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Le gouvernement a-t-il les moyens de sa politique '



Les responsables locaux, présents en force au Palais des nations, sont sous une double pression : les instructions de l'Exécutif qui les oblige à des résultats, immédiats pour certains chantiers, et les attentes des populations qui, après ce conclave, demanderont certainement à recevoir leur part du développement.Durant deux jours, dimanche et lundi derniers, le gouvernement a mis les gros moyens pour organiser une kermesse dont l'objectif était de définir les modalités pratiques de la mise en ?uvre de son plan d'action et d'instruire ses démembrements locaux de s'en charger. Dans son discours, l'Exécutif s'est engagé à voler au secours des régions déshéritées et des zones enclavées. Mais l'Etat a-t-il les moyens de sa politique '
La question se pose car, même si le constat fait des disparités régionales peut être partagées, l'applicabilité des solutions recommandées n'est pas évidente. Les responsables locaux, présents en force au Palais des nations, sont sous une double pression : les instructions de l'Exécutif qui les oblige à des résultats, immédiats pour certains chantiers, et les attentes des populations qui, après ce conclave, demanderont certainement à recevoir leur part du développement.
Et les attentes des citoyens sont synonymes de colères à retardement. Mais ce sont plus les tares du système qui risquent de handicaper la mise en pratique des recommandations de la rencontre gouvernement-walis.
Avec la faiblesse des prérogatives des élus locaux, l'obsolescence de la législation qui réglemente le fonctionnement des collectivités territoriales et la persistance du système politique lui-même, les plus lucides des dirigeants savent qu'il n'y a pas grand-chose à faire. D'autant plus que durant le long règne d'Abdelaziz Bouteflika, des rencontres similaires ont eu lieu.
Et à chaque fois, des recommandations, également similaires à celles dont vient d'accoucher le conclave de Club-des-Pins, ont été formulées, des rallonges budgétaires ont été accordées aux communes et aux wilayas, sans résultats probants. Des régions entières sont restées enclavées, des milliers d'Algériens sont toujours mal logés et des centaines de jeunes enfants, notamment des filles, quittent l'école précocement à cause de l'éloignement des établissements et du manque ou de l'inexistance du transport scolaire.
La bureaucratie, l'autre écueil
S'il est vrai que les recommandations formulées par les ateliers mis en place lors de ces travaux ont évoqué des pistes de solutions qui peuvent aller dans le bon sens, leur concrétisation sur le terrain laisse sceptiques les plus optimistes. Il est, en effet, difficile de croire que ce qui n'a pas été fait en 50 ans puisse être réalisé en une année, soit l'échéance que le chef de l'Etat a fixée aux responsables locaux pour remédier à la situation de sous-développement dans les régions.
Des projets, parfois plus ambitieux, s'embourbent durant de longs mois dans des démarches administratives qui dissuadent toutes les volontés. À cause, notamment, des lenteurs administratives et de la réglementation actuelle, nombre de wilayas ne parviennent même pas à consommer 10% du budget qui leur est alloué.
D'ailleurs, dans les travées du Palais des nations et du CIC, certains responsables locaux, qui se sont exprimés en off, n'ont pas caché leurs appréhensions quant à la traduction concrète des projections gouvernementales, encore moins dans les délais qui leur sont impartis. Et s'ils se montrent sceptiques, ils ne peuvent qu'avoir raison car ils connaissent mieux que quiconque les difficultés qu'il y a à bien conduire des politiques de développement dans un environnement bureaucratique pesant et une réglementation qui demande à être revue de fond en comble.
Cela sans parler de la ressource financière qu'il sera difficile de mobiliser en cette conjoncture de récession des recettes générées par la vente des hydrocarbures. Même si le gouvernement parvient à réaliser quelques petits projets de proximité, les problèmes que vivent les zones enclavées ne seront pas réglés de sitôt.
Rien que pour réviser la réglementation qui régit les collectivités locales, il faudra du temps et de la volonté politique. Or, le discours des autorités actuelles ne fait aucunement référence à une volonté de bousculer l'ordre établi. Le maintien de l'architecture institutionnelle et de la logique qui fait du wali le vrai "roi" des collectivités locales est la logique qui prédomine. Les élus du peuple, eux, continueront à avoir les seconds rôles.

Ali BOUKHLEF
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