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Le mot d'ordre de boycott sera-t-il suivi '



Le mot d'ordre de boycott sera-t-il suivi '
Journée sans achat aujourd'hui ! Le mot d'ordre lancé par l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce) est perçu différemment par les clients et les commerçants dans les marchés de la capitale. Si certains trouvent l'opération «irréfléchie», surtout parmi les commerçants et même par la Fédération des consommateurs, très hostile, d'autres saluent une telle démarche.Au marché T'nach, à Belouizdad, un quinquagénaire avoue avoir eu vent de l'action par la presse. «L'association a lancé une idée intéressante, mais je ne pense pas qu'elle aura l'écho voulu. Même si j'approuve cette action qui doit recevoir le soutien de larges pans de la société, je ne pense pas que les consommateurs répondront favorable le jour J. Ses initiateurs auront sûrement honte d'annoncer un quelconque taux de suivi. Les gens sont trop occupés.Ils soupçonnent derrière toute action, qu'elle vienne d'en haut ou d'en bas, une arrière-pensée politique», estime S. Dahmane, résidant de la rue Fayçal Mebarek, dans la commune de Belouizdad. La fièvre consumériste s'empare chaque jour de ce quartier populaire, où les prix affichés sont jugés «plus abordables» comparativement au centre de la capitale.L'opération, lancée par l'organisation présidée par Mustapha Zebdi, qui n'en est pas à sa première action, ne cible pas seulement les clients, dont elle cherche à fléchir le comportement, mais aussi les commerçants. Un vendeur du marché T'nach doute que la démarche fasse baisser les prix vu que ce n'est jamais le consommateur ni même les vendeurs au détail qui «décident», mais des «facteurs impossibles à maîtriser». «Les prix n'obéissent pas vraiment à la règle de l'offre et de la demande. La marge bénéficiaire augmente du grossiste à l'acheteur final de plusieurs dinars à cause des spéculateurs», estime ce commerçant de fruits et légumes, qui n'ose pas mettre des affichettes pour «ne pas rebuter les clients».L'UGCAA soutient le boycottContrairement à la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), qui affiche son opposition à une telle démarche, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) apporte son soutien total. «Nous avons décidé de soutenir l'action pour deux raisons. La première, c'est qu'elle ne vise pas spécialement le commerçant, qui est lui-même consommateur. Il est dans l'intérêt d'un vendeur de garder ses clients et de vendre ses produits à des prix réduits.La seconde raison est liée à notre conviction que les prix augmentent en raison principalement de la perturbation dans l'offre», estime le porte-parole de l'Union, El Hadj Tahar Boulenouar, qui a «hébergé» l'association de Zebdi le temps d'une conférence. Selon le porte-parole de l'Union, les augmentations sont excessives, d'où la décision d'un «boycott».«La hausse moyenne pour les légumes secs est de 25 à 30%.Les lentilles vendues à 80 DA au mois d'août sont cédées ces derniers temps chez l'épicier à 180 DA, soit, pour ce cas, une augmentation de 120%. C'est indécent. La viande blanche connaît également une augmentation moyenne de 15% (le poulet est vendu à près de 420 DA). Il en est de même des fruits et légumes, mais aussi des produits importés. Cette tendance haussière se poursuivra en début d'année prochaine.La raison est toute simple : la désorganisation des circuits de stockage monopolisés par certains, et une distribution défaillante», reconnaît M. Boulenouar, qui estime qu'on ne devrait pas s'attendre à une baisse des prix pour les produits importés en raison de la dépréciation constante du dinar. Au marché Redha Houhou, où les clients sont saignés à blanc par les augmentations successives des prix, le scepticisme sur le succès de l'appel de l'Apoce est de rigueur.«La démarche est intéressante. Chez nous, les gens n'ont pas l'habitude de boycotter des produits, même ceux des Yankees. Peut-être que les choses vont changer. Cette association aura plus de succès dans quelques mois ou années. Le client, qui partage le constat de ces boycotteurs, doit être sensibilisé davantage sur le travail collectif», estime une sexagénaire habitant la rue Khelifa Boukhalfa. «Il ne faudra pas s'attendre à une baisse des prix le lendemain de l'action. Le travail engagé par l'Ugcaa et l'association des consommateurs est de longue haleine», estime M. Boulenouar.







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