Algérie - Revue de Presse

Le Maghreb, locomotive des réformes ?



Le prochain sommet arabe d?Alger, prévu en mars, pourrait bien marquer le début d?une nouvelle ère dans la région de l?Afrique du Nord et du Moyen-Orient. C?est que ce sommet va, une fois n?est pas coutume, être celui du changement. Les capitales arabes, Alger en tête, évoquent la nécessité de « réformer » la ligue. Soixante ans après sa création, cet ensemble a pris des rides. La ligne est devenue lourde. Son efficacité est presque nulle. Les principales critiques qui sont faites à son égard sont venues principalement du Maghreb. C?est que la ligue, dont le siège est au Caire, se confond avec le Machrek en général, l?Egypte en particulier. Un pays qui refuse d?admettre que l?idée du « leader » du monde arabe a cessé d?exister. Les données géostratégiques ont presque radicalement changé. Si au Caire le statu quo est de mise, ailleurs quelque chose bouge. Au Maroc et en Algérie, notamment. Il est vrai que le rythme et la qualité des changements sont différents. En dépit de la faiblesse de la vie démocratique dans ces deux pays, il existe une volonté, au sein de la société surtout, de bousculer l?ordre établi. Même la Libye, qui semblait s?enfermer dans des convictions surréalistes, parfois trop légères pour être prises au sérieux, tente d?ouvrir des fenêtres sur la Méditerranée, l?Europe et les Etats-Unis. La Libye donne l?impression de vouloir devenir un pays comme les autres. Au-delà des « petites » querelles, apanage de régimes en mal d?émotions, entre les capitales maghrébines, une prise de conscience commence à prendre forme pour agir en groupe. Alger a proposé à Rabat et à Tunis de rassembler leurs forces autour des questions économiques. C?est que les trois pays ont un point commun : ils sont signataires d?un accord d?association avec l?Union européenne (UE). Tripoli prendra probablement le train en marche, puisque des négociations vont bientôt être ouvertes avec l?UE pour arriver à un accord de même type. Le cadre informel des 5 + 5 regroupe les pays du Maghreb qui commencent presque à parler le même langage, face aux partenaires européens sur, entre autres, les questions de l?immigration et de la sécurité. Rabat a accueilli, début décembre 2004, le Forum sur l?avenir, une initiative américaine, soutenue par le G8, sur les réformes politiques, sociales et économiques à engager dans la région de l?Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Washington, qui a surmonté une certaine résistance égyptienne, a installé sa représentation du MEPI (partenariat pour le Moyen-Orient) à Tunis alors qu?au départ, cette initiative n?était pas destinée au Maghreb. Tout peut être dit sur des réformes « imposables » de l?extérieur. A commencer par l?idée, récurrente dans la région, de l?ingérence étrangère et de « la spécificité ». Mais les choses semblent évoluer dans un sens où tout le monde admet la nécessité de sortir de l?immobilisme et des Républiques-royaume. Cette transition est difficile. Mis à part le Bahreïn, le Yémen et le Liban, qui tentent de croire que les libertés ne sont plus un luxe en 2005, le Moyen-Orient somnole. Si ce n?est la nouvelle dynamique créée par les élections palestiniennes et l?actualité douloureuse de l?Irak et de l?Arabie Saoudite, il ne se passe presque rien dans cette partie du monde. Cela, fatalement, va donner naissance à une certaine « rivalité » qui mettra aux prises un Maghreb en mouvement et un Machrek qui s?ennuie. Ce n?est pas par hasard que le Caire a réagi, d?une manière presque épidermique, à l?idée de réformer sérieusement la Ligue arabe. « Nous ne voulons pas que la Ligue arabe devienne une annexe du ministère des Affaires étrangères égyptien », a déclaré, lundi à la radio nationale, Abdelaziz Belkhadem, ministre d?Etat, ministre des Affaires étrangères. Le mot est lâché. A prévoir des déclarations du même genre, à partir du Maghreb, à l?approche du sommet d?Alger. L?Egypte est irritée par la proposition de l?alternance au pouvoir au sein de cette structure. Comme elle est embarrassée par « les pressions » soft des Etats-Unis et du G8 pour engager des réformes. « S?il y a une volonté arabe réelle de provoquer un changement global dans la vie et les relations interarabes, la réforme doit commencer par notre ombrelle politique qui est la Ligue arabe, ainsi que par le secrétariat général de celle-ci », a déclaré, en 2004, Abdelaziz Belkhadem au journal égyptien Al Ahram Hebdo. Mars prochain permettra d?y voir plus clairement. C?est peut-être le début de la fin d?une certaine idée du monde arabe.
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