"Le métal ne se démocratisera jamais en Algérie"

Le groupe de métal algérien Lelahell a lancé, le 4 avril une campagne de financement participatif "crowdfunding" sur la plateforme "Indiegogo" pour une durée de six semaines (jusqu'au 15 mai), afin de réaliser leur prochain album Alif dont la sortie est prévue pour 2017. C'est une première pour un groupe de métal en Algérie, indique le communiqué du groupe, et qui s'inscrit dans une tendance de plus en plus répandue dans le monde de la musique, notamment les formations de style métal, qui se tournent vers ce moyen pour financer l'enregistrement des albums, les tournées, et les équipements. Le groupe compte atteindre les 8000 euros afin d'enregistrer son album en Pologne sous la direction des frères Wieslawscy. Dans cet entretien, le leader du groupe, Redouane Aouameur, est revenu sur cette nouvelle forme de financement, sur la place du métal en Algérie, ainsi que sur son film "Highway to Lelahell", un documentaire de métal algérien, (diffusé sur le net, le 1er janvier 2016).Liberté : Pourquoi avoir choisi le crowdfunding pour votre prochain album, et non le circuit traditionnel des producteurs'Redouane Aouameur : Avec l'avènement des nouvelles technologies, tout a complètement changé. De nos jours, un groupe qui veut réussir doit s'occuper de tout : de la promotion, du booking, de l'enregistrement, du clip vidéo, du merchandising...C'est pour cela que les groupes ont recours, aujourd'hui, au financement participatif (crowdfunding), qui leur permet de récolter des fonds pour pouvoir financer leurs projets. Et c'est grâce à ce genre de pratiques que le métal arrive à se maintenir.Donc, pour ce genre de musiques, le circuit traditionnel des producteurs n'existe plus, sauf pour les grands groupes de la pointure de Metallica.Est-t-il difficile pour les groupes de métal de se faire financer en Algérie 'Jusqu'à présent, après 48 heures de campagne (une campagne qui s'étendra sur 6 semaines), nous avons déjà atteint 2% de notre objectif ce qui est à mon avis très encourageant.De nos jours, il est très difficile pour un groupe de métal où qu'il soit dans le globe de se faire financer par un organisme ou autres. Justement, le métal en Algérie, s'est-il démocratisé 'Malgré le public et les groupes qui sont toujours présents, tant qu'il y aura toujours les mêmes problèmes qui persistent comme le manque de salles et des lieux de répétition, le métal ne se démocratisera jamais en Algérie. C'est une musique qui doit vivre et qui doit être jouée en live avec les moyens qu'il faut. Il faut laisser les jeunes s'exprimer.Vous allez enregistrer votre nouvel Album Alif en Pologne, sous la direction des frères Wieslawscy qui ont déjà produit des groupes tels que Vader, Decapitated, Kronos... Comment êtes-vous entré en contact avec eux'En février 2015, je suis parti faire un stage de deux semaines dans leur studio le Hertz studio situé à Bialystok en Pologne, ce qui m'a permis d'approfondir mes connaissances en enregistrement et en mixage, mais aussi de faire leur connaissance. On a choisi ce studio, car leur son est à la fois "lisse" et "organique" et on estime qu'il correspond parfaitement à la musique de notre prochain album Alif. Il sortira début 2017. Il est en cours de réalisation, et comportera entre 9 et 10 titres. Musicalement, il sera plus technique que le précédent avec une touche locale plus prononcée. Les textes parleront principalement de sujets sociaux.Vous avez produit un documentaire Highway to Lelahell, un documentaire de métal algérien, disponible sur Youtube, pouvez-vous nous en parler, et comptez-vous le projeter sur grand écran 'Highway to Lelahell est un documentaire de 52 minutes qui retrace ma carrière de musicien depuis le début jusqu'à nos jours. C'est en même temps une occasion de revenir sur les étapes marquantes du métal et du mouvement métal dans notre pays.Le documentaire a été lancé le 1er janvier 2016, sur la chaîne officielle de Lelahell : http://www.youtube.com/lelahellband. On a eu de très bons échos, on l'a envoyé aussi à quelques chaînes de télé étrangères, et on attend leur réponse. Le documentaire a été diffusé à la salle El- Khayamm (ex-Debussy), et il sera probablement projeté à l'Institut français d'Alger. Pour aider le groupe :http://igg.me/at/lelahellY. A.