Le froid et l?absolu
Même si l?Algérie s?est couverte de neige et ses habitants de gros manteaux, il est au regret d?annoncer que le froid n?existe pas puisque la science a bien montré qu?un objet ne peut être qualifié de froid mais simplement de plus froid ou de plus chaud qu?un autre. Si cette vision ne réchauffe évidemment pas, il faut noter que les physiciens ont depuis longtemps jeté les bases de la thermodynamique statistique en expliquant que la chaleur contenue dans un objet n?est que l?énergie d?agitation désordonnée des molécules de cet objet : plus il est chaud, plus ses molécules s?agitent ; moins elles bougent, plus il est froid. Ce que n?avaient pas prévu ces physiciens, c?est que quand le gaz butane vient à manquer, le froid conduit à un phénomène inverse, l?agitation des citoyens qui revendiquent un peu de chaleur de la part de leurs dirigeants. Ce qu?a prévu par contre le gouvernement est d?emprisonner les manifestants tout en criant à la manipulation, laissant bien évidemment les manipulateurs chez eux, au chaud. Dans cette lutte au dénouement incertain entre l?explication politique d?un phénomène et sa compréhension scientifique, il ne subsistera finalement qu?un fait absolu : il est absurde qu?un des premiers producteurs de gaz au monde n?en n?ait pas pour ses citoyens. Pourtant, si Ahmed Ouyahia reste un gaz de ville au sens thermodynamique, ce qui explique son embonpoint et sa stabilité professionnelle, il sait empiriquement que « la façon la plus simple de refroidir un corps est de le mettre en contact avec un corps plus froid ». Mettre au contact un manifestant avec un policier antiémeute le refroidit, le mettre au contact avec un juge le refroidit encore plus. Le problème est que quand la chaleur reviendra, les manifestants congelés en prison vont fondre. Il faudra alors craindre le dégel des injustices et les torrents de ranc?ur.
Posté Le : 29/01/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com