intergouvernemental de haut niveau, se déroulera comme prévu.Le ministre de l'Industrie devra rencontrer le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, pour finaliser la signature d'accords prévus de longue date, dont l'implantation d'une usine du constructeur Peugeot près d'Oran. S. L.-K.


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