Algérie - Herboristes, phytothérapie


Le henné
Certains disent que c'est un arbre du paradis, d'autres prétendent que c'est de la terre du paradis («El-Henna trab el-djenna»). Toutefois, le henné est un arbrisseau qui peut devenir arbre après des années, en atteignant un peu plus d'un mètre de hauteur ; ses feuilles sont petites et vertes, il est garni de fleurs blanches et son bois est blanc. Il pousse généralement sur les terres pré sahariennes et sahariennes.
L'usage du henné est très ancien et était apprécié pour ses bienfaits thérapeutiques. En effet, cette plante était recommandée par les herboristes, comme médicament, contre les irritations de la bouche des enfants en applications, sur les zones atteintes, d'une pâte obtenue en mélangeant du henné réduit en poudre et du beurre pur. Cette même plante était indiquée pour les abcès, dont elle apaise la douleur et cicatrice la peau. Les feuilles de henné, macérées dans de l'eau douce, sont supposées guérir le début de la lèpre tuberculeuse. Nos grands-mères, conscientes des bienfaits du henné, le recommandaient aussi en infusion contre la jaunisse. Elles savaient que la pâte de henné salée soulage les douleurs aux pieds et en guérit les gerçures. Aujourd'hui encore, les plus jeunes s'en servent comme soin capillaire car, mélangé au funigrec (el-halba), il est reconnu pour son efficacité contre la chute des cheveux.

Parallèlement à son côté thérapeutique, cette plante traditionnelle était très utilisée en soins de beauté. Comme teinture naturelle, par exemple, les vieilles femmes couvraient leurs cheveux blancs de henné qui leur donnait une couleur tirant sur le roux. A une certaine époque, les femmes d'Alger, désireuses de suivre la mode dont les tendances étaient d'avoir une peau blanche et des cheveux noirs, se teignaient la chevelure en noir si elles étaient blondes ; quant aux brunes, elles se mettaient du henné dans les cheveux afin de leur donner des reflets et adoucir ainsi leur regard. Les femmes s'enduisaient aussi les mains et les pieds de henné en s'ingéniant à y tracer, avec art et délicatesse, des formes géométriques compliquées, parfois, mais très agréables à admirer.

N'oublions par le côté mystique de cette fameuse plante qui fut longtemps réputée pour d'autres vertus, à savoir éloigner les forces du mal. A chaque fête religieuse d'«Aouachir», les femmes préparaient un mélange de henné et de lait, qu'elles déversaient dans les bouches d'évacuation pour se protéger du mauvais sort et des «djenoun». Le henné constituait aussi un ingrédient de base pour les fumigations que l'on pratiquait, par exemple, lors du jeu de la «Boqala» (jeu de devinettes), ou quand on désirait marier une jeune fille. Dans ce cas, toutefois, le henné avait un caractère un peu spécial car il était récupéré des mains du nouveau-né, dont on fêtait la cérémonie du Septième jour.
Au-delà de ces croyances, qui vont jusqu'à en faire le signe d'un bon présage dans les rêves, le henné est un rituel car il fait partie des traditions.

A la veille de chaque fête religieuse, hommes, femmes et enfants, s'enduisaient les mains de la mixture bénéfique. De même, on marquait chaque étape importante de la vie par une cérémonie donnant lieu à l'application de henné sur les mains de la personne concernée. On prenait, ainsi, exemple sur le Prophète Mohamed – que le Salut soit sur Lui – qui, lors du septième jour de la naissance de ses enfants, teignait les mains de ceux-ci de henné. Nos grands-parents invitaient la Kabla (sage-femme) à faire de même avec leur progéniture. A la veille de la cérémonie de la circoncision des garçons, le henné est appliqué en signe de purification («tahara»).

De la même manière, quand on s'apprêtait à donner une jeune fille en mariage, on fêtait l'événement par deux cérémonies. La première porte le nom de «El henna seghira» (petite cérémonie de henné) et était considérée comme un symbole de «réservation» et de promesse. En effet, quand une famille demandait la main d'une jeune fille et que celle-ci donnait son consentement, elle marquait les mains de la promise de henné signifiant, par ce geste, qu'elle était désormais destinée à son fils ; de ce fait, la jeune fille ne devait plus être courtisée. Il paraît que cet acte revêtait une importance telle que, si un membre du couple ainsi formé mourait avant la «fetha» (mariage religieux), l'autre était en droit d'hériter, car le «kadhi» le reconnaissait.


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