Algérie - A la une

Le glaive et la balance



Le glaive et la balance
«La justice est une illusion.» Bernard WerberLes citoyens n'ont pas tous la même idée de la justice: certains lui font une confiance aveugle alors que d'autres accomplissant un grand détour pour ne pas voir l'immeuble austère où sont débattues les affaires qui divisent les associés, les voisins et même les frères...Pourtant, l'homme a tout sur terre pour être heureux, mais il passe le plus clair de son temps à chercher le bonheur par tous les moyens et souvent, il ne le trouve pas. Il considère cela comme cruellement injuste. Alors, ce n'est pas par hasard si Franz Kafka a écrit un important roman pour décrire l'absurdité du monde que l'homme a créé pour s'y empêtrer ensuite...Tout le monde se souvient de l'allégorie représentant la justice: une superbe femme avec un bandeau sur les yeux, tenant d'une main la balance de l'impartialité et de la juste sentence et de l'autre, le glaive brandi pour réparer le préjudice causé...Cette image d'Epinal est loin, hélas, de refléter la réalité et c'est pourquoi les caricaturistes la représentent quelquefois borgne, avec une balance dont les plateaux sont déséquilibrés ou bien avec deux poids, deux mesures, caressante avec le riche et sévère avec le pauvre. La réalité n'est pas si simple et les jugements à la façon de Salomon sont tellement rares dans l'histoire de l'humanité que les jugements de l'Antiquité sont toujours cités comme des exemples de sagesse...Il faut dire que l'homme a des rapports si complexes avec ses semblables que la nécessité de les codifier s'est faite impérieuse dès les premiers balbutiements de l'humanité, car l'homme est avant tout un animal social. Mais, hélas, les codes étant humains tout comme leur lecture donne lieu à diverses interprétations, il y a souvent des malentendus qui naissent...Et ce sont ces malentendus qui créent des conflits entre les individus d'une même société...Pour résoudre ces conflits et aplanir les difficultés que peut causer leur accumulation, l'homme a créé la justice: c'est d'abord le patriarche qui la rend d'une manière irrévocable car les membres de sa tribu sont tous considérés comme ses propres enfants, puis, avec les naissances des nations, viennent la complexité et la multiplication des conflits. L'homme a alors créé une formidable machine qu'on appelle la justice avec toujours beaucoup de juges, beaucoup de greffiers, des procureurs et des avocats pour guider les justiciables dans le dédale des textes de lois, de règlements et de procédures que seuls les professionnels de la justice semblent maîtriser. Mais, voilà, les justices ne sont pas les mêmes d'un pays à un autre et elles varient selon la culture, le développement et l'état de la démocratie. Elles varient surtout selon le rang social, la fortune, les circonstances ou le climat politique qui prévaut dans le pays où le procès se tient. Que de différences criantes dans le traitement des cas quand un pauvre se présente devant la cour sans avocat, alors que dans les affaires de détournements de gros sous, ce sont des centaines de robes noires à manches d'hermine qui sont mobilisées! Hormis ces différences de fortune ou de rang, il y a cependant une autre différence qui est criante, c'est celle de la race ou de l'origine. Ainsi, dans les pays où le racisme existe ou a existé, la justice sera plus indulgente pour l'homme à la peau claire que pour l'homme de couleur, dans les pays sexistes le juge sera plus sévère envers la femme qu'envers l'homme...Un étranger n'aura jamais raison contre un sujet national si les associations des droits de l'homme ne s'y mêlent pas...L'émigré qui a un statut inférieur à celui de l'étranger, aura toutes les peines du monde à faire entendre sa voix dans le tumulte de la xénophobie ou dans une ambiance de chasse au faciès ou de lynchage. Il a fallu tout le talent de Jacques Vergès pour démontrer les négligences, les dérapages et les défaillances de la démocratie dans le pays de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité: «L'affaire Omar Raddad est un autre affaire Dreyfus» avait déclaré le célèbre avocat. Une Américaine vient d'être libérée après 35 années de prison: on l'avait condamnée pour un crime qu'elle n'avait pas commis. Et c'est l'opiniâtreté de ses amis qui lui a valu cette libération après de longues années de procédures...




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)