Algérie - Revue de Presse

Le Liban sous le choc après l??assassinat de Hariri



La Syrie pointée du doigt Le Liban était sous le choc hier et l?armée s?est déployée en force au lendemain de l?assassinat de l?ancien Premier ministre Rafic Hariri, dont les obsèques populaires auront lieu aujourd?hui. Beyrouth donnait l?aspect d?une ville fantôme, en état de siège, avec le déploiement de l?armée. Récemment soudée face à Damas, l?opposition libanaise a accusé la Syrie et le régime libanais pro-syrien d?être responsables de l?attentat. De fortes suspicions internationales pèsent aussi sur Damas qui a rejeté toute implication et dénoncé rapidement cet assassinat. L?opposition a exigé « le départ du pouvoir » libanais ainsi que « le retrait total » des 14 000 soldats syriens du pays « avant les élections législatives » libanaises prévues au printemps. Des manifestations se sont produites dans plusieurs villes du pays pour dénoncer l?assassinat et accuser la Syrie. Des manifestants en colère ont violemment battu des ouvriers syriens à Saïda (sud), ville natale de Hariri. L?opposition, la presse libanaise et internationale accusent ouvertement la Syrie dans l?assassinat de l?ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri. Des appels à une enquête internationale ont même été lancés. Récemment soudée face à la Syrie, cette opposition, composée de chrétiens et de musulmans, a fait assumer aux « pouvoirs libanais et syrien la responsabilité » de l?attentat de lundi. Dans un communiqué publié lundi soir à la suite d?une réunion urgente, l?opposition a appelé « la communauté internationale » à se saisir du crime en « formant une commission d?enquête internationale en raison de l?absence absolue de confiance » dans le pouvoir libanais. L?opposition a exigé « le départ du pouvoir actuel et la formation d?un gouvernement transitoire ainsi que le retrait total des troupes syriennes avant les élections législatives » prévues au printemps. Rejetant un appel au dialogue lancé par le président Emile Lahoud, elle a affirmé que ses propres réunions « tiennent lieu de congrès national et reste en séance ouverte ». SPÉCULATIONS ET ACCUSATIONS Des proches collaborateurs de Rafic Hariri, comme le député Walid Ido, ont été jusqu?à dire leur refus de voir le gouvernement pro-syrien participer aux obsèques prévues cet après-midi. Le général libanais Michel Aoun, un des ténors de l?opposition, qui vit en exil à Paris, a ouvertement évoqué « la responsabilité de la Syrie ». « Ils sont responsables. Ce sont eux qui tiennent la sécurité et les services de renseignements (à Beyrouth) », a-t-il déclaré. Michel Aoun a ajouté qu?il soutenait la démarche de la France qui a demandé une enquête internationale sur l?assassinat. Selon lui, la tenue d?élections est impossible « tant que le Liban est occupé par la Syrie ». « Les Syriens doivent être tenus en laisse », a-t-il lancé. Pour un autre député de l?opposition, Marwan Hamadé, qui a été grièvement blessé en septembre dans un attentat, après s?être opposé à la reconduction de M. Lahoud à la tête de l?Etat, voulue par la Syrie, « les responsabilités sont connues ». « Elles commencent à Damas, elles passent par (le palais présidentiel libanais) Baabda et le gouvernement libanais et les services de renseignements libanais », a-t-il dit. « Que ce soit ou non la Syrie qui a commandité l?attentat, Damas est désormais dans le collimateur de la communauté internationale », analyse Michael Young dans un éditorial du journal libanais anglophone The Daily Star. Damas et Beyrouth soutiennent que l?attentat vise « la stabilité du Liban » dont la Syrie s?est jusque-là portée garante. La presse arabe, notamment celle du Golfe, semble partagée, certains journaux évoquant un possible rôle de la Syrie dans l?attentat, alors que d?autres désignent Israël comme celui à qui profite le crime. Interrogé sur la chaîne de télévision privée ANB, Abdel Bari Atouan, rédacteur en chef du journal Al Qods Al Arabi, basé à Londres, l?attentat atteste de l?internationalisation rampante de la crise libanaise. « En réclamant une enquête internationale, le président français Jacques Chirac a exprimé sa défiance vis-à-vis du pouvoir libanais, qui n?est de ce fait plus légitime à ses yeux », a-t-il estimé. « Si la Syrie est incapable de préserver la sécurité (...) elle doit quitter le Liban immédiatement », écrit le quotidien koweïtien Al Watan dans un éditorial. « On ne peut pas dissocier cet acte terroriste des développements critiques dans la région et dans lesquels Israël joue un rôle primordial », estime, pour sa part, le quotidien qatari Al Raya.« Il faut ouvrir une enquête impartiale et honnête et annoncer sans délais les résultats », estime, pour sa part, le politologue syrien Michel Kilo qui ajoute que Damas devrait « faire des efforts pour rejeter les accusations » qui sont portées contre lui. « Ouvrir une enquête internationale est la première chose à faire, et c?est dans l?intérêt de tous », a estimé, de son côté, un diplomate occidental en poste à Damas, cité par l?AFP. Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, a insisté hier à Riyad sur la nécessaire dimension « internationale » d?une enquête sur l?attentat. « Nous parlons d?une enquête internationale, qui s?appuiera naturellement, comme l?a dit son altesse royale, sur la justice et les moyens de la justice libanaise aussi, parce que nous voulons savoir la vérité », a déclaré M. Barnier lors d?un point de presse avec son homologue saoudien, le prince Saoud Al Fayçal, à l?issue de leur entretien. « Tout le monde a droit à la vérité sur cet attentat, d?abord le peuple libanais et puis toute la communauté internationale », a fait valoir le ministre français en Arabie Saoudite. « Nous attendons que cette enquête puisse être effectuée rapidement, qu?on dégage les responsabilités d?où qu?elles viennent », a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie saoudienne s?est montré plus circonspect sur cette dimension internationale, en soulignant que « le peuple libanais sera le meilleur protecteur pour garantir l?honnêteté de cette enquête, surtout si elle se fait dans la transparence ». « Le Liban est un pays indépendant, la justice est indépendante et nous allons attendre le verdict », a poursuivi Saoud Al Fayçal. De son côté, M. Barnier a précisé qu?il faisait confiance à l?Onu en la matière. « Si nous évoquons une enquête internationale, c?est avec le secrétaire général des Nations unies (Kofi Annan) que nous en parlons. C?est l?objet de discussions que nous avons avec lui en ce moment », a-t-il affirmé.



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