Algérie - A la une

Le geste fort d'Aït Menguellet en faveur des détenus d'opinion


Ciseleur de mots, à la poésie d'une rare beauté, Lounis Aït Menguellet, sans doute l'un de nos plus célèbres poètes-chanteurs, n'a pas dérogé à sa réputation d'éveilleur de consciences et de défenseur impénitent des causes justes.À l'instar de nombreux artistes sous d'autres latitudes, contraint lui aussi dans cette conjoncture de crise sanitaire au confinement dans sa Kabylie natale, Lounis Aït Menguellet, dans une démarche autant de sensibilisation que de communion avec ses milliers de fans, a publié des vidéos sur sa page facebook dans lesquelles il invite la population à observer les règles de prévention, mais aussi en appelant à la libération des détenus d'opinion.
"Le coronavirus nous a contraints au confinement, nous devons faire attention. Et chacun sait ce qu'il doit faire, je n'ai point besoin de vous le rappeler : à travers cette chanson, c'est une façon de nous retrouver. Et si ça vous plaît, on renouvellera l'expérience tant qu'on est confinés ; je n'oublierais pas d'évoquer les détenus d'opinion.
Je souhaite qu'ils retrouvent la liberté et que ceux qui les ont emprisonnés se plient à la raison", a lancé Aït Menguellet dans une première vidéo en interprétant un de ses vieux tubes, Anfiyi Kan (Laisse-moi), une chanson qui évoque les infortunés et les laissés-pour-compte. "À chaque fois qu'un malheur survient, il s'abat sur les malchanceux", dit sommairement la chanson.
Dans une seconde vidéo, Aït Menguellet reprend même une chanson de son riche répertoire, composée au début des années 1980, dans la foulée du printemps berbère, avec son lot de détenus, qu'il dédie aux détenus d'opinions, injustement incarcérés, qui croupissent aujourd'hui dans les prisons et dont on peut dire qu'elle fut prémonitoire en ce qu'elle décrit la situation de l'Algérie et son rappel du serment des ancêtres : le refus de la "servitude".
"L'endroit (l'Algérie, ndlr) devint une prison ornée de fer dont les portes se refermèrent sur nous. À nos appels, nos geôliers disaient lorsqu'ils répondaient : «Taisez-vous tant que nous sommes là !». Que je vous conte une histoire, lorsque se pose une lame sur la gorge, la vérité osera-t-elle franchir les lèvres '
Que je vous conte une histoire sur celui qui s'est sacrifié sans que nul ne demande pourquoi. Ils nous ont trahi ceux en qui nous croyions hier. Depuis toujours, nous fûmes avertis contre toute vie de servitude pour que le dernier puisse se venger. Tout ce qu'ils nous ont raconté et le chemin qu'ils nous ont indiqué, qui sait vers où cela nous mènera '
Ils se sont réunis et pris une décision sur nos têtes et ont tranché : ils sont omniscients et nous ignorants (?)", chante le poète qui, il y a quelques semaines, s'était déjà distingué à Paris en arborant lors d'un concert l'emblème amazigh en guise de soutien aux détenus. "Avec ce qui se passe, le droit est absent. Chacun avec les moyens dont il peut, on doit être avec eux, ils doivent être libérés", plaide-t-il. De quoi les réconforter en ces moments difficiles. Mais aussi d'entretenir la flamme de la mobilisation.

Karim K.


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