Algérie

Le mégaprojet a été confié à l’Office national de l’irrigation et du drainage : L’Albien au secours de Deglet Nour




Pour sauvegarder les palmeraies et les oasis de la vallée de Oued Righ, des exigences s’imposent. D’une part, de gros investissements sont nécessaires pour réhabiliter et développer la phoeniciculture (production dattière) de la région par une utilisation rationnelle de l’eau, une diversification des cultures par la revivification des palmeraies existantes et la mise en valeur de nouvelles terres.

D’autre part, une limitation des ouvrages de captage, un contrôle plus rigoureux dans l’exploitation et la gestion des eaux ainsi que la valorisation d’autres ressources, notamment le tourisme et l’industrie de transformation, d’un intérêt certain pour la région. Le tout doit s’insérer dans le cadre d’un plan d’aménagement global qui concerne toute la région. Il s’agit là d’une recommandation exprimée dans une étude faite il y a quelques années par deux chercheurs du département d’agronomie de l’université de Ouargla. Les deux spécialistes, Dr Saker et Daddi Bouhoun, s’ils associent le développement de la palmeraie à l’incontournable apport de la nappe phréatique de l’Albien, ils n’omettent pas cependant d’évoquer divers problèmes. « Ils sont essentiellement d’ordre hydraulique, technique, agronomique, organisationnel et éducationnel. Les conséquences sont néfastes sur les rendements en dattes, et dans certaines situations extrêmes, à cause de la salinité des sols, la mort de beaucoup de palmeraies et d’oasis de la vallée de Oued Righ », relèvent encore ces spécialistes. L’enquête qui s’apparente à un véritable SOS n’est pas restée lettre morte. Les conseils prodigués sont aujourd’hui perceptibles sur le terrain depuis que l’Office national de l’irrigation et du drainage (ONID) a lancé le projet éponyme. Les travaux s’étendent sur un territoire de plusieurs milliers de kilomètres carrés, dans trois wilayas, Ouargla, Biskra et El Oued. Cet organisme sous tutelle du ministère des Ressources en eau est appelé, en effet, à la rescousse d’une vallée (Oued Righ d’une longueur de 150 km, 20 000 ha de plantations, environ 3 millions de palmiers, soit 30% du parc national) connue comme étant pourvoyeuse principale en matière de production de dattes, notamment la célèbre variété de Deglet Nour.

52 000 tonnes de dattes déjà acquises

Deux périmètres irrigués sont au chapitre, l’un concrétisé, en 2001, est d’une superficie de 3680 ha, l’autre de 2780 ha, en cours de réalisation, accuse un retard. L’ONID est chargé de remettre le projet « clés en main » : constructions et équipement des forages, assainissement, irrigation et constructions de lignes électriques. « La ressource en eau du périmètre est captée sur deux nappes différentes, grâce à des forages qui peuvent atteindre 2000 mètres de profondeur », nous a indiqué Abdelhak Kafi, directeur régional de l’ONID pour le Sahara. Les eaux de l’Albien, emprisonnées depuis des millions d’années, jaillissent du sol sous une température de plus de 60 degrés centigrades. Elles sont refroidies grâce à un système composé de réfrigérants (espèce de bâtiment en béton armé dont la hauteur est dotée d’un ventilateur géant). Ces systèmes qui accompagnent systématiquement l’ensemble des forages permettent à la ressource hydrique de poursuivre son chemin (vers la palmeraie) sous une température modérée. Condition sine qua non pour la survie du palmier dattier avec à la clé une salinité négligeable. Plusieurs de ces infrastructures ont été réalisées par une société italienne dont la filiale algérienne, INC Algérie, était en train, lors de notre visite sur site (Sidi Mahdi, à proximité de l’aéroport de Touggourt), de creuser le forage n° 5. « Le matériel est le même que celui utilisé pour les forages pétroliers », nous explique, au pied d’un immense derrick, le responsable du chantier, Enzo Morelini. Cette société qui a réalisé des travaux pour le compte des secteurs agricole et hydraulique algériens est présente en Algérie depuis 1996. « Nous sommes satisfaits de son travail. En plus, elle utilise la main-d’œuvre locale, constituée de pas moins de 150 agents. Ces derniers maîtrisent aujourd’hui les techniques les plus pointues du forage en haute profondeur », témoigne-t-on à l’ONID. Pour ce qui est de la tranche 2 du périmètre de Oued Righ, l’ONID a également mis le paquet qui consiste en l’équipement, toutes opérations confondues, d’une palmeraie de près de 3000 ha. « Nous devons réaliser 4 forages (profondeur variant de 1800 à 2000 mètres) avec un débit moyen de 120 litres par seconde et 7 réfrigérants. Avec ce projet, la production dattière passera de 25 000 t/an à 36 000 tonnes/an. Près de 6000 emplois (directs et indirects )seront créés grâce à ce périmètre irrigué », aime à signaler le chef du projet de la tranche 2, Abdelnasser Bassa. Avant le projet de l’ONID, la vallée produisait 36 000 tonnes de dattes par an. Depuis la mise en service de la première tranche, la production a atteint 52 000 tonnes. Autre réalisation non moins nécessaire pour ce mégaprojet, le grand canal de Oued Righ. Sa mission est d’éviter que la vallée soit inondée à cause de la remontée des eaux. D’une longueur de 150 km, dont les deux tiers sont aménagés, cet ouvrage traverse les territoires de 19 communes répartis entre les wilayas de Ouargla (65 km) et d’El Oued (85 km). Les responsables de l’ONID ont exprimé leur inquiétude quant au débit important du canal qui avoisine annuellement le volume d’un barrage moyen. Des inquiétudes qui sont en rapport avec le recours excessif aux forages par les tiers et au volume important des eaux qui remontent en surface. « D’où l’idée de la réutilisation de cette eau excédentaire qui est par ailleurs exploitée par l’Enasel au niveau du chott pour l’extraction du sel », préconise l’ONID. Le projet Oued Righ a nécessité une enveloppe de près de 9 milliards de DA. « Le plus gros est à venir, autrement dit assurer la pérennité de l’ouvrage. Et pour que cela soit possible, l’irrigant doit comprendre que la prestation n’est pas gratuite », explique M. Kafi, directeur régional, avant d’ajouter : « Nous sommes conscients du rôle que joue l’ONID dans le développement agricole. C’est pour cela que la redevance est insignifiante, à peine 2 DA le mètre cube ». Nacer Mohamed, un exploitant de 200 palmiers, reconnaît que grâce à l’ONID (réseau, forage, curage des fossés d’assainissement), sa quantité de dattes va en augmentant. « De 25 à 30 kg par palmier, la production a atteint cette année les 75 kg », dit-il, satisfait. « Nous vivons une bonne saison », renchérit un autre, rencontré à Djamaâ. Sa production a atteint cette année les 150 kg par palmier. Ces deux fellahs, dont la facture se limite à quelques milliers de dinars par an, sont parmi les rares exploitants à s’acquitter de leurs redevances auprès de l’ONID.


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