Algérie - Revue de Presse

Le Mujao menace : L'horizon s'assombrit pour les otages algériens



L'horizon s'est brusquement assombri dimanche pour les sept diplomates algériens détenus par les «djihadistes» du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Dans ce qui semble être une forte pression sur Alger, le groupe terroriste a indiqué que la vie des otages algériens «est en danger». Selon un message transmis par le Mujao à l'AFP, des négociations avec une délégation algérienne se sont soldées par un échec. « La délégation algérienne (...) a refusé complètement nos demandes, et cette décision mettra la vie des otages en danger», a indiqué le message signé par Adnan Abu Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao. Aucune indication n'a été donnée sur la nature des «demandes» formulées par le groupe armé, mais dès samedi, des informations ont commencé à contredire le relatif optimisme affiché par les autorités algériennes. Il est vrai que cet optimisme paraissait fondé puisqu'un responsable du Mujao avait déclaré que le mouvement avait donné son «accord pour la libération de sept personnes arrêtées sur le territoire algérien à Gao». Le groupe rebelle islamiste Ançar Eddine qui faisait office de médiateur et dont le dirigeant Iyad Ghaly est connu des algériens, semblait intéressé à arracher la libération des otages algériens afin de ménager l'avenir. Mais il semble que ses capacités de persuasion sur le Mujao soient limitées. A moins qu'Ançar Eddine - ce qui n'est pas impossible – agisse en complice avec le Mujao.

«NOUS AVONS DES RECLAMATIONS»

Le premier message contredisant l'optimisme officiel est venu du chef du Mujao, Hamada Ould Khaïrou, qui a démenti les informations et rumeurs sur l'imminence de la libération des otages algériens. Dans une apparente volonté de mettre Ançar Eddine hors du coup, il avait déclaré que seul le Mujao décidera du sort des otages. Et surtout, il avait exclu de les libérer sans conditions comme apparemment cela a été le cas pour l'otage suisse. «Nous ne les avons pas enlevés pour leur baraka. Nous avons des revendications… Nous les communiquerons aux parties concernées». Il n'est pas difficile d'imaginer le type de «réclamations» que peuvent faire les groupes armés : de l'argent ou la libération de djihadistes emprisonnés. Deux options constamment rejetées par l'Algérie officielle qui a fait campagne depuis des années contre le paiement des rançons aux groupes armés. Pour les autorités algériennes, cela renforce ces groupes et surtout encourage le développement de l'industrie de l'enlèvement au Sahel. Certaines capitales occidentales ont beau affirmé officiellement refuser de payer des rançons, elles n'en ont pas moins négocié et payé pour obtenir les libérations de leurs citoyens détenus en otages. Alger refuse, apparemment, de suivre cette démarche. Le message menaçant du Mujao ne peut en tout cas qu'inquiéter les familles. A l'évidence, le gouvernement algérien ne peut se déjuger sur ce qu'il a constamment affirmé en matière de rejet des rançons.

METTRE IYAD GHALY SOUS PRESSION

Son seul levier de pression reste une responsabilisation d'Iyad Ghaly, le rebelle targui islamiste qui s'est fait aider dans son action au nord du Mali par Aqmi et le Mujao. Et on peut penser que les services algériens ont des canaux pour faire comprendre à Iyad Ghali qu'il sera comptable personnellement du sort des otages algériens. L'armée algérienne parait en tout cas dans une posture de grande vigilance et être prête à agir. Dimanche, des membres du Mujao qui cherchaient à attaquer des camions citernes de carburants ; reliant Tamanrasset à Tinzaouatine ont été éliminés par l'armée algérienne. L'opération menée par des hélicoptères a fait vingt morts. Le Mujao qui ne comprendrait qu'une centaine d'éléments, essuie ainsi de très lourdes pertes. Cela aura-t-il une incidence sur le sort des otages ? C'est une question fondée. Mais la réaction efficace de l'armée algérienne contre un convoi de 4X4 du Mujao dans le territoire algérien sert aussi de message à Iyad Ghaly. Le nord du Mali est aujourd'hui sans Etat et l'Algérie pourrait intervenir, à un moment ou un autre, pour punir le chef d'Ançar Eddine en cas d'issue malheureuse pour les otages algériens.

A BAMAKO, LE DESORDRE

Une démarche algérienne plus importune risque d'autant plus de s'imposer qu'il ne faut pas attendre grand-chose de Bamako où l'instabilité politique est plus que jamais de mise. Les putschistes qui continuent de ne pas vouloir céder le pouvoir à Bamako sont désormais en confrontation avec des forces loyales à l'ancien président Amadou Toumani Touré (ATT). Les putschistes ont beau affirmé avoir repris la maitrise de la situation ; des affrontements ont renoué hier près d'un camp des forces loyalistes. Des sources médicales ont fait état d'un bilan provisoire, de 14 morts et de 40 blessés dans des affrontements ; qui ont commencé lundi soir par des attaques contre le camp des «ex» putschistes à Kati, l'aéroport et la radio-télévision nationale (ORTM). Un «contre coup d'Etat» raté contre des «ex-putschistes» qui refusent de lâcher prise. Le Cédéao avait décidé le 26 avril à Abidjan, d'envoyer une force ouest-africaine à Bamako pour «sécuriser» la transition politique. Mais le chef des putschistes, le capitaine Sanogo a rejeté ces initiatives, affirmant qu'«aucun soldat étranger ne foulera le sol du Mali sans demande du gouvernement malien». Bamako n'est pas prêt de reprendre sa stabilité et encore d'avoir un rôle dans le nord tombé entre les mains des rebelles et des groupes djihadistes.


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